
Habitans
indigènes
actuels.
Indiens
des bords
du Macahé.
Indiens
de Cabo-Frio,
Campos, &c
Indiens voisins
de
Mangaratiba.
village d’anciens Goytacazes. Il a une église assez grande et plusieurs
rues ; mais les maisons ne consistent qu’en des huttes en terre ; les
habitans, ainsi que ceux des cases disséminées dans les environs, ont
pour chef immédiat un capitao mor [ capitaine major ] de leur nation,
qui ne porte aucun signe distinctif. A l’exception des ecclésiastiques, on
ne trouve là que peu de Portugais.
La physionomie de ces Indiens, leurs meubles et leurs ustensiles, sont
les mêmes que ceux des habitans de San-Lorenzo. Comme ces derniers
aussi, ils préfèrent la langue portugaise à leur ancien idiome, qu’ils ne
savent, même plus qu’imparfaitement. Ils regardent avec un souverain
mépris-.ceux de leurs compatriotes qui vivent encore à l’état sauvage ,
et leur donnent le nom de tapuyas, barbares. On retrouve à San-Pedro
dos Indios un grand nombre de coutumes des habitans primitifs de ces
contrées; comme eux il font du caouin, et emploient les mêmes procédés
pour préparer le manioc, &c. Iis imitent d’une manière grossière les
danses que les Portugais leur ont apprises , et s’accompagnent de la
guitare. La paresse est leur défaut capital.
Quoique ces Indiens fassent profession de la religion chrétienne, la
plupart ne vont que rarement à l’église et seulement par respect humain.
Superstitieux et ignorans à l’excès, ils défigurent par une foule de préjugés
et de pratiques absurdes la croyance qu’on leur a inculquée (1). -
On dit qu’il existe près de la source de la rivière Macahé une ou
deux aidées d’anciens Garuihos; nous n’avons rien recueilli de précis
à ce sujet; nous ignorons même s’il se rencontre encore sur ce point
d’autres habitans de race primitive.
Le bourg de Cabo-Frio, qui fut, dans le principe, une aidée de Tupi-
nambas et de Tamoyos, San-Salvador dos Campos , dont la population
première se composa de Goytacazes, et l’aidée d’indiens Garuihos de
Sant-Antonio, n’en contiennent plus aujourd’hui.
Eschewege parle (2) d’une aidée d’indiens, voisine du bourg de Mangaratiba,
qui contient environ trois cents habitans. Un capitaS mor en est
le chef. Selon le même auteur, tout ce district étoit jadis habité par des
( 1 1 Ut- supra.
(2) Journal von Brazilien.
Habitans
indigènes
actuels.
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 327
sauvages (1) ; mais les Portugais les ont chassés peu à peu pour se débarrasser
de ces hôtes incommodes. La langue que parlent ces Indiens est
la portugaise ; fort peu d’entre eux se servent de leur idiome maternel.
Ils ont la taille petite, les yeux noirs, le visage large, écrasé et maigre,
les cheveux longs. Ils ont pour le travail une forte antipathie : assis
auprès du feu, sous leurs misérables cahutes, ils passent le temps dans
une oisiveté si complète, qu’à peine ont-ils le courage de se mouvoir
pour aller chercher les vivres nécessaires à leur subsistance. On a vü
cependant quelques-uns de ces Indiens, embarqués sur des navires du
roi, s’y montrer assez bons matelots.
1 11.
Indiens à demi civilisés.
San-Fideiis et Aldeia da Pedra, sur les bords du Parahyba, sont, au
rapport du prince de Wied-Neuwied (2), des aidées de Coroados et de
Coropos (3), fondées naguère par des capucins italiens. Les habitans
de ces villages sont beaucoup moins civilisés que les Indiens dont il a
été question dans le précédent paragraphe : à peine ont-ils commencé à
se défaire de leurs usages et de leur caractère sauvage. On retrouve dans
leur constitution physique les traits qui distinguoient jadis les peuplades
maritimes de cette province, ainsi que la plupart des habitudes que nous
avons décrites au chapitre VII, et sur lesquelles nous ne reviendrons pas.
Leurs cabanes, leurs armes et leurs ustensiles sont aussi les mêmes ; mais
depuis leur réunion en aidées, ces Indiens se revêtent des habillemens
que les Européens leur fournissent, et qui consistent en chemises, caleçons
et jupes de toile de coton. Ils préfèrent en général aussi le portugais
à leur langue maternelle.
Aucune industrie européenne n’a pris faveur parmi eux : leurs soins
( 1) Eschewege ne dit pas à quelle race ils appartenoient ; il est possible que ce fût aux
T upinambas.
(2) Voyez son Voyage au Brésil.
M M Par°fr à-peu-près certain que les Coroados sont les descendans des anciens Goytacazes ;
les Coropos seroient-ils le reste de la tribu des Garuihos! C’est ce qu’on n’oseroit affirmer.