
Colonie portug»
Divers établissemens, connus sous ie nom de trapiches (1), servent sur
ie bord de ia mer au débarquement et à l’emmagasinage des marchandises.
Quelques-uns ont des destinations spéciales : tels sont le trapiche de
Barros, où arrivent les cuirs de Rio-Grande, et celui d’Antonio-Leite,
où l’on dépose le sucre qui vient de l’intérieur (2) du Brésil, & c.
On compte dix fontaines dans la ville, et ce nombre suffit à peine
aux besoins des habitans. L’une d’elles, située sur le Terreiro do
Paço [Place du Palais] a la forme d’une tour, et sert particulièrement
aux vaisseaux qui veulent faire aiguade* celles das Marrecas, dans
la rue dos Barbonios; do Largo de Moura, sur le quai ; de Carioca, sur
la place de ce nom; da Gloria, do Passeio publico [du jardin public],
de Mata-Cavallos, ainsi que ia fontaine à pompe qui tire ses eaux du
seul puits qu’il y ait ici, abreuvent le quartier oriental de la ville. La
fontaine du Campo de Santa-Anna et celle da Lagoa da Sentinel/a, dont
les eaux arrivent, par des tuyaux souterrains, de la rivière ou plutôt
du ruisseau de Tijouca, servent au quartier opposé.
Aux exceptions près que nous venons de faire connoître, ces
fontaines sont alimentées par un aqueduc (3) très-beau, construit en
pierre et à grands frais, dont notre planche n.° 6 présente la perspective.
Digne des Romains par sa solidité et son importance, cet
aqueduc commence à ia montagne du Corcovado (pl. 2 ) , et se
développe, sur une longueur de près de six milles, jusqu’au centre
de la ville. « La prise d’eau, dit M. Labiche, a lieu à un ruisseau
qui, après être tombé en cascade, se réunit, dans un réservoir
pratiqué pour cet objet, au filet d’eau d’une source voisine. Là commence
une voûte de cinq à six pieds de hauteur sur environ deux
(1) Trapiche, magasin et cale ordinairement couverte où Ton débarque, à l’aide d’une grue,
ïes marchandises qui arrivent par mer. Quelquefois, comme cela a lieu au trapiche de la marine,
sur l’île das Cobras, la cale et les magasins ne sont pas réunis; mais alors ces derniers
sont dans le voisinage.
{2) A la vérité, la plupart de ces denrées de l’intérieur arrivent à dos de mulet jusqu’aux
bords de la baie de Rio de Janeiro ; mais là des barques s’en chargent et les transportent à ia
ville. Nous reviendrons sur cet objet, lorsque nous parierons du commerce particulier à ces
contrées.
(3) Avant ia construction de cet utile aqueduc, les habitans étoient obligés de se pourvoir
d’eau hors de la ville et à une assez grande distance.
pieds et demi de large, ayant des ouvertures latérales de distance en Rio de Janeiro.
r ° J Description.
distance. Cette voûte recouvre, dans presque toute sa longueur, un Co!orljeportug
canal d’environ huit pouces de large sur six de profondeur, auquel on
a ménagé une légère inclinaison, et qui vient déboucher près du couvent
de Santa-Thereza : il devient ensuite souterrain, et descend, en
passant sous ie couvent, jusqu’à un double rang d’arcades qui ie supportent
et le conduisent à un nouveau réservoir ! ou château d’eau,
voisin du couvent de Sant-Antonio. De ce point partent les tuyaux
de distribution qui vont aux différentes fontaines. »
« Le canal dans lequel coule l’eau, dit M. Quoy, est construit avec
une espèce de pierre calcaire à grains serrés, ressemblant au marhre ;
mais comme il n’y a pas de pierre de ce genre au Brésil, il a fallu
la faire venir de Lisbonne. On a craint apparemment que l’eau ne
se chargeât de particules nuisibles de granit, si l’on eût employé
cette roche : cependant avant d’arriver au dernier réservoir, l’eau a
tout le temps de contracter les propriétés malfaisantes qu’on auroit eu
en vue d’éviter. Au reste, quoiqu’on ait été tenté d’attribuer à cette
cause les coliques et les diarrhées que beaucoup d’Européens ont ressenties
en arrivant à Rio de Janeiro, je trouve que rien n’est moins
prouvé que cette opinion, puisque parmi diverses personnes de notre
équipage qui en furent atteintes , quelques-unes n’avoient encore fait
usage que de l’eau apportée d’Europe. »
Dans la partie Sud-Est de la v ille , un jardin public, petit, mais
assez bien dessiné, est encore embelli par une jolie terrasse donnant
sur ia mer.
T rois routes principales partent de la ville : elles ne sont praticables
pour les voitures que jusqu’à un petit nombre de milles de distance ;
encore, dans un aussi court intervalle, sont-elles fort mal entretenues.
Les deux plut importantes ayant leur origine au Campo de Santa-
Anna, servent aux communications avec les provinces de Minas-
Geraes et de San-Paulo. Celle qui passe au Sud du marais de San-
Diego se nomme la vieille route; l’autre, route de Cidade - Nova ou
chemin de San - Christovaô (1) : elles se réunissent au village de Mata-
(1) C ’est en effet par-là que l’on passe pour aller à la maison royale de ce nom.