
» On faisoit sécher, près de.quelques-unes des cabanes , des semences
blanches, de la grosseur d’une petite amande, ayant un goût fort agréable.
» Nous ne vîmes pas une seule femme à Bitouka; il paroît que nos
guides ne nous ayoient devancés que pour les en faire éloigner.
*> Nos matelots firent de l’eau à une petite rivière nommée Ira , qui est
très-voisine du lieu où nous avions mis pied à terre.
» Les montagnes de l’île sont élevées, mais il n’y en a point qui dominent
sur les autres d’une manière notable : leurs flancs sont fréquemment
sillonnés par des ravins plus ou moins profonds. Les basses terres
voisines du rivage ont peu d’étendue, excepté du côté de l’Est, où leur
pente est fortement adoucie. Le sol en général paroît volcanique ; les
laves et les scories que nous avons recueillies le prouvent évidemment ;
et le dessin de là planche 3 2 de notre atlas , fait reconnoître des basaltes
rangés en prismes verticaux et irréguliers. La terre ne nous a paru nulle
part cultivée, quoiqtie en plusieurs endroits la végétation se montrât fort
active : on remarquoit sur-tout, parmi les arbres, des cocotiers, lataniers,
cassiers, manguiers, et le mélaleuca à tige blanche, dont on extrait l’huile
essentielle de cajeput ou plutôt de kayoupouti [ arbre blanc],
» Les cochons et les chiens sont les seuls mammifères que nous ayons
aperçus. Les oiseaux paroi^ent être les mêmes qu’à Timor : ceux qui
frappèrent nos regards étoient des tourterelles grises, d’autres à calotte
purpurine, des pigeons ramiers, différentes espèces de corbeaux, des
oiseaux grimpeurs, &c.
» A en juger par le. grand nombre de feux qu’on distinguoit la nuit,
tant sur la côte que vers l’intérieur, l’île Ombai doit être très-peuplée.
Plusieurs villages se sont établis à l’ombre des bois, qui végètent avec
vigueur dans les parties les plus humides ; mais un grand nombre d’autres,
à notre grande surprise , ont choisi leur emplacement sur la crête des
montagnes les plus élevées, où il n’est guère concevable qu’il y ait de
l’eau douce : un des plus importans, nommé Madama, étoit perché, non
loin de Bitouka, à une hauteur considérable.
» En général, les habitans sont ici d’une taille moyenne; plusieurs sont
bien faits et fortement constitués ; d’autres ont les membres grêles, et
paroissent d’une complexión foible. Leur teint noir olivâtre offre diffé-
LIVRE II. — Du B r é s i l X T im o r i n c l u s i v e m e n t . 5 1 5
rentes nuances; l’angle facial, chez le plus grand nombre d’entre eux,
est moins ouvert que celui des habitans de Coupang ; ils ont le nez épaté
( quelques-uns cependant l’ont assez bien fait ) , les lèvres grosses, les
dents noircies et en partie détruites par l’usage du bétel, la membrane
buccale d’un rouge v if ; les cheveux noirs, longs, plats ou crépus, ordinairement
réunis en touffe à la partie postérieure' du sommet de la tête,
à l’aide d’un large ruban d’écorce de figuier : on en voit aussi qui ont
les cheveux coupés, et qui sont couronnés d’une espèce de cercle qu’ils
nomment pre'ki.
» Quelques individus avoient-des cicatrices à la poitrine, aux bras et
aux tempes; d’autres, des taches Üartreuses blanchâtres à la figure et à
diverses parties du corps ; deux étoient borgnes, et un assez grand nombre
offroient des traces non équivoques de la petite vérole.
» Le seul instrument de musique que nous ayons rencontré chez eux,
est une espèce de flûte en roseau, dont nous ne les avons point cependant
entendus jouer.
» Un des naturels nous demanda si nous étions Anglais : il avoit visité
Timor et Manille, et nous dit avoir rapporté de l’île Luçon un miroir
auquel il attachoit beaucoup de prix.
» Une remarque déjà faite à Coupang , et que j’ai eu occasion de renouveler
ici, c’est que les habitans de ces contrées répètent avec beaucoup
d’exactitude et de facilité les mots français qu’ils entendent prononcer.
» Nous ne restâmes à Ombai qu’environ quatre heures : un coup de
canon tiré par la corvette fut le signal convenu qui nous rappela à bord ;
nous y arrivâmes le soir à. onze heures. Parmi les curiosités que nous
rapportâmes, nous citerons un vase en poterie grossière, dont les naturels
se servent pour fabriquer le sel par l’ébuilition de l’eau de mer, et
une arbalète que nous vîmes entre les mains d’un jeune Ombayen, pareille
à celles qui servent aux jeux des enfans dans plusieurs provinces
de France. »
Notes
sur Ombai.