
ment. A peine les Hollandais et les Anglais commencèrent-ils à se montrer
dans lés Indes avec le simple caractère de commerçans, et quoiqu’ils
commissent de temps à autre quelques actes de piraterie, que les naturels
coururent au-devant d’eux, et leur offrirent leurs denrées.
Mais, après un petit nombre d’années, et aussitôt que les nouveaux
venus'eurent supplanté leurs devanciers, ils dépouillèrent cette feinte
modération qu’ils avoient affichée, et entrèrent eux- mêmes dans un système
d’exactions et de mesures vexatoires qui continua toujours à marquer
les progrès de leur puissance (1).
La situation politique et commerciale de Timor, antérieurement à
cette lutte, ne nous est qu’imparfaitement connue (2) : on sait cependant
que cette île étoit depuis long-temps exploitée par les Portugais, qui déjà,
en 15 2 5 , en retiroient une assez grande quantité de bois de sandal, et
qui la tinrent toujours depuis sous leur dépendance. Toutefois le chef-lieu
du gouvernement colonial n’étoit pas à Timor, mais sur l’île Floris, dont
celle de Solor dépendoit. Lorsque, au commencement du xvn.e siècle,
les Hollandais cherchèrent à s’emparer des établissemens du Portugal, la
colonie de Solor ne fut point oubliée, et Vaientyn (3) nous fournit, à
cet égard quelques détails, dont1 nous allons reproduire la substance.
Une division de bâtimens de guerre, aux ordres du capitaine Apo-
lonius Schot, parut, le 17 janvier 16 13 , devant le fort portugais de
Floris (4 ), le bombarda, ruina une batterie, et mit le feu à une partie
des maisons de la ville. Sur ces entrefaites, les assiégés envoyèrent à
(1) Çrawf. op. cit. t. III.
(2) On m’a assuré, pendant mon séjour à Dillé, qu’Àmbéno étoit un des premiers royaumes de
Timor où les Portugais eussent pénétré, lorsqu’ils en commencèrent la conquête spirituelle.
( Voy. pl. 15 , par 1220 5' de Iongit. )
(3) Vaientyn, Beschryvinge van Amboina ¿7c.
(4) II y a ici une grande confusion de noms dans «fauteur qui nous fournit ces détails.
Solor est par lui sans cesse confondu avec Floris, île que l’on appeloit aussi alors la Grande-
Solor, pour la distinguer de Solor proprement dite, ou, comme on disoit à cette époque,
de la Vieille-Solor. J ’ai eu beaucoup de peine à comprendre sous ce rapport la relation de
Vaientyn, et je n’ai pu m’y reconnoître, à quelques égards, que parce qu’il cite Larentouka
au nombre des places capturées à Solor, tandis que nous savons parfaitement, par le récit du
capitaine Dampier, que la ville de Larentouka appartient à l’île Floris, qui est la même chose
qu’Ende. ( Voyez a Voyage to New-HoIIand, & c ., in the year 1699, by capt. William Dampier,
t. I I I , part. 2. )
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 5251
Timor, pour prévenir du péril où ils se trouvoient, et demander du
secours; mais les croisières ennemies en empêchèrent l’arrivée; en sorte
qu’après une vigoureuse résistance, et voyant que les Hollandais avoient
reçu un nouveau renfort de vaisseaux, le fort portugais fut obligé de se
rendre, le 20 avril,
Maître, par cette victoire , de la partie portugaise de Floris et de l’île
Solor qui l’avoisine, le capitaine Schot alla sur la côte de Timor. Le
14 juin, il aborda à la ville de Ména ( 1) , appartenant à l’un des plus
puissans ,rois du pays : là , il chargea son vaisseau de bois de sandal ; et
ayant fait des traités avec plusieurs rois de l’île , il obtint la permission de
bâtir un fort à Ména et un autre à Coupang, où il laissa à son départ une
suffisante quantité de soldats. En 1 6 1 6 , les Hollandais jugèrent à propos
d’abandonner les places qu’ils occupoient à Floris et à Timor; ce ne
fut que trois ans après, que, s’étant ravisés, ils y envoyèrent de nouveau
quelques personnes pour y diriger les affaires de leur commerce.
Le Hollandais Johan d’Hornay remplissait, en 16 2 7 , les fonctions de
gouverneur à Solor ; mais on parvint à découvrir que, par suite d’intelligences
dont on ne fait pas connoître la source, if étoit résolu à livrer aux
Portugais le fort qu’il commandoit. Des mesures avoient été prises pour
l’arrêter, lorsque, prévenu à temps, il se sauva chez ceux par qui on
l’accusoit de s’être laissé corrompre -, et qui l’accueillirent parfaitement
bien : son fils Antonio d’Hornay fut, peu de temps après, nommé commandant
de Larentouka, chef-lieu de leurs établissemens à Floris et de tout
le territoire qu’ils possédoient à Timor. Plus tard même, la maison
d’Hornay devint souveraine d’un royaume de cette île.
Les choses restèrent en cet état jusqu’en 1 64 o , époque où les Portugais
semblèrent reprends quelque avantage dans les Indes, par l’avénement du
duc de Bragance au frône de Portugal, qui amena la séparation naturelle
des colonies portugaises et espagnoles : mais cette lueur dura peu.
Dans cette même année, les habitans de Macassar se révoltèrent contre
les Portugais, quiétoient les maîtres de cette place. Le roi de Tolo, nommé
Karrilikio, de la secte de Mafade ( 2 ), vassal des Portugais, mais leur
( 1) Voyez pl. 15 , par 1220 2 1 ' de longitude.
(2) Je n’ai pu savoir précisément ce qu’il falloit entendre par cette secte de Mafade, dont