
Colonie portug.
les habituèrent à des réclamations continuelles, et leur firent bientôt
perdre ainsi cette docilité sans bornes qui les avoit jusqu’alors distinguées
, et qui souvent leur assura la victoire. Des officiers portugais fort
instruits m’ont témoigné combien ils éprouvoient de regrets de voir ce
relâchement propagé par les hommes qui avoient servi à cette époque.
Arsenal de l’arme'e. —' L ’arsenal de l’armée est placé sous la direction
d’un officier général, qui est en même temps président du conseil chargé de
l’inspection des magasins royaux d’artillerie et de la fabrique des poudres ;
les autres membres de ce conseil sont un intendant, trois adjoints, un
secrétaire, &c.
Fortifications. — «La forteresse la plus importante, ditM. Lamarche,
est celle de Santa-Cruz, que l’on découvre à droite en entrant dans la
baie. Elle a la forme d’un fer à cheval ; la partie circulaire qui fait
face à l’Ouest présente deux batteries échelonnées. La première, qu’on
pourroit regarder comme une sorte d’enveloppe, a dix embrasures et se
termine par deux espèces de bastions, d’un étage un peu plus élevé ;
chacun de ceux-ci a quatre embrasures, mais celui du Sud est le seul qui
soit armé. La seconde batterie n’est défendue que par un parapet au-
dessus duquel on peut apercevoir la volée de treize canons de 18 ou de 24 :
un troisième parapet domine cette batterie, de la même manière que celle-
ci domine la première; mais orfn’y voit aucune bouche à feu. Sur le côté
Sud du fer à cheval dont nous venons de parier, et sur le prolongement
du troisième parapet, treize autres canons se montrent encore. Le côté
du Nord diffère de celui du Sud. L’enveloppe seule, ou la batterie extérieure
, se prolonge jusqu’à la. saignée qui a été faite dans l ’Est du fort
pour l’isoler du continent : sept à huit canons défendent cette partie
de la forteresse.
» Santa-Cruz est dominé par une montagne conique qui tient elle-
même à une hauteur plus élevée. La crête de la première et la gorge qui
la sépare de la seconde étoient fortifiées autrefois. Maintenant on n’y
voit plus que les ruines des anciennes fortifications et quelques pièces
d’artillerie enfouies dans les décombres. Ainsi qu’on vient de le dire ,
le fort de Santa-Cruz est séparé du continent par une tranchée faite dans
le roç vif, mais pas assez profonde pour que l’eau de la mer extérieure
LIVRE I.er — D e F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 3 2 1
communique par-là avec celle de la rade. Ce fort est, au reste, d’une construction
vicieuse ; les canonniers de la deuxième batterie sont exposés au
feu direct des vaisseaux qui voudraient forcer l’entrée de la rade, et ceux
de la première le sont au ricochet des boulets qui frapperoient contre le
mur de celle-là. De plus si l’ennemi s'emparait des hauteurs voisines, le
fort Santa-Cruz seroit promptement obligé de se rendre. Sur beaucoup
de points ses murs sont lézardés.
» En tout, cette forteresse ne contient pas quatre-vingt-dix pièces de
canon, et, dans ce nombre, dix-sept seulement sont montées sur des affûts ;
les autres sont tout simplement placées sur des potences : on assure
même qu’une partie des boulets ne sont pas de calibre. La garnison permanente
du fort ne s’élève pas au-delà de cent soixante hommes, la
plupart éloignés de leurs corps pour inconduite, et quelques artilleurs :
les régimens de ligne casernes à Rio de Janeiro y entretiennent des dé-
tachemens qui sont relevés chaque mois. On s’occupoit, en 1818 , à
faire de nouvelles batteries dans ce fort.
j » L’île Lage que l’on trouve immédiatement sur la gauche après avoir
depasse Santa-Cruz, présente un fort hexagonal dont chacune des faces
a six embrasures ; mais celles de ces laces depuis le Sud-Est jusqu’au
Sud-Ouest par le Sud sont les seules qui soient armées. Cette île n’étoit
pas fortifiée à l’époque où du Guay-Trouin s’empara de Rio de Janeiro.
En 18 1 8 , elle paroissoit contenir de vingt à trente pièces de canon.
» Dans le Sud-Ouest de ce fort , sur le continent, on en voit encore
trois autres dont les feux se croisent avec ceux de Santa-Cruz. Le premier
ou le plus extérieur, construit dans la gorge qui sépare le Pain de Sucre
[ Pa6 de Assucar ] d’une colline plus au Nord, est appelé fort San-Joaô;
il est armé de dix-huit bouches à feu, dont quatorze sont dirigées vers le
Sud-Est et quatre au Sud-Ouest et à l’Ouest-Sud-Ouest. Le fort voisin ,
nomme San-José, bâti sur le revers d’une colline, paroît être fort négligé.
Celui de San-Theodozio, construit à la pointe Nord-Est de la même
colline, est le plus intérieur : il a deux batteries échelonnées, dont l’une
est munie de sept canons et l’autre de cinq.
» On peut reprocher à ces ouvrages les mêmes défauts qu’à ceux de
Santa-Cruz; les canonniers ne sont nulle part à l’abri. Ainsi cette partie
Voyage de VUranie. — Historique.
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