
des mesures précises, si, dans la période diurne barométrique dont nous
pariions tout-à-i’heure, les heures des màxima et des minima entre les tropiques,
sont les mêmes en toutes saisons et dans tous les lieux ; on pouvoit
encore se demander si l’oscillation du mercure dans le tube du baromètre
a par-tout la même étendue, et, dans ce cas , quelle en est exactement
la valeur. Plusieurs physiciens ont supposé que la pression moyenne
de l’atmosphère est sensiblement moindre à l’équateur que dans nos climats.
On peut d’abord s’étonner que cette opinion puisse faire encore
l’objet d’un doute : mais si l’on remarque combien les baromètres se dérangent
facilement; combien il est rare d’en trouver deux qui présentent
un accord parfait, soit à raison de la position défectueuse des zéros des
échelles, soit à cause que les artistes ne tiennent pas ordinairement compte
des effets de la capillarité, soit enfin, le plus souvent, parce que ces instrumens
ne sont pas également bien purgés d’air, on concevra aisément
que les occasions se soient rarement présentées de comparer les hauteurs
moyennes du baromètre sous les tropiques et en Europe, de manière à
ne pas craindre, par exemple, dans Je résultat, une erreur d’un demi-
millimètre.
Pour assurer que ces questions, et d’autres dont nous nous abstenons
de faire ici l’énumération, trouveront des solutions complètes dans lés
observations que M. de Freycinet nous rapporte, il faudroit les avoir entièrement
discutées : toutefois l’examen qu’en a fait la Commission lui
permet d’annoncer dès-à-présent quelles seront très-utiles à la science.
Ce qui précède se rapporte aux observations faites à terre. Les journaux
nautiques de l’expédition nous ont offert, pour toute la durée du voyage,
des observations du thermomètre et de l’hygromètre faites d’heure en
heure, tant de jour que de nuit ; des observations du baromètre à tous
les intervalles de deux heures; comme aussi douze observations journalières
de la température de la mer, correspondantes aux mêmes époques.
Une telle masse d’observations seroit, en toute circonstance, une importante
acquisition; mais nous pouvons ajouter que le travail de M. de
Freycinet et de ses collaborateurs est au moins tout aussi remarquable
par son exactitude que par son étendue.
Le mémoire fort intéressant du docteur Marcet, qui a été inséré dans
l’un des derniers volumes des Transactions philosophiques, tendroit à faire
croire que la salure des eaux de l’Océan est plus considérable au Sud de
l’équateur que dans l’hémisphère boréal ; cette conséquence résulteroit
aussi des nombreuses observations faites par Bayly pendant le troisième
voyage de Cook, tandis qu’on déduit tout le contraire des pesanteurs
spécifiques déterminées par M. John Davy, dans sa traversée de Londres
à Ceylan. La question avoit donc besoin d’un nouvel examen. M. de
Freycinet a remis, ces jours derniers, à l’un de vos commissaires, cinquante
cinq flacons d’eau de mer, recueillie dans différens parages au
Nord et au Midi de l’équateur ; ces flacons sont encore parfaitement bien
bouchés, et tout fait espérer qu’ils procureront à la science quelques déterminations
nouvelles et intéressantes.
C’est peut-être ici le lieu de parler des effets de l’alambic que l’expédition
avoit emporté pour se procurer de l’eau douce par la distillation de
l’eau de mer. M. de Freycinet n’a eu besoin de cet appareil que sur la
côte occidentale de la Nouvelle - Hollande, dans la baie des Chiens-
Marins , où l’on ne trouve pas d’aiguade. La distillation a été faite en
partie à bord, et en partie sur le rivage; elle a duré neuf jours : chaque
opération étoit de douze heures. L ’équipage, composé de cent vingt
hommes, n’a bu pendant un mois que de l’eau fournie par l’alambic :
personne ne s’est plaint et n’a été incommodé. A la table du commandant,
on en a bu pendant trois mois consécutifs, sans le moindre inconvénient.
M. de- Freycinet ajoute même qu’à Timor, il a préféré l’eau de mer distillée
à celle qu’il avoit prise à terre. On voit, d’après cette intéressante
expérience, combien il seroit à desirer que les physiciens et les constructeurs
s’occupassent des meilleurs moyens d’installer des alambics à
bord des bâtimens.
Histoire naturelle.
ZOOLOGI E .
Les détails dans lesquels nous allons maintenant entrer prouveront que
le voyage du capitaine Freycinet, dont on a déjà pu apprécier l’importance
sous les rapports de l’astronomie, de la haute physique et de la
Voyage de V Uranie. — Historimie. ^