
lorsqu’il me fut amené, et près de deux ans avant sa mort, occasionnée
par une maladie scrofùleuse. Ce portrait, qui est parfaitement ressemblant
, se trouve gravé planche 3 1.
Je reçus, le 2 2 , dans la matinée, la visite d’un officier chargé par
le gouverneur de nous faire ses adieux et de nous souhaiter un bon
voyage. Bientôt après, le pilote arriva lui-même; et toutes nos dispositions
étant faites d’avance, nous ne tardâmes pas à lever l’ancre : il étoit
1 1 heures 20 minutes quand nous sortîmes de la baie.
Notre relâche à Dillé n’a pas excédé cinq jours ; et quoiqu’elle ait
été de courte durée, elle n’en fut pas moins profitable pour nous, non-
seulement à cause des excellentes provisions dont nous nous munîmes,
mais aussi par les renseignemens précieux que nous y avons rassemblés.
C’est ici le lieu de réunir les matériaux divers qui composent l’ensemble
de nos recherches sur Timor ; mais nous croyons à propos de
dire, avant tout, un mot de son histoire, et de faire connoître, au
moins sommairement, les principales relations qui ont existé entre ce
pays et ceux qui l’entourent : ce sera l’objet du chapitre suivant.
C H A P I T R E X V I I .
Essai historique sur l ’île Timor.
L ’h i s t o i r e de Timor antérieurement a la découverte de cette île
par les Européens,ne nous est révélée par aucun document authentique,
annales, monumens, traditions mêmes, tout nous manque : aussi sommes-
nous réduits à ne parler de cette période déjà ensevelie dans la nuit des
temps, qu’en nous étayant sur un petit nombre de données assez vagues.
Les peuples qu’y trouvèrent les Européens, ceux qui maintenant
l’occupent encore et semblent au premier examen en être les indigènes,
réunissent tous les traits caractéristiques des nations d’Asie : d’où 1 on
seroit porté à conclure que la population primitive de Timor ne dérive
pas d’une autre source.
Cependant des recherches plus suivies et plus étendues ont fait découvrir,
dans les montagnes de l’île les plus centrales et les moins frequentees,
des nègres à cheveux crépus(1), de moeurs feroces, et dune intelligence
bien inférieure à celle du reste des habitans. Cette race singulière,
identique, à ce qu’il semble, avec les papous (2) de la Nouvelle-Guinee,
les peuplades de la Nouvelle-Irlande, de la NouveHe-Caledonie, des
îles Andaman, &c. , et peut-être aussi avec celles de la Nouvelle-
Hollande, de l’île Van-Diémen et même de la Terre-de-Feu, se trouve
généralement reléguée au centre des plus grandes îles de 1 archipel
indien, depuis les Philippines jusqua Sumatra et la presquile malaise.
Ces êtres dégradés ont toujours été vus à l’état sauvage, et en nombre
d’autant plus réduit, que la civilisation autour deux avoit fait plus
de progrès (3). II ne paroît pas douteux que ce ne soient là les tristes
débris de la population véritablement primitive de Timor. Foibles ou
trop peu nombreux, ils n’ont pu résister a 1 envahissement de nations
(1) Voyez Pérou, Voyage aux Terres australes.
(2) Ce nom dq papou est une corruption du mot papua, dérive Iui-meme de pua-pua , ou
plutôt dzpoua-poua, expression par laquelle les tribus basanees de I archipel d Asie désignent
la race entière des nègres. ( Voyez Crawfurd, Mistory of the Indian archipelago, 1 . 1. )
(3) Crawfurd, op. cit. t. I.
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