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société.
les Portugais prélèvent, dans jes ports sous leur dépendance, certains
droits de douane. Un administrateur et receveur de ces droits est obligé
de faire ses versemens au trésor royal de Dillé, de six en six mois, en
prélevant seulement pour lui, en sus des émolumens de sa place, un
vingtième du produit total. Cet administrateur doit percevoir 5 p. 0/0
sur toutes les marchandises importées, et 7 sur celles qui sont exportées,
comme sandal, cire, vivres , &c ; on paie pour chaque buffle 2 pardaons
[4 ir ]. et moitié pour une tête de porc. Mais il arrive souvent, dans
certaines localités, que les droits de douane sont donnés en ferme. L’adjudication
s’en fait ordinairement pour trois ans , et le fermier s’oblige
à verser ses fonds chaque trimestre dans la caisse royale. Si les paiemens
n étoient pas faits avec exactitude, le bail seroit rompu de droit. Le
gouverneur doit accorder au fermier tous les secours que celui-ci peut
requérir dans 1 intérêt de son bail. En 1809, la ferme de tous les droits
de douane des villes maritimes de la côte septentrionale de Timor, depuis
Atapoupou, en allant vers l’Est, fut adjugée pour la somme de 800 pardaons
[ 1 600 francs] par an.
Nous avons dit que les tributs des royaumes vassaux du Portugal se
paient ordinairement en nature ; il est cependant assez d’usage de les estimer
en pardaops. Ces espèces de contributions ne sont exigibles qu’après
l’année révolue et à l’époque de Pâque. Pour donner une idée de leur
importance, nous dirons qu’en 18 1 y -le royaume de Fialara paya 50 pardaons
[ 100 francs] pour son tribut annuel, et celui de Jouanilho,
1 o pardaons [20 francs] 1 année suivante. Tout cela, comme on voit, est
peu de chose. Je n ai aucune donnée sur la quotité des sommes qui sont
payées par les autres royaumes ; mais je suis convaincu que tout s’y trouve
réglé avec modération. Au reste rien n’est plus ordinaire que de voir
des rajas qui se dispensent de payer cette petite redevance; et peut-être
est-ce trop dire que, par cette cause, le dixième seulement des tributs
arrive à peine dans les coffres du gouvernement colonial.
.Etat militaire. --"Lorsque la colonie portugaise de. Timor relevoit
directement de Goa, le gouverneur avoit toujours â sa disposition un
certain nombre de soldats réguliers, composés en partie d’Européens et en
partie de cipayes de 1 Inde; ces troupes formoient la garnison des forteresses
LIVRE II. — Du B r é s i l à T i j io r in c l u s iv e m e n t . 7 1 5
établies principalement sur la côte : mais les choses sont aujourd’hui bien
déchues ; et la force armée dont le gouverneur de Dillé dispose ne se compose
plus que des détachemens fournis alternativement par les rajas, e des
moradores ou milices du pays, qui sont une espèce de troupe bourgeoise.
Les Portugais avoient jadis un assez grand nombre de fortifications
sur la côte septentrionale de Timor, et ils en ont encore quelques-unes (1).
Nous ne parlerons ici que de celles de Dillé, les seules que nous ayons
pu examiner. « La principale défense, militaire de cette place est une
batterie établie sur le rivage {voy.- pl. 30); elle présente vingt-deux embrasures
, dont dix-huit seulement sont garnies de canons dans le plus
mauvais état ; la lumière de la plupart a deux ou trois pouces de circonférence,
et les affûts sont en partie pourris : il n’y a que deux de
ces pièces, du calibre de trois, en bronze et montées suf des affûts de
campagne, qui soient capables de servir; aussi dans toutes les salves
faites à notre occasion, ce furent toujours ces pièces que l’on tira. Les
autres, portées par des affûts marins, sont pour la plupart du calibre
de 6. Cette batterie, flanquée à son extrémité orientale par trois canons
du même calibre, n’est pas en meilleur état que le reste. L ’enceinte forme
un parallélogramme rectangulaire ayant dans un sens 350 pieds environ et
200 dans l’autre. Des murs en pierre sèche ferment cet espace, au milieu
duquel s’élève une maison à un étage, dans laquelle jadis logeoit le
gouverneur ; elle est plus vaste que celle qu’il occupe aujourd’hui, mais
moins commode. Le rez-de-chaussée est un magasin, et c’est là particulièrement
que se conservent le grément et les ustensiles des canons. Plusieurs
cases adossées au mur méridional de ce fort, servent, les unes de prisons
pour les militaires, les autres de cuisines, d’ateliers de forge-et de
charpentage, &c.
» Les murs de la partie Ouest de la batterie, prise extérieurement, sont
composés de petit gravier et de sable; des pieux fichés en terre, et un
clayonnage en côtes de cocotier et en bambous, leur servent comme d’enveloppe;
en sorte que cette ligne de fortification a l’air d’être formée par
de grandes caisses cubiques pleines de gravier, entre lesquelles on auroit
placé des canons.
(1 ) On cite entre autres Atapoupou, Manoutoutou, Fataro ét Saro.
De l’homme
en société.