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Les questions dont il s’agit doivent être considérées chacune comme
un titre de chapitre ou d'article, qu’il faut rempiir, si l’occasion favorable
s’en présente, non par un monosyllabe ou une phrase sèchement exprimée,
mais par tout le développement d’idées et de réflexions dont on
est capable et que le sujet inspire. J ’insiste sur les avantages de ces séries
de questions, prévues et rédigées d’avance, parce qu’ils sont véritablement
immenses ; l’un des moindres n’est pas sans doute celui de prévenir
les lacunes qui ont lieu si souvent pendant un voyage où.la multitude
d’objets nouveaux préoccupe sans c es s e e t fait que , ne s’avisant pas
toujours de noter ce qui se montre le plus près de soi, on oublie tout-
à-fait ensuite d’en faire mention.
Nous comprendrons ce qui nous reste à dire encore sur la province de
Rio de Janeiro , dans cinq chapitres qui traiteront successivement de
l’histoire du pays, de sa description , des sauvages qui l’habitoient à
l’arrivée des Européens, de la colonie portugaise , et finalement de l’état
des peuples indigènes sous l’administration actuelle.
C H A P I T R E V.
Esquisse historique de la province de Rio de Janeiro.
On a déjà publié en France et à l’étranger un grand nombre d’ouvrages
sur le Brésil ( i) , sans doute parce qu’on a pensé que cette partie du Nouveau
Monde étoit une de celles qui, par leur étendue fie s richesses de
leur sol et les événemens dont elles ont été le théâtre, méritoient le plus
de fixer l’attenÈion des curieux. Comme il n’entre point dans le plan
que je mesuis tracé, de présenter ici des détails historiques qui embrassent
l’ensemble de cette importante contrée, je ferai seulement précéder de
quelques notions générales et succinctes ce que j’ai à dire de celle de ses
provinces qui va être le sujet de ce chapitre.
Peu après l’époque (2) où l’existence du continent américain eut été
révélée à l’Ancien-Monde, un Espagnol, Vincent Yanez Pinzon, parvint
le premier sur les côtes du Brésil (3), le 26 janvier 1 500. Cette découverte
toutefois ne pouvoit pas encore être connue en Europe, quand
un navigateur portugais, Pedro Alvarez Cabrai, y arriva lui-même par
une autre route (4), et fit ainsi la seconde découverte de ce vaste pays,
le 22 avril, c’est-à-dire, trois mois après. II donna à cette terre le nom
(1) Sans faire mention de tous les documens, de toutes les relations qui ont été publiées à
différentes époques sur le pays dont il s’agit, je me bornerai à citer les ouvrages que j’ai consultés
pour composer une partie de ce chapitre : ce sont, le journal portugais o Patriota; la
Corografia Brazilica; les Mémoires de du Guay-Trouin; le Voyage de Jean de Léry, et l’importante
History o f Brazil, par Robert Southey. Malgré les nombreuses préventions que ce
dernier auteur fait paroître contre les Français, et la manière quelquefois un peu âpre avec
laquelle il les exprime, je ne me dispenserai point de dire ici qu’à Rio de Janeirô j’ ai toujours
entendu désigner son ouvrage comme étant à-Ia-fois le plus exact et le plus complet qui ait été
publié sur le Brésil. Je ne puis énoncer une opinion aussi favorable relativement à F Histoire
du Brésil par M. Alphonse de Beauchamp, où la précipitation de la plume de Fauteur se fait
trop souvent remarquer.
(2) Année 1492. .
(3) Pinzon aborda au Brésil par 8° ~ de latitude Sud, et prolongea la côte en remontant
au Nord jusqu’à Fentrée du fleuve des Amazones, qu’il prit pour une mer d’eau douce.
(4) Par 170 de latitude australe.
Voyage de VUranie. — Historique. r