
Rio de Janeiro. Sepatiba(i), et parvint à expulser l’ennemi. Il détruisit la forteresse
Esquisse histor. t , , . , , . . . . hollandaise , ainsi qu une grande maison en pierres ou etoient les magasins;
et, sans réfléchir aux inconvéniens qui devoient en résulter plus
tard pour ses compatriotes eux-mêmes, il fit jeter ces démolitions dans
le goulet du port ou du lac Araraama, pour l’encombrer.
Je me hâte d’arriver à l’administration du célèbre Salvador Correa de
Sa e Benevides, qui, nommé en 1 6 j.8 au gouvernement de Rio de Janeiro
et des provinces du Sud, exerça une surveillance spéciale sur les mines
d’o r , dont l’exploitation venoit d’être soumise à des lois régulières (2).
Benevides avoit déjà été chargé une fois (en 1 63 7 ) du gouvernement
de Rio de Janeiro ; il avoit donné un soin particulier à la conversion
des Indiens, et s’étoit opposé de tout son pouvoir à ce qu’ils fussent
réduits en esclavage. Le croiroit-on ! l’intérêt qu’il témoigna alors pour les
peuples indigènes le rendit odieux aux colons ! tel est l’effet de l’amour
effréné des richesses, qu’il détruit même jusqu’aux sentimens bienveilians
et généreux. Les planteurs portugais trouvoient fort commode d’avoir
des bras pour cultiver leurs champs, exploiter leurs sucreries et leurs
mines, sans être engagés à aucun paiement de salaires : aussi, non con-
tens de maintenir dans l’esclavage les Indiens pris à la guerre, ce qui
étoit toléré, on les vit trop souvent attaquer et conduire en servitude
ceux mêmes que les jésuites avoient convertis ; on appeloit cela aller à
la chasse aux esclaves. Dans toutes les circonstances, les jésuites s’élevèrent
fortement contre ces vexations infames, jusqu’à refuser les sacre-
mens de l’église à ceux qui s’en seroient rendus coupables : cette rigidité
leur suscita un grand nombre d’ennemis , ainsi que nous le verrons
bientôt.
De son côté, Benevides s’opposa, comme il le devoit, à ce système destructif
et impolitique, et contribua par-là à exaspérer tous les esprits.
Les habitans de Rio de Janeiro profitèrent d’un voyage que ce gouverneur
fit à Santos, pour lever l’étendard de la révolte ; ce qui eut lieu avec
(1) Voyez pl. 1 , par 46o 1 2' de longitude*
(2) Tout homme pouvoit exploiter à ses frais les mines d’or qu’il avoit découvertes ; mais il
étoit obligé de donner au roi le cinquième du produit, ou, comme on disoit, le quint. Un grand
nombre d’articles de ces réglemens avoient pour but de prévenir la fraude.
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . j i
une furie dont il seroit difficile de donner ici une idée. Benevides, par sa
fermeté, son habileté et sa prudence,. sut conjurer un tel orage, punir
les plus rebelles, et faire enfin rentrer les mutins dans l’ordre. Son
gouvernement, sans avoir duré un grand nombre d’années, fut cependant
très-profitable à la colonie par les sagës réglemens qu’il mit en
vigueur , par les établissemens auxquels il donna naissance et qui rendront
à jamais sa mémoire précieuse et révérée au Brésil. On lui doit
particulièrement la fondation du bourg de Parati, qui eut lieu en 1 660 ,
dans la baie de Caïruçu (1); l’amélioration des chemins, la construction
'd’un grand nombre de ponts, &c. &c.
Parmi les faits remarquables qui se rattachent à l’histoire de Rio de
Janeiro, on doit citer l’expédition du capitaine français du Clerc, qui
eut lieu en 1 7 1 0 , et dont tout le. monde connoît l’issue malheureuse.
Plein du projet de s’emparer de la capitale du Brésil, cet officier s’avança
avec cinq vaisseaux et deux navires de transport, vers la barre de Gua-
ratiba (2), où il débarqua avec douze cents hommes de troupes de
ligne et de matelots. De Guaratiba il se rendit à Rio de Janeiro, en
passant successivement par la ferme des religieux Bénédictins , marquée
Bentos sur la carte, puis par Jacarapagua, et arriva à la ville sans
éprouver de grandes difficultés; il y.entra par la rue d’Ajudâ (j)-, pénétra
au milieu des lignes ennemies avec plus de bravoure que de prudence
, et y livra plusieurs combats vifs et meurtriers ; enfin, s’étant
emparé de quelques magasins au bord de la mer et voulant s’y fortifier,
du Clerc se trouva bientôt foudroyé par l’artillerie de l’île das
Cobras, et forcé de se rendre prisonnier de; guerre, lui et les siens, à
un corps nombreux de troupes ennemies. 1
D’abord détenu dans le. collège des jésuites. ;(4), renfermé ensuite au
château, il obtint plus tard la liberté de s’établir dans une maison de
la v ille, à son choix, où il fut assassiné dans la nuit du 1 8 mars 1 7 1 1 ,
sans que jamais on ait pu savoir précisément par qui , et sans même
(1) Voyez pl. I , par 47’ 9' de longitude.
(2) Voye^ pl. 1 , par 46° 3' de longitude.
(3) Marquée 18 , pi. 3 , à 100 mètres à ï’Ouest du méridien du château.
(4) Marque V , sur ïa pl. 3 , à 300 mètres à l’Est du méridien du château.
G *
1660.
1710.