
est d’autant plus naturelle que la forme de la mire à l’Ile-de-France rendoit
la méprise très-facile. Quoi qu’il en soit, tout doute disparoîtra à ce sujet
parla comparaison qu’on pourra faire des observations qu’envoie M. Lislet-
Geoffroi, ancien correspondant de l’Académie des sciences , avec celles
de l’expédition.
Un fait que le voyage de M. de Freycinet aura mis hors de toute contestation,
est le peu d’étendue des oscillations diurnes entre les tropiques.
Ceci découloit déjà du travail de M. Macdonald ; mais comme l’aiguille
dont cet officier se servoit étoit supportée par une pointe, on pouvoit
craindre qu’un défaut de mobilité n’eût été, en partie, la cause de la petitesse
de ses résultats : à quoi on doit ajouter que le magnétisme, comme
on en a des exemples, est quelquefois distribué le long d’une aiguille
d’acier, de manière à la rendre presque tout-à-fait insensible aux oscillations
diurnes. Ces doutes ne s’appliquent point aux observations de nos
navigateurs : leur aiguille étoit supportée par une soie détordue à la manière
de Coulomb, et quoique durant le voyage elle soit restée constamment
dans le même état, elle a néanmoins donné, dans diverses stations,
des variations journalières fort inégales. A Timor, en effet, ces. variations
étoient de 6', y, à Rawak, elles avoient déjà éprouvé un grand
affoiblissement et atteignoient à peine 3 '; aux Mariannes, on trouve
seulement y de minute de plus qu’à Rawak; mais aux îles Sandwich
et au Port-Jackson, la même aiguille parcouroit,-du matin au soir, un
arc de 9’.
Si la variation diurne du matin est occidentale au Nord de l’équateur et
orientale au Midi de ce1 plan, sur l’équateur même elle devroit être nulle.
Nous venons de voir cependant qu’à Rawak, dont la latitude Sud est à peine
de-jÿ- de degré, l’aiguille oscille tous les jours dans un arc de 3’ : ce résultat
sembleroit indiquer, sur-tout quand on le compare à la valeur de l’oscillation
diurne aux Mariannes, que ce n’est point i’équatëur terrestre, mais
bien l’équateur magnétique, qui sépare là zone des variations occidentales de
la zone des variations contraires ; il résulteroit de là , comme on vo it, un
moyen nouveau et très-facile de déterminer quelques points de i’équa-
teur magnétique; des observations faites entre cet équateur et la ligne
équinoxiale, à Fernambouc, par exemple, au cap Comorin au Sud de
Ceylan, dans la partie Nord de Sumatra et de Bornéo, aux îles Palaos, & c .,
offriroient donc maintenant un grand intérêt.
•t Nous espérons que l’Académie Voudra bien nous pardonner les détails
dans lesquels nous sommes entrés sur cette partie des travaux de M. de
Freycinet : les bonnes observations ne contribuent pas seulement aux progrès
de la science par les questions quelles résolvent, mais aussi par celles
dont elles font naître l ’idée.
L ’expédition auroit répondu fort imparfaitement à l’attente du Gouvernement
et de l’Académie , si elle n’avoit rapporté en observations magnétiques
que celles qui ont été faites pendant les relâches. Les courbes le
long desquelles les déclinaisons ont les mêmes valeurs, les courbes d’égale
inclinaison et d’égale intensité, ont, sur le globe, des formes tellement singulières
, qu’il est à peine permis d’en déterminer quelques points par interpolation
: multiplier beaucoup les observations est donc le seul moyen
d’arriver sur cet objet à des résultats certains.
Les journaux de l’expédition renferment, pour chaque jour où le soleil
s’est montré, et cela depuis le départ de Toulon jusqu’à l’arrivée au
Havre, un grand nombre de déterminations de la déclinaison. Les observations
d’inclinaison à la mer ont commencé plus tard, et datent seulement
de la relâche à Timor ; mais aussi, à partir de cette époque et jusqu’à
la seconde relâche à Rio de Janeiro, c’est-à-dire, pendant près de deux
ans, elles ont été journellement suivies avec un zèle et une persévérance
qui ne se sont jamais démenties. Un exemple, pris au hasard sur les registres,
nous a offert cinquante mesures d’inclinaison faites en un seul
jour, avant et après le renversement des pôles de l’aiguille.
Les mesures d’inclinaison que nous rapporte M. de Freycinet constatent
parfaitement la singulière inflexion de iequateur magnétique dans
la mer du Sud, qui se déduisoit des observations de Cook ; la discussion
détaillée de tous les résultats fera voir si cette inflexion a toujours la même
étendue, et si elle a changé de longitude.
L’inexactitude des mesures d’inclinaison et de déclinaison faites à la
mer ne dépend pas seulement du défaut de stabilité du navire ; les masses
Voyage de VUranie. — Historique. /