
De Thom me
en famille.
thé; ils en font un très-fréquent usage, ainsi que de diverses liqueurs
alcooliques.
La cuisine, quoique assez épicée, est plus modeste chez les indigènes,
car 1 art des ragoûts ne s’est point encore introduit dans leur régime.
L ’eau, le lait de coco, et parfois le suc fermenté ou même non fermenté
de quelques palmiers, composent, sous les noms de kalou, de touak, &c.,
leurs boissons habituelles. M. Paquet a vu apprêter un mets favori
des naturels. Après avoir concassé du maïs et l’avoir mis sur le feu
avec de 1 eau, dans une marmite en terre, ils y ajoutent de la râpüre
et du lait de coco; puis, quand le mélange a suffisamment bouilli, ils y
versent une sorte de mélasse provenant du suc épaissi de palmier ; le
tout, bien mélangé, est servi ensuite sur de petits plateaux tissés en feuilles
de latanier. « Cette préparation, dont on voulut me régaler, dit M. Paquet,
me parut affreuse; à peine en eus-je introduit dans ma bouche une petite
quantité, que-je la crachai, en donnant tous les signes du plus profond
dégoût. » Je n’ai pas pris de cette friandise une opinion plus favorable
que la sienne.
Manière de servir les mets. — Chez les Timoriens, la manière de servir
les mets est aussi simple que celle de les préparer. Le riz, les viandes
rôties, dressés sur des plateaux semblables à ceux dont on vient de parier,
ou laisses dans les vases mêmes qui ont servi à la cuisson, sont disposés
sur des nattes, autour desquelles chacun s’accroupit, l’usage des tables
n étant admis que dans les maisons de métis européens et de quelques
rajas. A leurs repas de cérémonie, les Chinois déploient plus de magnificence
: ils ont des chaises, des tables, et leurs mets, coupés en petits
morceaux, sont contenus dans une multitude de petits bols en porcelaine,
où chacun prend ce qui lui convient, en faisant usage des baguettes bien
connues qui remplacent chez eux nos fourchettes et nos cuillers. Leurs
femmes mangent à part,
Nombre des repas. — Rien ici n’est réglé ni sur le nombre ni sur l’époque
des repas; on mange quand l’appétit aiguillonne, et, comme 011 s’accommode
de peu, l’apprêt des mets n’a jamais besoin d’être calculé long-temps
d’avance. On peut dire cependant que la plupart des Timoriens font
trois repas par jour, mais plus ordinairement deux, savoir, à u h du
LIVRE II. —m Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 6 1 5
matin et à 711 du soir ; ils mangent seuls avec leurs femmes et leurs
enfans, et n’admettent leurs frères et leurs proches parens à cës réunions
qu’à l’occasion des fêtes qui ont lieu de temps à autre dans l’intérieur
des familles.
Vêtemens des indigènes. — Il paroît que les peuples de Timor vivoient
jadis dans un état de nudité à-peu-près complète. Lorsque les compagnons
de Magellan abordèrent aux environs d’Atapoupou, ils virent encore,
ainsi que le rapporte Pigafetta (1), les hommés et les femmes entièrement
nus : celles-ci avoient aux oreilles de petits anneaux d’or suspendus avec
des fils de soie, et aux bras plusieurs bracelets d’or et de cuivre qu’elles
multiplioient parfois depuis le poignet jusqu’au coude; les hommes por-
toient autour du cou des ornemens d’or de forme ronde , et à la tête des
peignes en bambou, garnis également de ce précieux métal ; il y en avoit
qui s’attachoient aux oreilles des morceaux de calebasse sèche. Quelque
précis que soit le texte de Pigafetta, j’ai peine à croire qu’alors les
Timoriens des deux sexes ne se couvrissent pas au moins de l’étoffe en
écorce de figuier dont les tribus les plus sauvages des îles d’Asie se
ceignent généralement le milieu du corps, et que l’on connoît dans nos
colonies sous le nom de lanOeouti.
Aujourd’hui l’usage des étoffes tissées est répandu chez lés peuplades
plus civilisées qui habitent à peu de distance des rivages, ou qui ont
des relations commerciales avec celles-ci. A Coupang, le principal vêtement
des Malais consiste en une pièce d’étoffe de coton qu’ils appellent
sarung, et que nous nommons pagne (2) : elle a six à huit pieds de long,
sur environ trois de large ; quelquefois les deux extrémités , cousues
ensemble, forment une espèce de jupon que portent également les hommes
et les femmes ; seulement le sarung de celles-ci descend plus bas. Ce
vêtement n’est retenu par aucun cordon; on le plie et on le contourne
simplement à la hauteur des hanches. Il y a des sarungs de diverses couleurs
, fabriqués tant à Timor que dans les îles voisines ; quelques-uns sont
mélangés de soie et fort agréables sous les rapports du dessin et du tissu.
( 1 ) Voyez Primo Viaggio intomo al globo.
(z) Nous appliquons ie nom général de pagne à toutes les étoffes fabriquées, de quelque
manière que ce puisse être, par les peuplades non civilisées.
Ile Timor,
De l’homme
en famille.
Vêtemens.