
Colonie portug.
Emploi de substances végétales. — A l’exception des cordiers de l’arsenal
de la marine, qui sont estimés, ceux qui travaillent pour leur compte dans
la ville ont peu de réputation : les câbles dont les vaisseaux se servent
sont apportés d’Europe, et l’on ne commet au Brésil que les cordages de
moindre importance.
Une manufacture de toiles de coton peintes a été établie peu d’années
avant 18 2 0 , et l’on possède aussi quelques tisserands qui fabriquent
des cotonnades grossières à l’usage des nègres.
Staunton, dans la relation du voyage de lord Macartney, cite comme
un fait remarquable la simplicité d’un moulin à farine, mu par un courant
d’eau rapide, et agissant sur une roue à ailes horizontales , traversée
par l’arbre lui-même qui porte la meule. Ce moulin, en effet d’une
grande simplicité, est bien plus anciennement connu que ne paroît le
croire l’auteur anglais ; Bélidor l’a décrit dans le tome I.er de son Architecture
hydraulique sous le nom de moulin de Provence et de Dauphiné, provinces
où depuis longues années cette machine est en usage.
Quoique l’espèce de moulin à vent dont on se sert à Rio de Janeiro
ne soit qu’une légère modification de celui qui est généralement connu
en France, nous ne l’avons pas examiné avec moins d’attention et d’intérêt.
Je ne sache pas qu’il ait été jusqu’ici décrit nulle part. Ce moulin est
en tout semblable à celui qu’on emploie à Lisbonne ; il se composé d’un
édifice de maçonnerie en forme de tour, ayant depuis dix-sept jusqu’à
dix-neuf pieds de hauteur sur seize à dix-huit de diamètre, et des murs
de trois pieds environ d’épaisseur. La partie supérieure de l’édifice est
terminée par une rangée de pierres de taille, qui sont figurées, dans la
planche n.° 8 : leur bord extérieur a , sur la maçonnerie, une saillie
d’environ neuf lignes; les pierres de même nature qui encadrent la porte
et les fenêtres ont une saillie pareille. Ces fenêtres sont au nombre de
trois : la plus grande est au-dessus de la porte, qui est située elle-même
dans la direction des vents les moins vioiens et les plus rares; les deux
autres sont à i’opposite, et font, avec le diamètre qui passe par le milieu
de la porte, un angle d a-peu-près cent vingt degrés ; l’une d’elles,
comme le plan l’indique (pl. 8, fig. 5 ), a une embrasure plus consL
dérable que l’autre, et destinée à recevoir le lit du meunier.
Un peu au-dessus du couronnement de l’édifice, et en dedans, se Rio de Janeiro,
trouvent taillés dans la pierre de forts anneaux où l’on fixe les cordages Cojoniep0rtug
qui servent à assujettir la toiture ; ces anneaux sont indiques en a
(fig. 5 , fi et 1 o). Les pierres de taille dont on a parlé, et qui surmontent
le bâtiment, sont également.garnies d’anneaux en fer b (fig. fi, 7 et 10 )
dans lesquels on accroche le palan ou l’appareil b r ( fig. 10) destine à
faire tourner le toit conique. Ces mêmes pierres contiennent à leur partie
supérieure une gorge circulaire dans laquelle doivent rouler les galets en
métal qui supportent le toit; en dehors de cette rainure, la surface de la
plate-forme est surbaissée pour faciliter l’écoulement des eaux et empêcher
qu’elles ne pénètrent dans le moulin. La figure fi montre la disposition
de l’engrenage, celle des meules, et le n.° 7 , les détails de la
charpente qui supporte l’extrémité supérieure i de la lanterne. On voit,
sous trois aspects différens (fig. 1 , 2 et 3 ), l’installation, particulière des
ailes motrices, les cordages qui les maintiennent, et ceux qui servent à les. ’
manoeuvrer. Sans doute on remarquera aussi la simplicité de la voilure jji Pi
et sa forme triangulaire, dont la disposition a quelque rapport avec
celle de nos bâtimens à voiles latines. Quand le vent est fort, on ramasse
une partie des toiles; et lorsqu’il faut arrêter tout-à-fait le moulin,
c’est autour d’une des tiges qui servent à les tendre qu’on les plie elles-
mêmes. Si je ne me trompe, cette manoeuvre est d’une exécution plus
facile que ne l’est celle de nos moulins de France. Il me paroît au reste
inutile d’ajouter qu’au Brésil comme ailleurs, on oriente les ailes convenablement
au vent régnant, en faisant tourner le toit conique, spit à droite,
soit à gauche.
On reproche aux meuniers de Rio de Janeiro de produire une mouture
très-imparfaite, inconvénient qui est dû, dit-on, à ^’ignorance de
ceux qui, piquant les meules, ne savent pas en rendre la surface perpendiculaire
à l’axe de rotation. Les pierres qui servent à faire ces meules
sont importées de Portugal; quelques-unes cependant se font en granit
dans le pays , mais sont peu recherchées , parce qu’elles colorent la
farine en gris. Le, blutage est presque toujours fait au tamis et à la
main par les boulangers eux-mêmes, sans le secours d’aucune machine
en grand.
Voyage de l'Uranie. — Historique. f f