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RM,à»Jawàm. mémoire deM. Gaetano Giorgini (i), que la qualité délétère qui les fait
Colonie portug. sur' tout redouter, a lieu éminemment, lorsque, pendant les fortes chaleurs,
1 eau de la mer pénètre dans les marais d’eau douce. La ville de Campos,
après les crues du fleuve Parahyba, se trouve particulièrement entourée
de marais de ce genre aussi est-elle tourmentée souvent par dé cruelles
épidémies. M. le docteur Tavares nous apprend, dans sa thèse inaugurale
(2), que les habitans des plaines de Campos, ceux des bords du
lac Feia, conservent habituellement une physionomie triste; qu’ils sont
bouffis, pâles, en quelque sorte étiolés, éminemment lymphatiques,
charges dun faux embonpoint, indolens, sombres, d’un aspect sinistre,
et indifférens pour améliorer leur sort. Ce tableau, qui n’est certainement
pas chargé, confirme parfaitement l’idée que nous avons voulu donner de
l’insalubrité de cês parages marécageux.
En 1808, la ville de Campos éprouva, à la suite, d’une crue considérable
du Parahyba, une fièvre bilieuse des plus meurtrières. La population
en fut tellement dévastée, que tel malheureux, après avoir donné
la sépulture à toute sa nombreuse famille , périssoit quelquefois lui-
même, privé des derniers devoirs, faute d’un parent ou d’un ami pour
les lui rendre. M. Tavares, qui nous fournit ces détails (3), annonce avoir
été lui-même témoin de ces scènes de terreur et de mort,
desmakdies général, les maladies tant endémiques qu’épidémiques à Rio de
Janeiro, étant celles qui proviennent de l’atonie du corps humain, les
circonstances qui tendroient à aâoiblir les organes doivent être considérées
comme autant de causes prédisposantes à ces maladies. Celles qu’on
observe le plus fréquemment sont les fièvres intermittentes, les fièvres
' dites adynamiques et ataxiques, que les localités font devenir plus intenses
; les fièvres bilieuses, catarrhales et rémittentes de tous les types;
la variole, i’érysipèle, la gale, les dartres, la lèpre, i’éléphantiasis ,
l’oedème des membres inférieurs ; les ulcères atoniques ; la syphilis, et
principalement i’ophthalmie vénérienne ; les scrophules ; l’hépatite, la
( i ) Voyez Annales de chimie et de physique, t. X X IX , année 1825.
(2 ) Intitulée : Considérations d’hygiène publique et de police médicale, applicables à la ville
de Rio de Janeiro ; Paris, 1823.
( 3 ) Loco citi
phthisie tuberculeuse ; la dysenterie, le scorbut, l’hydropisie; les hé-
morrhoïdes, les hydrocèles, les sarcocèles, les vers intestinaux, et les
maladies convulsives, le tétanos sur-tout.
La plupart de ces maladies sont telles qu’on les observe en Europe ;
mais assez souvent elles offrent des particularités dans l’invasion et l’intensité
des symptômes;: Les mêmes moyens, à-peu-près aussi,, sont mis
en usage pour les combattre. Nous nous bornerons à faire connoîtrë les
différences les plus remarquables et a relater ce qui tient plus particulièrement
au climat.
Variole. « La variole, dit M. Gaimard, est très-commune, sur-tout
en septembre, octobre et novembre; rarement elle est discrète. Il en
existe une espèce particulière très-dangereuse, nommée par les médecins
brésiliens variole lisse. Les . symptômes, qui la distinguent sont les
suivam : d abord les pustules sont très-peu élevées et à peine sensibles
au tact ; la peau offre une espèce de lueur, accompagnée de tuméfaction,
sur-tout au visage. A mesure que les pustules prennent de l’accroissement
, elles sont toutes, deprimees dans le centre, où il ne se fait point
de suppuration, mais où se montre la gangrène. II n’y a pas lésion du
système nerveux ni altération des facultés intellectuelles; même il est
excessivement rare d’observer le délire, les soubresauts des tendons, &c.
» Tout le corps paroît couvert d’une croûte, ou bien prend une couleur
noire qui annonce la gangrène. En différens endroits, de petites
vésicules soulèvent l’épiderme, augmentent de volume, s’unissent entre
elles et n en forment bientôt qu’une seule très-considérable qui contient
jusqu à trois livres d’une sérosité transparente et rougeâtre.
» Cette sérosité ne se coagule point par lebullition; l’acide suifurique
ne cause aucun précipité; l’acide nitrique détermine un trouble avec un
précipité blanchâtre très-abondant. L’ammoniaque la trouble légèrement
aussi; 1 acétate de plomb liquide y occasionne un précipité très-léger et
blanchâtre. Cette sérosité n’a pu être soumise à l’action de l’acide hydro-
chiorique ni des autres réactifs , dont on étoit dépourvu à l’instant ;
introduite sous la peau d’un chien, au moyen d’une lancette, elle ne
produisit aucune, éruption.
» Les vésicules séreuses dont je viens de parler, s’élèvent plus par-
Colonie portug