
tous les moyens de conciliation. Il est loin de sa pensée de vouloir inconsidérément
troubler la bonne intelligence qui règne entre les gouverne-
mens de la mère patrie, ni entraver les communications commerciales qui,
d après les traités, peuvent avoir lieu au port franc de Dillé et sur certains
autres points de l’île , entre les sujets des deux nations. Il termine
enfin par demander à la régence une réparation convenable pour les griefs
dont il se plaint, et un dédommagement proportionné aux dépenses et
aux pertes que le fisc portugais a supportées par suite de l’inique usurpation
commise par le résident Hazaart. A ces lettres étoient jointes des
pièces justificatives constatant l’ancienne suzeraineté portugaise sur Atapoupou,
Batouguédé et les royaumes dont ces villes dépendent. Ces
pièces sont attestées et signées par les princes et par les principales
autorités du pays ; je transcris ici la teneur de l’une d’elles :
« Nous , dona Ursula da Costa, reine du royaume de Lékissa,
datos ( i ) , officiers et principaux habitans dudit royaume, attestons
que nous avons toujours ouï dire à nos pères et ancêtres que les
royaumes de Jouanilho et de Fialara furent sans interruption tributaires
de S. M. T. F. le roi de Portugal, depuis l’époque où les Portugais
devinrent seigneurs de Timor, et que lesdits royaumes n’obéirent
jamais à aucune autre nation. Quoique plusieurs fois ils se soient
révoltés, cependant ils n’arborèrent jamais d’autre pavillon que celui
de notre auguste souverain. Nous attestons de même que le royaume
et le port d’Àtapoupou ont pour commandans, comme nous le connaissons,
Bernardo Benjamin Caldeira et Antonio Sebastiaô; que nous
n’avons jamais ouï dire qu’ils appartinssent au gouvernement de Coupang.
Nous savons, il est vrai, que les Chinois de cette dernière ville
qui se sont établis à Atapoupou, ont été plusieurs fois punis et châtiés
comme rebelles par différens illustrissimes seigneurs, comme il arriva
sous le gouvernement de l’illustrissime seigneur Sarmento, en 1 794 :
celui qui fit exécuter cette sentence fut le lieutenant général Pedro
d Hornay ; ainsi que sous le gouvernement de l’illustrissime seigneur
Antonio de Mendoça; et après qu’on les eut fait élargir, lesdits Chinois
restèrent dans le port d’Atapoupou, sans vouloir jamais payer les
( i ) JDato, titre honorifique dont il sera parlé ailleurs.
L IV R E II. — Du B r é s il à Timor inclusivement. 5 4 1
» droits royaux de S. M. T . F. C ’est ce que nous pouvons attester
» comme v r a i, et nous le jurons sur les saints évangiles. Fait à Lékissa,
» le 16 mai 1 8 1 8.
y. Signé Dona U r su l a d a C o s t a , reine de Lékissa; D . C om e R o iz
» P e r u r a , lieutenant-çoionel de Lékissa; D . S a l v e d o r R o iz P e r u r a ,
.» mestre-de-cainp de Lékissa; D . J o a q u im R o iz P e r u r a , sargento
» in o r de L é k is sa ; M o n e T h a a , dato de Lékissa; So l e C r a e ,
» labo ( i j du royaume de Lékissa; L a r y L e c t o , toumougom (2);
• » A g o s t in h o C a r v a l h o , dato de Lékissa; D ic a m a n y B a u , tou-
» mougom de Lékissa;“ L a e n B o io , D e l e t o C r a e , D em a u Q u i a ,
» L a e n s am a r D o b e r e C r a e , B e r e H u s sa , toumougoms. »
«Nous soussignés, Dionizio Roiz Perura , ' mestre - de - camp du
» royaume de Motaél (3), et Joaô Fernandez’^-lieutenant-colonel et
» commandant des milices, attestons qu’il est vrai que la déclaration
>»' ci-dessus a été mise sous nos yeux par la reine et le colonel du
» royaume de Lékissa, et tous leurs officiers assignés pour la même
>■ attestation par le greffier dudit royaume, par ordre de la reine ; que
» le tout nous a été présenté; et pour la vérité de quoi nous apposons
» maintenant notre signature. Dillé, 24 mai 18 18.
» Signé D . D io n iz io R o iz P e r u r a , mestre-de-camp du royaume de
Motaél; J o ao F e r n a n d e z , lieutenant ’ c o l o n e l ¿ es milices. »
à Pour copie conforme à l’original, déposé au secrétariat de ce gou-
» vernement, auquel je m’en réfère. Dillé;' 20 novembre 1810.
» Signé R a ym u n d o J . C a rd o so C o u t in h o , lieutenant - colonei ,
» officier chef du secrétariat. »
» C ’est la copie fidèle &c.
» Signé J o sé P in to A l c o fo r a d o d ’A z e v e d o e S o u z a , gouverneur
» et capitaine général des îles Sôlor et Timor. »
J ’ignore quel effet aura pu produire sur le gouverneur de Ja v a la
lecture de toutes ces pièces ; je doute néanmoins qu’on en ait tenu
grand compte. Peut-être au ra -t-o n cherché des faux-fuyans, donné
des demi-satisfactions, cherché à temporiser ; mais, en dernière analyse,
( i ) Labo, titre honorifique.
(2) Toumougom, autre titre honorifique.
(3) Motaél, royaùme situé au Sud-Ouest de Dillé. ( Voye^^l. 1 5, par 12 30 7* de longitude. )