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assez réguliers; tantôt il est continu et sans apparence de granulation ;
tantôt enfin il est en zigzag et comme entortillé. Le malade ne peut se
mouvoirquavec de très-vives douleurs ; les extrémités deviennent roides
et immobiles. Un ou deux jours après qu’on a ressenti cette tension douloureuse
, 1 érysipele paroît au genou, mais plus souvent encore à l’articulation
tibio-tarsienne. La première fois qu’on est affecté d’un érysipèle,
il agit avec plus de violence : lors des invasions subséquentes , ses
symptômes diminuent peu à peu d’intensité, et cependant les effets en
deviennent plus fâcheux quant aux suites et à la durée. Lorsqu’une
personne a éprouvé une ou plusieurs atteintes de ce mal, les parties
affectées contractent une sorte d’habitude, une disposition particulière
et permanente à en devenir de nouveau le siège ; elles tombent dans un
affaiblissement et une insensiblité qui sont les précurseurs de l’endurcissement
du tissu cellulaire, ou d’un oedème chronique; ou bien de
tous les deux à-Ia-fois, comme cela a lieu dans l’éléphantiasis.
» La sécrétion muqueuse des premières voies, cause fréquente dé
lexantheme erysipélateux, paroît dépendre des mauvaises digestions occasionnées
par la chaleur du climat, qui irrite la peau et la prédispose,
par le genre de nourriture des habitans, ou bien par la suppression de
l’exhalation cutanée, d’où dérive une exhalation plus forte de la muqueuse
intestinale. Mais quelle est, parmi -ces différentes causes, ' celle
qui a le plus d’influence sur l’appareil digestif et par suite sur 1 ery-
sipèle?
» Si je considère la chaleur, je vois des parties du Brésil plus chaudes
que Rio de Janeiro , telles que Bahia et Pernambuco, où, d’après les ren-
seignemens qui m’ont été donnés, on n’observe pas aussi fréquemment la
maladie dont il s’agit. La nourriture est presque par-tout la même, si-toutefois
elle n est pas plus mauvaise dans les autres contrées de ce vaste pays.
On a cru que les eaux pouvoient être la cause cherchée : mais à Pernambuco
, où le terrain est bas et limoneux, l’eau est moins pure qu’à Rio de
Janeiro, où elle coule sur un sol de première formation. Quant à la répercussion
de la sueur, il paroît d’abord que les variations de l’atmosphère
se font sentir dans tout le Brésil, et que dès-lors l’affection érysipéla-
teuse ne devroit pas être endémique seulement à Rio de Janeiro ; cepen-
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 169
dant on doit convenir que cette dernière ville est plus exposée que toute
autre aux grands changemens de température.
» Pour l’érysipèle bénin, on n’emploie nul traitement. Dans l’érysipèle
plus intense, on a coutume de donner des vomitifs dans des infusions
diaphorétiques ; ainsi on administre deux ou trois grains de tartre anti-
monié de potasse dans l’infusion de sureau. Lorsque la fièvre érysipéia-
teuse est accompagnée de symptômes adynamiques, on a expérimenté
qu’on retirait quelque avantage de la décoction de racine de fédégose unie
à l’acide citrique. Le sulfate de magnésie est employé à la dose de trois
onces matin et soir. Nous remarquerons que les sudorifiques donnés prématurément
rendent l’érysipèle plus intense.
» Cette maladie affecte fort souvent aussi le scrotum, avec des symptômes
presque semblables à ceux qui l’accompagnent lorsqu’elle a son
siège aux jambes : il y a, de plus, démangeaison forte, ardeur d’urine,
ischurie ; i’hydrocèle par infiltration en est la suite ordinaire, et la terminaison
gangréneuse a lieu souvent. Dans ce cas, presque toujours mortel,
on pratique des incisions, on fait des fomentations avec la décoction de
kina, &c.
» L’érysipèle facial est plus rare que les deux espèces précédentes.
» Je termine en faisant observer que toutes les inflammations tendent
plus à la nature érysipélateuse qu’à la phlegmonneuse, et qu’il suffit de la
moindre cause externe ou interne pour produire cette affection. On en
trouve un exemple dans l’extraction des chiques, dont nous avons dit
précédemment un mot dans le chapitre VI. •
Gale. » La gale, très-fréquente à Rio de Janeiro, n’est ni aussi contagieuse
ni aussi dangereuse qu’en Europe. Les pustules en sont ordinairement
fort grosses et répandues sur toute la surface du corps. Un médecin
brésilien, docteur de l’université de Coimbre, m’a assuré avoir vu
cette éruption se manifester au visage : ce qui a dû me surprendre beaucoup
, attendu que, dans' tous les pays connus, cette partie du système
cutané est toujours exempte de l’affection psorique ; je ne sache pas
qu’aucun auteur ait jamais fait une telle observation.
» Les médecins du Brésil ne croient guère à l’existence du sarcopte
de la gale. Ils ne donnent aucun traitement pour cette maladie, dans la
Voyage de l’Uranie. — Historique, y
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