
Colonie portug.
suffisamment développée de cette branche d’économie agricole promet
des bénéfices d’autant plus certains, qu’on n’auroit à redouter qu’une
concurrence presque insignifiante; il n’y avoit pas en effet, en 1 8 1 8 ,
de propriétaire qui eût vingt mille pieds de "café.
Pour le sucre , les terres voisines de Rio de Janeiro sont assez médiocres.
D’ailleurs cette culture est une de celles pour lesquelles il Faut
le plus de fonds, à cause de la quantité de nègres qu’on y emploie, des
machines , de la raffinerie, &c.
L’indigo et la .cochenille , dont les Brésiliens ne savent point tirer
parti, offriraient à un agriculteur habite de lucratives récoltes.
On pourroit encore acheter des bois vierges au bord de quelque rivière
navigable , et y établir des moulins à scie pour faire des planches.
Une petite embarcation montée par des esclaves à soi, et destinée à faire
le commerce de cabotage sur la côte du Brésil, pourroit compter sur un heureux
succès, attendu que le.commerce est encore aujourd’hui ( 1 8 1 8 ) un
très-bon moyen de s’enrichir promptement : je dis aujourd’hui, parce que
j’ai cru observer que tant de personnes avoient placé leurs fonds de
cette manière, qu’il en étoit résulté une baisse considérable dans les
profits. On a vu précédemment que des capitaux employés dans le commerce
de l’Inde et de la Chine sont susceptibles de rapporter un intérêt
d’une assez grande importance; et si l’on opère soi-même, c’est-à-dire,
si l’on va sur les lieux, on doit s’attendre à d’énormes bénéfices.
Toute fabrication d’objets destines à la consommation générale promettrait
à l’entrepreneur un débit assuré. Nous citerons entre autres les
tuiles, la poterie grossière, la brique, les carreaux, & c ., dont la qualité
est ici des plus médiocres; les toiles grossières, les étoffes de laine
et de coton pour l’habillement des nègres, &c. ; la chandelle et le savon ;
enfin l’huile à brûler, et sur-tout celle du palma-christi, plante qui croît
ici avec facilité, et dont cependant on fait peu d’usage , quoique très-
propre en outre à entrer dans la composition du savon.
Le Gouvernement brésilien accueille généralement avec égards tous
les étrangers : il est sur-tout favorablement disposé envers les Françàis, et
les habitans leur témoignent, en haine des Anglais, une prédilection
marquée. Tout Français qui se fera distinguer par une bonne tenue et
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 2 59
une conduite louable, sera sûr d’avoir des appuis à la cour ; il obtiendra
même des privilèges que les Portugais n’ont pas, un accès facile auprès
des gens en place, &c.
Je terminerai ces détails, que je dois à la complaisance de M. le comte
Aymar de Gestas, par diverses indications relatives à l’économie domestique
, qui ne m’ont point paru être sans utilité. On a vu qu’un bon nègre,
en débarquant d’Afrique, doit coûter de 700 à poo francs au plus;
lorsqu’il sait travailler, il vaudra de 900 à 1 000 francs; et s’il est
charpentier ou maçon, 1 600 francs environ. On paiera pour un excellent
mulet 160 francs; pour un boeuf d’attelage, 120 francs; pour la
journée d’un nègre libre, propre à travailler la terre, de 20 à 25 sous:
enfin, on peut estimer de 1 80 à 200 francs par an l’entretien d’un nègre
esclave, à qui l’on donne pour nourriture de la farine de manioc, de la
viande ou du poisson sec ; des fruits, comme bananes, oranges, & c .,
et., pour vêtement, deux chemises , deux culottes en laine grossière,
une couverture, et quelques médicamens s’il est malade.
Les tableaux qui vont suivre, et que nous destinons à faire connoître
la valeur des mesures et des monnoies du Brésil comparées à celles de
France, se rapporteront,
1.° Aux mesures linéaires;
2 ° Aux mesures agraires ou de surface;
3 .0 Aux mesures de capacité, tant pour les grains et les matières
sèches, que pour les liquides;
4-° Aux poids ;
y ° <Aux monnoies.
Nous allons présenter d’abord les élémens qui ont servi de base à la
formation de ces tableaux, et dire de quelle manière ils ont été discutés.
Mesures linéaires. — M. Ciéra, régent des études au collège royal des
nobles à Lisbonne, avoit comparé jadis le pied de France avec 1 epalmo de
Lisbonne, d’où il avoit déduit la valeur du palmo de y 6 lignes -p-du
pied de roi : cette valeur est rapportée dans la Métrologie de Paucton.
Mais des documens plus récens et plus exacts (1) ont été obtenus par
(1) J ’en dois la communication à l’obligeance de M. Verdier, auteur du Mémoire sur les mesures
portugaises, imprimé à Paris, en 1815', dans YQbservador lusitano,
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Colonie portug.
Mesures
et monnoies.