
Colonie portug.
de guerre, situé dans les bâtimens du Calhabouço, renferme des ateliers de
divers genres, où des jeunes gens sont admis en apprentissage et reçoivent
une solde proportionnée à leur activité et à leur degré d’instruction. Ces
apprentis, ainsi que les autres ouvriers du trem, sont soumis à ia discipline
militaire, et dans leurs ateliers se confectionnent tous les objets
d’équipement nécessaires aux troupes.
Arts chimiques. 1 « Quoique 1 argile soit abondante aux environs
de Rio de Janeiro, on tire néanmoins de l’extérieur, dit M. Lamarche,
une partie des briques et des tuiles qui servent dans l’architecture civile.
Lorsque les Brésiliens trouvent une argile qui n’a pas, disent-ils, un
liant convenable, ils la rebutent : c est qu’ils ignorent les procédés à
l’aide desquels, en débarrassant cette terre d’une partie du sable siliceux
qu’elle contient en excès, on pourroit parvenir à lui donner l’adhérence
et la ductilité nécessaires. »
Quoi qu’il en soit, on ne laisse pas de fabriquer, sur-tout dans les
îles de la rade, une assez grande quantité de poteries communes, ayant
en général de petites dimensions, et présentant l’apparence de certains
vases étrusques: ces poteries ont cependant le brillant du vernis, parce
quavant de les cuire, on en polit la surface en les frottant avec une
sorte de graine unie et dure. Sur les mêmes points, on fabrique encore,
ainsi qu’ailleurs dans la province, et notamment à Sepatiba, beaucoup
de tuiles médiocres et de briques défectueuses. On tire de l’intérieur de
grands vases en terre cuite, propres à maintenir l’eau fraîche. La matière
qui les compose, en effet, étant poreuse et non-vernissée, le suintement,
et 1 évaporation lente et progressive qui en est la suite, étant
soumis a un courant d air, absorbe une partie du calorique intérieur et
produit le rafraîchissement de l’eau. La fabrication de ces vases est
très-souvent abandonnée à d’anciens sauvages convertis, réunis aujour-
d hui en bourgades. Leur manière d’opérer est des plus grossières :
après avoir moulé le vase avéc les mains, sans employer la roùe, ils en
unissent la surface à 1 aide d’une petite coquille humectée de leur salive.
La chaux dont on fait usage a Rio de Janeiro provient en grande
partie des coquilles de mer qu on fait brûler : les habitans de Sepatiba
se livrent sur-tout a ce genre d industrie. Nous avons dit ailleurs que la
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pierre à chaux est rare dans la province, et qu’on n’en connoit encore Rio de Janeiro.
r 1 Description,
qu’une carrière aux environs du cap Frio. Colonie portug.
Le charbon de bois se confectionne au Brésil par une méthode mal
entendue, qui donne non - seulement peu de produit, mais encore un
mauvais charbon. Le meilleur s obtient avec les bois tires des forets
vierges, et sur-tout avec le boa-peba, larco de pipa, le tapinhoa, le
grauna, &c. : ce dernier fait un charbon qui seteint.-de lui-meme a mesure
que le soufflet de la forge cesse d’agir; ce qui fait qu’on l’estime au
double des autres, et qu’on l’emploie de préférence à l’hôtel des monnoies
pour la fonte de l’or. Le petit charbon sert^our les forges, les fonderies,
et se fabrique ainsi qu’il suit : dans un trou carré fait en terre au milieu
de la forêt, on jette des morceaux de bois coupés d’une longueur égale à
celle de la fosse ; on y met le feu, et à mesure que le bois s’enflamme on
y en ajoute de nouveau jusqu’à ce que la fosse soit pleine de braise : le
tout est ensuite recouvert d’environ quatre doigts de terre, et on laisse *
le feu s’éteindre de lui-même, ce qui a lieu plus ou moins vite, selon la
saison , l’état de l’atmosphère, la qualité du bois et les dimensions de la
fosse. Dès que la combustion a entièrement cessé, on retire le charbon
de la fosse, et il est tamisé dans des paniers pour en séparer le poussier
et la cendre. Le pied cube d’un tel charbon coûtoit 7 5 centimes au commencement
de 1 8 18.
On a diverses manières de faire le gros charbon, qui se rapprochent
des bonnes méthodes usitées en France; elles consistent en générai à
n’allumer le bois qu’après qu’il a été préalablement couvert-de terre, en
sorte que la combustion puisse être entièrement souterraine. Le charbon
de cette espèce se vend généralement 30 p. 0/0 de plus que le précédent.
Le nombre considérable d’orangers qui prospèrent dans toutes les terres
défrichées du Brésil, fournissent des fleurs en abondance, qu’on distille
dans le pays, et dont on obtient une eau odorante estimée..
Il a déjà été question, dans cet ouvrage, de la manufacture royale des
poudres, établie près du Jardin des plantes et du lac de Rodrigo de Freitas.
Cet établissement est dû aux soins et à l’habileté de D. Carlos de Napion,
officier général très-distingué. Le salpêtre qu’on y emploie vient en partie
d’Angleterre et en partie de la province de Minas - Geraes, où il s’en