
Janeiro, que les soldats commis à sa garde aient eu connoissance d'un meurtre
hlstor- aussi horrible et si contraire au droit des gens.
Bientôt Tes nouvelles de la-défaite de M. du Clerc parvinrent en
France ; on sut que les Portugais exerçoient envers leurs prisonniers
toute sorte de cruautés; qu’ils des faisoient mourir de faim et de misère
dans les cachots, et même que M. du Clerc avoit été assassiné,
quoiqu’il se fût rendu à composition : on en fut généralement indigné.
« Toutes ces circonstances, dit du Guay - Trouin dans ses
j, Mémoires , jointes à l’espoir d’un butin immense et sur-tout à i’hon-
» neur qu’on pouvoit acquérir dans une entreprise si difficile, firent
» naître dans mon coeur le désir d’aller porter la gloire des armes: du
» Roi jusque dans ces climats éloignés, et d’y punir l’inhumanité des
« Portugais par la destruction de cette florissante colonie.... Il étoit
». évident que le succès de cette expédition dépendoit de la prompti-
» tude, et qu’il ne falloit pas donner aux ennemis le temps de se recon-
» noître. »
Le commandant français fonda sur ce principe l’exécution de ses
projets. Arrivé, le 1 1 septembre 1 7 1 1 , en dehors de la baie, il en force
l’entrée le lendemain, s’empare de l’île das Cobras (1), débarque trois
mille huit cents hommes dans l’anse ou le saco do Alferes, établit des
batteries, et, dans la nuit du 20 au 2 1 , "Commence un feu terrible sur
la ville. Les habitans, croyant que l’assaut alloit être donné pendant les
ténèbres, fuient dans la campagne avec grande confusion, et bientôt les
soldats portugais (2), effrayés, les suivent eux-mêmes, laissant ainsi la
ville et les fortifications à la discrétion du vainqueur.
Du Guay-Trouin, trop habile pour ne pas profiter de ces avantages, fit
demander sur-le-champ au gouverneur, campé à Mataporcos (voy. pl. 2 ) ,
la rançon de la ville, menaçant de la brûler et dé la détruire de fond
en comble, s’il ne souscrivoit pas tout de suite aux conditions qui lui
étoient imposées : ce malheureux gouverneur frit obligé de les accepter;
et les Français, satisfaits, purent, dès le 1 <j octobre, remettre sous voiles,
(1) Voyei pl. 2 et 3.
(2) Les forces portugaises consistaient en douze.ou treize mille hommes de troupes réglées,
sans compter un nombre très-considéràbie de noirs armés et disciplinés.
emmenant avec eux un riche butin et i ces cinq cents hommes de 1 armee de Rio de Janeiro.
Esquisse histor.
du Clerc, qu’ils venoient de délivrer,
1 . V . -' 17II.
La perte,des Portugais dans .cette, circonstance se composa :
1 ,° Du paiement d’une contribution de 600,000 cruzados[i,500,ooo ],
de cinq cents caisses de sucre et deux cents boeufs, qui furent livres pour
la subsistance des troupes ;
2.° De quatre vaisseaux ; deux frégates de guerre et plus de soixante
navires de commerce ;
3.0 D’une prodigieuse quantité de marchandises qui furent ou revendues
aux marchands portugais, ou embarquées sur les vaisseaux de 1 escadre,
ou brûlées avant le départ.
Après une catastrophe aussi désastreuse, les gouverneurs de Rio de
Janeiro, s’occupèrent avec beaucoup d’assiduité de multiplier les moyens
de défense du pays, d’accroître sa prospérité, et sur-tout d’attirer Te
commerce sur un point où l’on vouloit rétablir la vie.
Pendant long-temps, les trésors de la province de Minas-Geraes
s’étoient écoulés par le port de Santos; cette marche exigeoit d’assez
longs circuits; tandis qu’en les faisant passer directement par Rio de
Janeiro, on y trouva, même relativement au transport, des avantagés
considérables ;■ la ville sur-tout acquit par-là une importance qui depuis
est toujours allée croissant.
Parmi les choses qui furent créées pour sa défense, on doit citer la construction
de la forteresse das Cobras, sur l’île du même nom (voy. pl. 2 ),
qui eut lieu en 172.5. Trois ans plus tard, on découvrit la célèbre mine 1725.
de diamans de Tijuco ( 1 ) , source de tant de richesses et de rapines;
et en 1 y44 > bel aqueduc qui conduit les eaux de la montagne du 1744-
Corcovado à la fontaine de Cariocas ( voyei pl. 3 ) , fut achevé (2).
J ’ai dit, en commençant ce chapitre, que de grandes portions de
terres du Brésil avoient été concédées à titre de fief à plusieurs seigneurs
(1) Située dans la province de Minas-Geraes, à 90 lieues marines et au Nord à-peu-près de
Rio de Janeiro.
(2) C’est ce qu’indique l’inscription suivante, gravée sur une des pierres de l’aqueduc:
Reinando el Rey JDotn Joao V'> riosso senhor y essendo governador e capitao gérai das eapitanias
de San - Paulo e Minas-Geraes, G orne£ Freire de Andrada, do seu conselho et sargento mot
de batalha [ maréchal-de-camp ] dos seus exercitos. 1744*