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géographie , aura rendu aussi des services très - essentiels à l’histoire des
animaux.
Le Muséum du Jardin du Roi n’a pas été enrichi seulement, par les
soins dé MM. Quoy et Gaimard, chirurgiens de l’expédition, d’un grand
nombre d’objets très-rares qui manquoient jusqu’ici à ses collections ; ils
nous ont procuré aussi des espèces entièrement nouvelles pour la science,
et en nombre considérable. Le zèle de ces deux voyageurs mérite d autant
plus d’éloges , que, n’étant point naturalistes de profession , ils n’ont
pu porter, dans leurs recherches, que cette instruction généraleîqui embrasse
à-la-foi s lés différentes parties de la zoologie. Ils ont préparé eux-
mêmes, avec un zèle infatigable, les animaux quils ont recueillis; et conjointement
avec M. Gaudichaud, pharmacien de ï Uranie, ils ont offert
au Musée, avec un noble désintéressement, nombre d objets curieux dont
ils âvoiènt fait l’acquisition pendànt le voyage.
Malgré la perte de dix - huit caisses dans le naufrage de la corvette
ï Uranie, les collections rapportées par l’expédition offrent encore, d’après
le catalogue scientifique dressé par M. Valenciennes, aide.'-naturaliste au
Muséum, vingt-cinq espèces de mammifères, trois cent treize d oiseaux ,
quarante-cinq de reptiles , cent soixante-quatreîde poissons , et un' grand
-nombre de mollusques, d’annéiides; de polypes, &c. :
Le nombre des squelettes s’élève à trente' environ (j parmi lesquels un
homme de la race des Papous , un tamandua [rnyrmecophaga tamandua] ,
une tête de tâpif adulte, &c.
Ce seroit dépasser les limites de ce rapport que denumérer toutes les espèces
nouvelles et rareS; que nous devons a 1 expédition de M: de Freycinet.
Il suffit de dire-, en général, que les collections.renferment quatre espèces
nouvelles de grands mammifères, quarante-cinq d’oiseaux, parmi lesquelles
trois genres notiveaux, plus de,trente.reptiles, et peut-être cent vingt
poissons. Ceux-ci, conservés dans 1 alcool, sont d autant plus précieux,
que presque tous ceux d’entre eux qui pouvoient être connus ne l’étoient
que d’après des peaux mal conservées, ou d’après les dessins assez peu
corrects de Commerson.
Parmi-les mollusques et les polypes, se trouvent un grand nombie
d’animaux qui habitent des coquilles, et que l’on n avoit pas eu encore
l’occasion d’examiner. Ils sont très-bien conservés dans l’alcool (tels sont
ceux de grands cônes, porcelaines, volutes castrées, tuhipores, &c.). On peut
regarder cette partie des collections de M. de Freycinet, comme l’une
des plus précieuses acquisitions que l’histoire des animaux ait faites
dans .ces derniers temps.
Outre les objets rapportés par M. de Freycinet , on nous a soumis
encore un nombre considérable de dessins d’oiseaux, de poissons, de
coquilles, d’insectes; faits avec beaucoup d’exactitude par M. Arago,
dessinateur de l’expédition : MM. Gaudichaud, et .sur-tout M. Taunay
jeune, fils du peintre célèbre que l’Institut a l’avantage de compter parmi
ses membres , ont aussi représenté en couleurs des objets intéressans
pour 1 histoire des mollusques et autres animaux marins sans vertèbres.
Il résulte de. cet exposé, que, par l’intelligence et le dévouement des
médecins naturalistes embarqués sur la corvette l’Urànie, le Cabinet
du Roi, qui déjà venoit de s’enrichir, d’une zoologie à-peu-près complète
du Cap de Bonne-Espérance, due aux soins, à la persévérance sans
bornes et à l’intrépidité de M. Delalande, aura1 acquis des objets aussi
intéressans que nombreux ; et que si l’on excepte l’expédition de Baudin,
pendant laquelle le zèle infatigable, de Péron et de Lesueur nous avoit
procuré des. collections prodigieuses, aucune expédition nautique n’a été
aussi profitable à la zoologie.
ENTOMOLOG I E .
Pendant la relâche de ï Uranie à l’Ile-de-France, M. de Freycinet
adressa au Muséum d’histoire naturelle quatre grandes caisses de fer-
blanc , renfermant environ deux cents lépidoptères, et quatre ou cinq
cents autres insectes qui provenoient du Brésil : une quarantaine d’espèces
de crustacés du Cap de Bonne-Espérance, &c. , faisoient également
partie de cet envoi. Le nombre des insectes que cet habile navigateur
a donnés au Muséum depuis son retour, s’élève à environ treize
cents . notre confrere, M. Latreille, de qui notis tenons ces détails, estime
que le nombre des espèces peut aller à trois cents ; ceux des insectes qui
avoient été pris près de la terre des Papous, lui ont offert une quarantaine
d espèces nouvelles, parmi lesquelles il en est de fort remarquables.