
Habitans
indigènes
actuels.
Le prince de Wied-Neuwied, qui confirme ces divers détails; ajoute
que les Puris se font quelquefois raser la tête; que d’autres ont les cheveux
coupés seulement au-dessus des yeux et de la nuque, et que quelques-
uns se rasent aussi la barbe et les sourcils : mais chez le plus grand
nombre, la barbe, en général peu fournie, ne forme qu’un léger entourage
autour de la bouche, et pend à-peu-près de trois pouces au-dessous du
menton.
Leurs cabanes, que le même voyageur a eu occasion d’examiner,
sont de la plus grande simplicité : un hamac attaché à deux troncs
d’arbre, surmonté d’une perche placée longitudinalement, à laquelle sont
supendues du côté du vent de grandes feuilles de palmier, en composent
toute l’ordonnance. Ces huttes étant petites et exposées de toute part aux
injures de l’a ir , ceux qui y logent, lorsqu’il fait mauvais temps , se
tiennent serrés les uns contre les autres et assis dans les cendres autour
du foyer. On conçoit qu’une telle demeure doit être abandonnée sans
regret : aussi, quand la contrée ne fournit plus les vivres nécessaires ,
voit-on les Puris se transporter dans une autre où le gibier est plus
abondant.
Une insensibilité farouche est un des principaux traits du caractère
moral de ces sauvages : les événemens gais ou tristes les affectent peu ; ni
la joie ni les souffrances ne produisent sur eux aucune impression vive;
on les voit rarement rire. Leur affaire la plus importante est de pourvoir
à leur nourriture et de faire taire un appétit glouton qui sans cesse les
aiguillonne. Ils mangent goulûment, et leurs yeux fixes expriment le
plaisir qu’ils y trouvent : cependant ils sont susceptibles de supporter
long-temps la faim.
Selon Eschewege, les Puris sont très-reconnoissans envers leurs bienfaiteurs
et montrent un grand attachement pour leurs amis; ils sont courageux,
désintéressés, tempérans, mais prompts à se fâcher; et capabfes,
dans un premier mouvement, de se porter aux derniers excès de 1a violence.
Le prince de Wied-Neuwied a trouvé chez les Puris des preuves
manifestes d’une croyance religieuse : comme les anciens Tamoyos, ils
admettent l’existence de divers êtres puissans et invisibles (i), mais ne-
( i ) Voyez plus hautj chapitre VII.
LIVRE 1.“ — D e F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 335
font point usage de ces maracas, sorte d’instrumens magiques, que les
Coroados sauvages ont conservés chez eux.
s. IV.
Réflexions générales.
Long-temps même avant l’expulsion des jésuites du Brésil, les rois
de Portugal s’occupèrent avec sollicitude de l’amélioration du sort des
Indiens de ces contrées. Il seroit facile d’accumuler ici de nombreuses
citations de lois et d’ordonnances réglementaires rendues dans ce louable
dessein. Cependant la plupart de celles qui ont paru, sur-tout depuis
un siècle, prescrivoient des voies d’exécution si peu assorties aucaraetère
et aux moeurs des peuples qu’on vouloit civiliser, qu’il n’a pu en résulter
que les .fruits les plus amers. Dans l’art de gouverner les hommes,
savoir ce qu’on doit faire est beaucoup ; mais connoître les moyens
qu’il faut mettre en oeuvre pour réussir, est un problème non moins
délicat et non moins difficile.
Nous avons vu, dans notre cinquième chapitre, que le système des missions
fut remplacé brusquement par celui des directeurs civils. Les personnes
appelées à remplir ce dernier emploi, devoient, avons-nous dit,
être, d’après le voeu des ordonnances (1), éminemment intègres, lélées, prudentes
et vertueuses. Témoin de l’état des choses en 1 8 1 3 , M. Eschewege va
nous apprendre à quel point les intentions, du souverain ont été remplies.
: i ■.« L’avarice extrême des directeurs, dit-il (2), s’attache par tous les
moyens possibles à duper et à tromper les pauvres Indiens. Il est très-
rare de trouver au Brésil des hommes qui, agissant par le seul sentiment
de la charité, soient dignes d’occuper des places aussi importantes. . Ces
directeurs se servent des Indiens qu’ils doivent protéger, comme de leurs
esclaves ; ils leur font donner des coups de bâton , et vendent leurs biens
quand il leur plaît. Ces malheureux non-seulement ont à redouter les
vexations et les injustices des directeurs , mais encore celles des Portu-
{ 1 ) Voyez plus haut;, pag, 6r.
( 2) Journal von Brazilien..
Habitans
indigènes
actuels.