
Rio de Janeiro, restent encore à créer, on ne doit pas s’attendre à ce que l’étude des
Description. jettres> j es arts et j es scjences soit portée à un très-haut degré de dé-
o omepor ug. v e j 0 p p e m e n t i Cependant quelques Portugais distingués par leur mérite
dans plus d’un genre, sont venus s’établir au Brésil; sans doute animés
par leur exemple, les colons chercheront bientôt à marcher sur des traces
aussi honorables ; et par-là se trouveront démenties ces assertions sévères
qui m’ont été répétées bien souvent , « que les Brésiliens, pour la plu-
» part, ne sentent ni l’importance de l’instruction, ni l’avantage d’avoir
» de bons livres. » ï
Nous avons déjà cité la capacité et les talens de l’évêque D. José
Caetana Coutinho, du père San-Payo , prédicateur du roi , de D.
Leandro do Sacramento, professeur de botanique et d’agriculture. A
cette liste un peu courte on doit néanmoins ajouter les noms du père
Manoel Ayres de Cazal, auteur de la Corografa hraiilica; de Silvestre
Pinhero Ferreira, métaphysicien distingué ; du major Joa6 Gomes, directeur
du jardin botanique, & c ., enfin, s’il faut en croire la renommée, la
plupart des professeurs de l’école militaire et de celle de la marine.
On compte, dans la capitale seule, plus de six cents médecins ou
chirurgiens, et quatre-vingt-deux droguistes-apothicaires. Malgré cette
surabondance de personnes appartenant à l’art de guérir, on peut être,
dans un cas urgent, quelquefois vingt-quatre heures avant de pouvoir se
procurer les secours dont on a besoin, à moins qu’on ne soit abonné, ce
qui n’est pas toujours facile, sur-tout aux étrangers.
M. le comte da Barca, qui avoit lui-même beaucoup d’instruction et
qui étoit passionné pour les sciences et les beaux-arts, fit, à l’arrivée du
roi, de grands efforts pour répandre le goût de i’étude parmi les Brésiliens
: c’est à lui principalement qu’est due la fondation des chaires supplémentaires
de médecine, de chirurgie et de botanique, dont nous
avons parlé dans le paragraphe précédent. Le projet favori de ce ministre
distingué étoit d’établir une académie des sciences, des beiles-lettres et
des beaux-arts ( i); mais ne trouvant pas autour de lui tous les sujets
(i) Nous avons parlé ailleurs d’une académie de médecine et de physique qui fut fondée à
Rio de Janeiro sôus la vice-royauté de D . Almeida, en 1 7 7 1 ; mais cette société fut dissoute
en 1778-, époque du retour de ce vice-roi en Europe.
LIVRE l.er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s i v e m e n t . 2 15
dont il avoit besoin pour la composer, il appela à Rio de Janeiro plusieurs
artistes et littérateurs français, parmi lesquels figufoient MM. Le-
breton, Tauriay, peintre de genre et de paysage, Debret, peintre d’histoire,
Taunay fils, sculpteur, et Grangeant,*architecte, dont les deux premiers
étoient membres de l’Institut de France. Une pension leur fut accordée
par le roi; mais le comte da Barca étant mort bientôt, l’académie ne s’est
jamais réunie, et les membres déjà choisis ont fini même par se disperser,
après avoir éprouvé beaucoup d’injustices et de dégoûts (1).
On cite encore, dans la classe des architectes , quelques mauvais imitateurs
italiens dénués de goût, et auxquels on reproche de brouiller et
de confondre tous les ordres. Les.Portugais entendent cependant à merveille
tout ce qui se rattache à la conduite des eaux , et particulièrement
la construction des aqueducs. :
1 Parmi les nationaux, ceux qui s’occupent de peinture ne jouissent d’aucune
réputation , si ce n’est, dit-on, un certain José Leandro, qui ne
manque pas de coloris , mais qui est mauvais dessinateur. Il y a aussi
un petit nombre de fort médiofcres graveurs en taille-douce.
A l’époque de notre séjour à Rio de Janeiro, on ne comptoit dans la
ville que la seule imprimerie royale. Précédemment, il y avoit eu aussi
un imprimeur français ; mais, à sa mort, son établissement fut détruit.
L’impression est médiocre et assez chère : le prix d’une feuille en caractère
cicero, tirée à mille exemplaires sur un papier très-commun, coûte
720 0 reis, ou 45 francs.
L’architecture navale paroît être assez bien entendue ; cependant on
construit peu de navires à Rio de Janeiro , non point parce qu’il y
manque de bois convenables, mais parce que l’usage a prévalu que les
constructions se fissent principalement à Bahia. Le vaisseau de 74 canons/
a San-Sebastiao, que nous avons vu en rade, étoit, à l’époque de
notre séjour, le seul vaisseau de cette grandeur qui fût sorti des chantiers
de la capitale; ses batteries très-vastes n’avoient pas moins de six pieds sous
barreaux : quoique âgé de trente ans, il étoit encore considéré comme neuf.
(1) M. Taunay fils, par exemple, ayant fait une statue pour un ouvrage public, on lui en
contesta le paiement, sous le misérable prétexte quêtant pensionné par le gouvernement, il
devoit travailler gratis, & c . &c.
Colonie portug.