
l’homme
société.
de Chinois de Coupang est celle des lettrés. Nous avons décrit le seul
temple quon y trouve; ainsi l’on ne peut admettre que quelques-uns
d’entre les habitans suivent la secte de F o , qui, comme on l’a vu, ne
sau-roit admettre pour offrandes que des productions végétales.
Mais nous ne sommes pas aussi sûrs que la secte des sorciers n’ait
point ici un certain nombre de partisans; nous avons trouvé chez les
Malais une partie des idées des Chinois sur les devins et sur les enchanteurs,
quils désignent par.un nom tout-à-fait chinois. Nous n’oserions
en dire davantage sur cette matière, que le temps et les circonstances
ne nous ont pas permis d’approfondir autant que nous l’eussions
désiré.
On sait , d’après le P. du Halde (op. cit. ), qu’on ne donne point de dot
aux filles.à la Chine : les parens du mari futur conviennent avec ceux de
1 épouse, dune certaine somme qu’ils paieront pour arrêter le mariage; et
cette somme s’emploie à acheter les habits et les ustensiles que la jeune
femme emporte le jour de ses noces.: c’est ce qui se pratique sur-tout
parmi les gens du peuple ; car les grands et les personnes riches dépensent
beaucoup plus que ne valent les présens qu’ils ont reçus. L’argent donné
ainsi est cependant destiné à l’achat de la femme.
Selon les lois, dit l’auteur qu’on vient de citer, et pour ne pas manquer
de postérité , il est permis, en cas de stérilité de l’épouse, de
prendre des concubines, sorte de femmes subalternes et subordonnées à
la première (i). Il est probable, quoique nous n’ayons pu recueillir aucune
donnée à cet égard, que les Chinois de Coupang suivent la même
règle, si conforme d’ailleurs à ce qui se pratique chez les Timoriens.
Nous glisserons rapidement sur les'sépultures, sujet qui pourroit
nous entraîner dans des détails prolixes. Le respect des Chinois pour les
morts est bien connu : les tombeaux qu’ils leur élèvent à Coupang ont
déjà ete décrits et dessinés dans la partie historique du Voyage aux Terres
australes, et nous en donnons nous-mêmes, sous le n.° 27 de notre,atlas,
un dessin dû au crayon de M. Arago. A Coupang, comme en Chine,’
(1) On connoît, ainsi que le fait remarquer J.i> de Maistre, le préjugé des Hébreux sur
1 importance du mariage, et l’ignominie attachée à la stérilité; on sait que, dans leurs idées
la première bénédiction etoit celle de la perpétuation des familles
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 6 59
les inhumations dans la ville sont interdites', elles ont lieu, autant qu’il Ile
est possible, sur des éminences voisines,
r • en Dans le choix qu’un fils fait du terrain pour la sépulture de son
père (1), il doit prendre garde qu’il y ait la moindre probabilité qü’un
chemin passera un jour sur ce terrain, ou qu’on puisse jamais y bâtir
une ville, y creuser un canal pour l’écoulement des eaux, &c. Mais une
attention qu’on se fait un devoir rigoureux de ne point négliger, c’est de
faire constater si l’emplacement à préférer est dans une exposition heureuse,
si le jour où l’on se propose de procéder à l’enterrement sera un
jour propice ou malencontreux. Selon l’avis des experts en ce genre, on
maintient ou l’on change les dispositions qu’on avpit faites d’abord.
Les cercueils des personnes aisées (2) sont faits d’un bois épais capable
de se conserver long-temps, et si bien enduits de résine et de bitume en
dedans, et de vernis en dehors, qu’ils n’exhalent aucune mauvaise odeur.
La famille est libre de les garder plusieurs mois et même plusieurs années
à la maison, sans qu’on puisse i’obligerà les inhumer. Lorsque enfin le jour
des obsèques est fixé, on en donne avis à tous les parëns et amis du
défunt, qui s’empressent d’y assister : la cérémonie, toujours très-pompeuse,
se termine par un repas splendide. Il est facile de remarquer
combien encore en cela les usages des Chinois diffèrent peu de ceux des
Timoriens.
A Coupang, les tombeaux chinois sont construits avec un soin
extrême sur un coteau voisin de la ville : ils se composent d’un caveau
feriné par une pierre unique couverte d’inscriptions gravées dont les lettres
ensuite sont revêtues de diverses couleurs ou de dorures. De très-grands
tamariniers et 4gs lianes nombreuses ombragent ces monumens, près
desquels se voient fréquemment suspendues à des branches, et ordinairement
dans des paniers de feuilles de latanier, les offrandes faites par
les parens à l’esprit ou à l’ame du défunt. Ce cimetière, à l’instar de
ceux des Timoriens, n’est point enclos de murs.
J ’ai fait copier trois des épitaphes qui décorent ces tombeaux; on les
trouvera à la fin de ce volume. Quoique leur lecture ait offert de grandes
(1). Çu Halde, op. cit. t. III. ,
(2) Ïbïd.
l’homme
sociéié.