
De l’homme
'comme
individu.
Qualités
physiques.
Remarquons encore une circonstance essentielle. Antonio étoit esclave ;
aussi n’est-ii pas étonnant de le voir dériver de la race abjecte des
papous (i) : mais les conquérans, maîtres du pays, doivent offrir des
traits d’un tout autre caractère. Ici Ja preuve vient à i’appui de ma supposition.
Les chefs'timoriens de l’intérieur, ceux-là mêmes du royaume de
Faîlacor, ont des figures d’un type bien opposé *à celle d’Antonio : j’ai été
à portée d’en faire la remarque sur les individus eux-mêmes ; et les portraits
fort ressemblans de quelques-uns d’entre eux (2), contenus sur notre
planche n.° 17 , porteront aussi, je l'espère, la conviction dansl'esprit
du lecteur.
Parmi les individus de la race asiatique, les uns habitent l’île de temps
immémorial,, lés autres sont des Jescendans des Malais de Céièbes
(principalement des Macassars et des Bougis), des naturels de Solor et de
quelques autres îles du voisinage.
Les colons chinois sont facilement reconnoissahles-.à leur teint olivâtre,
quoique peu foncé ; à la saillie des pommettes, au front aplati, aux yeux
étroits et fendus obliquement, aux paupières supérieures comme gonflées
et tombantes, à la barbe grêle, aux cheveux noirs et droits, et presque
toujours aussi à la longueur excessive de leur queue.
Quant-aux métis européens, leur couleur originelle s’est tellement
perdue chez lé pius.grand nombre par les mariages successifs avec les
femmes du pays , qu’il est souvent impossible d'en apercevoir la moindre
trace.
Coupang est principalement peuplé de colons malais ; il se trouve
aussi quelques hommes de cette race sur , un petit nombre de points
de la côte septentrionale de Timor , tandis qu’il n’y en a aucun
sur la côte opposée. Leur taille est ata - dessus de la moyenne: ils ont
des formes régulières, quoique leur constitution soit parfois peu vigoureuse.
On en voit qui, à la couleur près, sont des modèles de beauté;
en revanche il y en a de fort laids. Avec un teint d’un jaune animé, des
»les cotes à ceux qui sont venus de Sumatra, Bornéo, Macassàr et d’autres pays, et se sont
» retirés dans les montagnes. »
( 1 ) Nous appelons ainsi la race nègre de l’archipel d’Asie. 1
(2) Voyez particulièrement les figures i , 2, 3 et 5 de cette planche.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 501
cheveux beaux, longs, durs et noirs, et des yeux bien fendus; ils ont beTimor.
un maintien aisé, une démarche grave et même un peu ° 1 fière (\1 )/. L’e*x - DecoImhommeme
pression de leurs physionomies varie d’individu à individu, et n’a rien individu,
de cette uniformité monotone de traits qui caractérise ordinairement les
nègres d’Afrique.
Les Timoriens de l’intérieur présentent un aspect plus farouche ,
peut-être à cause de leur peu d’habitude de voir les étrangers. Nos
planches 17 , 30 et 3 1 peuvent donner une idée dé ceux des habitans
de cette classe que nous avons vus à Dillé. Les jeunes gens avoient un air
plus ouvert, et les enfans nous ont toujours paru agréables par leur vivacité
et leur espièglerie ; le jeune fils du raja Klaco se faisoit sur-tout remarquer
sous ces deux rapports. ( Voyei pl. 1 7.)
Quelques Timoriennes sont jolies, mais il faut avouer que ee n’est pas
le plus grand nombre; beaucoup de jeunes filles cependant ont des formes
agréables let une démarche gracieuse. « On a souvent préconisé les
charmes des femmes de Rottie; en effet, celles qui accompagnoient Bao,
i’un des rois de cette île, et que nous eûmes occasion de voir à Coupang,
justifioient pleinement la réputation de leurs concitoyennes : grandes et
biën faites, elles avoient une physionomie régulière, à-la-fois douce et
imposante;-on‘pouvoit toutefois leur reprocher une sorte de timidité ou
de fausse honte qui donnoit à leur maintien un air de gaucherie difficile
à définir. » [M . Duperrey.)
L’usage qu’ont les Timoriens de ne point porter de chaussure, procure
une très - grande flexibilité à leurs pieds, et leur permet de s’en servir
pour jeter parfois au loin des pierres avec beaucoup de force.
Iis montent sur les cocotiers avec une adresse et une promptitude surprenantes
, sans s’aider de la pression des genoux, et sans embrasser
l’arbre avec les bras, mais en le touchant seulement des pieds et des
mains. 11 est vrai qu’on a pratiqué presque par-tout de légères entailles
au tronc de l’arbre, ce qui leur fournit d’utiles points d’appui. A côté de
ces preuves d’agilité, nos Timoriens en donnent tous les jours d’une
indolence et d’une paresse poussées à un degré souvent inconcevable.
Quoique mous et efféminés, ils jouissent de l'heureux privilège de braver
( 1 ) Voyez pl. 18 et 2. r.
Voyage de VUranie. — Historique. p £ £ £