
Prod, animales.
suffisent pas à la consommation des boucheries et aux besoins du service
que les sucreries exigent. Goytacazes et Cantagallo sont néanmoins les districts
qui en nourrissent le plus grand nombre et les plus beaux; on en voit
fort peu au contraire dans ceux d’Iiha- Grande et de Parahyba-Nova.
Les chevaux, à cause de la grande humidité du sol, qui leur est contraire,
réussissent assez mal par-tout ; et cependant c’est dans les plaines marécageuses
de Campos qu’on en élève davantage. Les mulets sont généralement
préférés comme moins délicats et capables de mieux résister à la
fatigue et aux intempéries atmosphériques. On a remarqué que les
mulets de Rio de Janeiro ne sont ni aussi forts ni aussi .beaux que ceux
qui proviennent des provinces de Minas-Geraes et de Rio-Grande : ils ne
sont pas non plus aussi abondans ; c’est pourquoi on en conduit beaucoup
, ainsi que des boeufs, pour satisfaire aux besoins et à la consommation
des habitans de la capitale.
Un des ennemis les plus redoutables des chevaux et des mulets, c’est
l’espèce de chauve-souris appelée vampire. Si l’on n’use des plus grandes
précautions, ces quadrupèdes volans s’introduisent pendant la nuit dans
les écuries, s’attachent à la veine jugulaire des bestiaux, et leur sucent
souvent une assez grande quantité de sang pour les faire périr, sans que
les victimes paroissent souffrir et fassent aucun mouvement pour repousser
ces atteintes meurtrières. On conçoit que les bestiaux qui
parquent en plein air, comme il arrive si ordinairement dans les pays
chauds, doivent être les plus exposés. Les hommes eux - mêmes , les
enfans sur - tout, ne sont pas toujours à l’abri des attaques nocturnes
de ces êtres difformes et malfaisans ; c’est alors au gros orteil qu’ils
s’attachent.
Les chèvres et les brebis dégénèrent rapidement ; leur viande est peu
estimée , et l’on peut dire même qu elle est presque entièrement dédaignée
, à cause de sa qualité inférieure. Les porcs, peu nombreux d’ailleurs,
ont également une chair assez désagréable; ce qui doit être attribué, je
pense, au genre de nourriture auquel ils sont soumis.
Il est très-difficile de conserver des chiens à Rio de Janeiro : aussi y
en a-t - il très-peu; ces animaux sont sujets à une sorte de gale et de toux
qui les tue promptement.
Les chats domestiques ne réussissent pas mieux; la plupart meurent Rio de Janeiro.
étiques. Mais il y a dans les bois un chat sauvage fort joli. ' Description.
■p. 1 t j . t\ ■ t . \ > ■ Prod. animales. Dans le nombre des mammiteres indigènes, ceux qu on rencontre le
plus souvent à Rio de Janeiro sont une espèce de chevreuil, nommé viado ;
le paca, dont la chair est blanche, mais un peu fade au goût ; plusieurs
espèces de cochons sauvages ou de petits sangliers (1), et une espèce de
lapin très - bon à manger. Les onces , d’après Mawe, sont les animaux
féroces les plus communs du district de Cantagallo: on en voit, dit-il, de
diverses couleurs ; quelques-unes sont noires, d’autres d’un brun rougeâtre.
Les tapirs n y sont pas rares ; et, dans les forêts, se trouvent diverses espèces
de singes, entre autres l’atèle arachnoïde, dont on mange la chair, qui est
assez estimée, et bonne, dit-on, pour la phthisie. Ces animaux vont en
troupe, et font entendre dans les bois une espèce de mugissement très-fort
et très-lugubre. Ils s’assemblent en grand nombre sur les arbres les plus
élevés, dit Eschewege-^) ; alors ils font leur cri avec une espèce d’accord
qui ressemble au chant des Juifs dans une synagogue; un seul singe commence,
et les autres répètent en choeur cette singulière symphonie : la
couleur de ces animaux est d’un blanc sale, comme celle de la laine non
lavée; ils ont la taille d’un grand chien de chasse. Plusieurs autres, tels
que l’alouate ou singe hurleur, le sajou, le tamarin, le marikina, & c .,
se montrent aussi en foule dans les bois ; mais, comme cela doit être,
ils fréquentent plus rarement les parties voisines des lieux habités. Les
coatis, les cabiais et les tatous sont des animaux qui se laissent souvent
apercevoir. Quelquefois , sur le Corcovado , montagne voisine de la
capitale, se voit l’aï, singulier animal du genre des paresseux. « On
a dit beaucoup de choses sur son organisation et le peu de vivacité
de ses mouvemens , observe M. Quoy ; et de graves personnes qui
les ont observés sur les lieux mêmes, ont commis à leur égard de bien
grandes erreurs.
» Tous les livres, en effet, annoncent que l’aï met plusieurs jours à
grimper avec effort sur 1 arbre dont les feuilles doivent lui servir de nourriture.
Nous en avons eu un à bord de ïUranie qui a vécu plusieurs jours,
( 1 ) Eschewege dit en avoir rencontré par milliers dans les montagnes de Matto-Grosso.
(2 ) Voyez Journal von Brazilieni