
De l’homme
en société.
Arts
mécaniques.
immémorial, a lieu sur un grand nombre de points des rivages de l’île ,
mais sur-tout à Osapa-Kitkii, dans la baie de Coupang.
Viandes et poissons secs. — L’opération de sécher le poisson ou la viande,
n’est pas d’une moindre importance. D’après le capitaine Dampier, la
dessiccation se fait sur des espèces de boucans ou grilles en bois, placées
assez haut au-dessus du feu pour que la cuisson des substances qu’on y
pose ne puisse s’effectuer ; bien souvent aussi on les met sécher au soleil ,
en les saupoudrant d’une très-petite quantité de sel. La viande ainsi
préparée se nomme dendeng en malais.
Charpentage. — Avant l’arrivée des Européens sur ces bords, les
Timoriens, également étrangers à l’usage de la vrille et de la scie, débi-
toient un arbre pour en faire une table. Les colons chinois seuls pos-
sédoient toute l’industrie mécanique, qui seroit aujourd’hui encore presque
exclusivement entre leurs mains ,-si un petit nombre de Malais ne s’étoient
lancés sur leurs traces pours’occuper des travaux les plus grossiers. Ceux-
ci ne sont pas, il est vrai, des concurrens fort redoutables ni très-actifs;
l’art du charpentier et celui du forgeron sont les seuls auxquels Us se
livrent. L ’existence de ce dernier, à Timor, paroît pourtant dater d’assez
loin , et sans doute le besoin de se fabriquer des armes l’y a fait naître :
quoi qu’il en soit, la grossièreté du travail n’annonce pas que les ouvriers
en ce genre aient fait de rapides progrès. Les Chinois et les Européens
ont introduit l’usage de la scie; mais la manière dont'les scieurs-de-long
placent leurs pièces diffère essentiellement de celle que suivent nos
ouvriers. On peut en voir des exemples sur nos planches 2.2 et 23.
Forges. — Les soufflets de forge sont simples et ingénieux : ce sont
ordinairement des cylindres en bambou , placés verticalement, et dont
un piston remplit l’orifice ; la soupape placée au bas de la machine S e
trouve: en face d’un tuyau beaucoup plus étroit, allant'à angle droit
du bambou principal à une grosse pierre percée d’outre en outre,
laquelle empêche que ce petit tube ne soit brûlé par le feu. Lorsqu’on lève
le piston, la soupape s’ouvre ; le bambou se remplit d’a ir, qui est refoulé
ensuite avec force par la descente précipitée du piston. Mais afin
d’avoir un courant d’air continu, on place deux cylindres du même genre
l’un à côté de l’autre; le seul homme qui suffit pour les manoeuvrer, a soin
LIVRE i i f — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 68 1
de baisser toujours un des pistons quand il relève l’autre. Je crois cet
appareil d’origine indienne, et je me fonde sur l’examen d’un des bas-
reliefs des ruines du temple indien de Soukouh sur l’île Java, dont Craw-
furd donne fe dessin ( 1 ) : le soufflet timorien s’y trouve exactement représenté.
On trouvera un dessin aussi très-soigné, du soufflet dont il
s’agit, dans l’Atlas du Voyage aux Terres australes, 2.e édition (pl. 46.)
Rarement les forgerons timoriens ont-ils une enclume ; une grosse
pierre dure en fait fonction : les étaux sont encore moins communs chez
eux. Les ouvriers chinois sont beaucoup mieux montés en outils : indépendamment
de ces pièces essentielles, ifs ont des bancs à tirer les
métaux , des marteaux, des limés, des estampilles, &c. Le charbon de
bois est Je seul combustible dont les uns et les autres fassent usage pour
les travaux de leur profession.
J ’ai vu , chez un orfèvre chinois, à Coupang, un soufflet de forge
construit sur les mêmes principes que le précédent, mais plus simple à
quelques égards. Il se composoit d’une seule caisse prismatique en bois,
de cinq pouces en carré, sur un pied et demi de longueur; elle étoit
placée horizontalement, et de manière que son milieu correspondît à
un conduit creuse dans un massif épais en briques, communiquant avec
le foyer. Ce tuyau s’ajustoit encore avec le milieu de la boîte. Une soupape
étoit placée aux deux extrémités, tandis qu’un -piston, mobile suivant
sa longueur, tantôt vers un bout, tantôt vers l’autre, produisoit, à
l’aide du jeu alternatif des soupapes , un courant d’air presque continu.
. Orfèvres. — Ce sont les Chinois seuls qui travaillent l’or à Timor; du
moins n avons nous pas ouï dire que les naturels du pays se livrassent
a cette occupation, malgré 1 usage quont les rajas de l’intérieur de porter
parfois en écharpe des serpens d’or en filigranes. Il n’en est pas de même
sur l’île Dao, voisine de Rottie (voyez pl. 15), dont les habitans sont
en ce genre des ouvriers très - renommés ; les chaînes et les bracelets
à jour quils fabriquent sont d’une délicatesse et d’une perfection surprenantes.
Tissage des e'toffes. — L ’art de tisser les étoffes de coton, ou mêlées
de coton et de soie, est parvenu à Timor à un degré de perfection qui
(1) Op. cit. t. II.
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