
piti la-ravine là! Mo. dix non', marron (i) seroit entré dans le bois en montant par
même ça, fanigasse! Parié noir madam Lis- cette petite ravine là. ! Moi dire non ! ce
sir, ça qui te couri (2) n’a pas lon-tems là. doit être un noir marron cela, enfant de
Mo sivré latarace,mo sivré,mç sivré, sivré,- g . . .! Je parie que c’est ie noir de ma-
monfiçi en bas mon le-bras ; mo marce com- dame Lessur, celui qui s’est sauvé il n’y a
ment ici commentça; gros pié di-bois di fer pas long-temps. Moi suivre cëtte trace,
tombé là ; mo senti la Jimé, mo dire : non, je la suis, je la suis, je ia suis, monfusil
gaut n a pas loin !.Mo faire dé pas, mo sous mon bras; moi marcher par-ci et par-
baisse en bas comme ça, mo trouve son là : un gros pied de bois de fer est là. par
la-ca-çe, couvri ensembre (3) bacoua marron, terre; moi sentir la fumée, moi dire : non,
Mo dire : non ! n ’a pas comm ’ ça, asper (4) les autres ne sont pas loin ! Moi faire deux
va ! Mo va aile dréte son la-porte même, pas, moi baisse en dessous comme ca,
j ’aperçois' leur case, recouverte avec du
vacouas (5) sauvage. Je dis : Non! il n’en
sera pas ainsi, attends, va ! Je vais aller
droit à leur porte même.
Momarce.mo commence arrive (6)proce/i Je marche , je suis près de les atteindre;
même, a v’la mon li-pîé marcé la haut [j] enne mais voilà que mon pied marche sur une
brancesec, H faire (8) cararaca ; hi-i-i-i-i-i, branche sèche qui fait cararaca; hi-i-i-i-i-i
papa ! comment [<f) cerf, mo dir’ vous ; ( signe d’un prompt départ ), papa! (10)
our-r-r-r-r-r dans di-bois pa-pa-pa-pa-pa. comme un cerf, vous dis-je; our-r-r-r-r-r
Mo crié : ce Arrêté là, çanf . . .! » L i diré (signe d’une course rapide ) dans le bois
®r ■Y’ ” va ■' aapçfftoi la çourdi. » Mo parti pa-pa-pa-pa-pa (bruit des pas précipités):; "
moi. ce CommenLTto n’a pas sivrégaut’ ! — je crie: ce Arréte-là, j...-f.c» Eux dirent:
Bon! topçnse qui mo béte!’Bon morceau (1 1) ce Non, v a ! ce ne sera pas tpj aujourn
en font ainsi qu un seul mot; on. en voit de, fréquens exemples dans ce morceau : comme
la-ravine, pour ravine; le-bras, pour, bras; la-case, pour case, maison ; li-pied, pour pied, &c.
( 1 ) Marron signifie ^proprement sauvage. On donne ici ce nom aux nègres esclaves qui se
sauvent de chez leur maître pour aller vivre dans les bois.
■(2) Couri, courir, partir, se sauver.
(3) Ensembre, ensemble, avec.
(4) Asper, espère, attends.
( 5) Feuille d’une sorte de palmier.
(6) Commence arrive, signifie j’arriverai bientôt, à l’instant.
(7) Là haut, sur, dessus. -
(8) L i fa ire, elle fait.
(9) Comment, comme.
( 10) Papa. Nous n avons pas en français I équivalent de ce mot créole, qui signifie monsieur,
d’une classe inférieure,■ en pareil cas nous dirions mon garçon. Ce nom donné par un noir à un
autre est toujours un signe de respect; il en est de meme du mot maman pour les femmes.
( n ) Bon morceau, un grand nombre, une grande quantité.
dou-monde comm’ ça, mo tou sel, mo ail
taque iaut’ : hé hé! laisse -çaut’ couHpitô! »
Mo aile dans son boucan, mo trouve ban
morceau la plimé tanke (2), ensembre la
peau batate, mo dir vous ! La plime paye-
en-qui, la paye maye en milon. Lon-tems
%ant’ té là ! Mo quitte là, mo sivre la rivière,
towtovx pour mo aile dans mon poste,
À T im o r in c lu s i v e m e n t . 4 ° p
d’hui. » Je m’en vais moi. ce Comment
(. dit un dés auditeurs ) , tu ne les as pas
poursuivis ! — Bon ! penses-tu que je sois
une bête ! Tant de personnes comme cela,
moi tout seul, moi aller les attaquer. Hé
hé ! laisse-les se sauver plutôt ! »
mo tende .comment dou-monde marcé, tsiaka,
tsiaka, tsiaka, tsiaka. Aster mo arrêté: mo
trouve Mareyanne, missié (3) Desfontaines
là. Li vini, manami (4) > farau (5), ensembre
7Îpe guingan Karikal, pariaka mi
dans lé-rein; li arriveproce moi, mo dir li:
cc Où to allé,pit. . à É Li n’a pas conné (6)
qui li vafair encor; lifni sézi,(y) ! Aster
li dir’ moi : cc Ah ! mon Die, papa, mo di-
mande vous grâce ; mo va donne vous ça qui
vous voulé ; laisse moi couri. — Vquti (8)
f._. '. . moi l’camp! Qui mofair toi moi!»
Aster mo laisse li allé, mo dir’ li : ce Couri.»
Mo sivré towçpur sentié pour gagne dans
J ’entre dans'leur boucan (1) ; je trouve
quantité de poils dp tenrec, avec des pelures
de patates, je vous l’assure! des plumes
de pailles-en-cul, de la paille de maïs en
meule. II faut que les autres ( ces gens ) ,
aient été là long-temps ! J e m’éloigne de là ,
je suis la rivière, toujours pour me rendre
à mon poste ; j’entends comme quelqu’un
qui marche, tsiaka, tsiaka, tsiaka, tsiaka
( imitation du bruit que fait une personne
qui marche sur des feuilles sèches ). A
cette heure je m’arrête : je trouve Marie-
Jeanne , de ce M. Desfontaînes. Elle
vient, mon ami, requinquée, avec une
jupe en guingan de Karikal, un paliacat
autour des reins; elle arrive près de moi, et
je lui dis : «Où vas-tu, p....’. » Elle ne sait
pas encore ce qu’elle doit faire; elle reste
stupéfaite ! Maintenant elle me dit : ce Ah !
mon Dieu, papa, je vous demande grâce ;
•je vais vous donner ce que vous voudrez;
laissèz-moi partir. -— Veux-tu me f . .. .le
camp! Queferois-je de toi, moi! » Alors
je la laisse aller, et je lui dis : « Va-t-en.»
Moi suivre toujours le sentier pour
(1) Lieu où l’on fait la cuisine. ' f 7
(2) La plime tanke, mot à mot la plume tanrec. Les noirs appellent indistinctementp/umcr, les
poils, les cheveux et les plumes proprement dites.
(3) Missié, monsieur.
(4) Manami, mon ami.
(5) Farau, élégant; mais plutôt, requinqué.
(6) L i n’a pas conné, elle ne connoît pas ; elle ne sait pas.
(7.) L i fn is é z i ; littéralement : elle est finie saisie, elle est saisie, stupéfaite, interdite.
(8) Vouti,.veux-tu.
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