
Rio de Janeiro, la révolte cïe Pernambuco, réprimée avec tant de bonheur et de promp-
Esquisse histor. > à j’aj j e ([es forces expédiées de Rio de Janeiro (i); le mariage du
prince royal D. Pedro avec l’archiduchesse Léopoldine-Caroline-Josephe
1817. d’Autriche; enfin l’arrivée de cette princesse à Rio de Janeiro, en 18 17 .
Le ro i, sentant la nécessité de peupler les vastes solitudes que la
fuite ou la destruction des habitans indigènes avoient laissées au Brésil,
accepta avec empressement l’offre qui lui fut faite par le canton de
Fribourg, de l’envoi d’une colonie suisse dans la province de Rio de
1818. Janeiro. L’obligation souscrite, le 5 mai 1 818 , par Sébastien-Nicolas
Gachet, au nom du gouvernement cantonal, portoit que cent familles
suisses,- hommes, femmes et enfans des deux sexes, avec, tous leurs
effets et instrumens aratoires , seroient nourries et transportées jusque
dans la baie de Rio de Janeiro, moyennant le prix de 100 piastres
d’Espagne [5 4 3 francs] par tête, à l’exception des enfans au-dessous
de trois ans, qui devoient passer gratis.
1819. Ces colons arrivèrent dans la baie le 28 novembre i8 ip , et furent
dirigés aussitôt vers le Nouveau - Fribourg, canton du district de Can-
tagallo (2), où des habitations leur avoient été préparées. M. le docteur
Quoy, médecin et naturaliste de l’expédition de l Uranie, a visite cet eta-
1820. blissement en 1820 , époque de notre seconde relâche a Rio de Janeiro ,
ce sera d’après cet habile observateur que nous rendrons compte de cette
intéressante colonie, dans un autre chapitre de cet ouvrage.
Nous avons suivi rapidement jusqu ici les différentes phases de
l’histoire de Rio de Janeiro; nous avons vu cette histoire se rattacher
successivement à celle du Brésil tout entier ; puis a celle de la monarchie
portugaise elle-même. Notre tâche devroit être remplie, puisque
nous voici arrivés à l’époque'où notre expédition quitta ces contrées
pour la dernière fois. Cependant les relations que j ai conservées dans
ce pays m’ayant permis de rester au courant des événemens dont il a été
j>) Les Portugais et les Brésiliens firent, à cette occasion, des dons gratuits immenses; Rio
de Janeiro seulement fournit une somme de 4 à 5 millions de francs , sans compter une quantité
considérable de fournitures en vêtemens, vivres, Sic., et tout cela dans l’espace de deux à trois
mois, afin de faciliter les -moyens de faire l’expédition contre Pernambuco. Ces preuves de
patriotisme, extrêmement honorables, prouvent a quel point 1e roi etoit aime.
(2) Voye^ pl. 1 , par 44° 4 ° ’ àe longitude.
le théâtre , je crois devoir prolonger cette esquisse historique jusqu au Rio de Janeiro.
r a ï t \ i i i Esquisse histor. moment actuel, et faire connoitre la marche tres-remarquable que les
affaires ont prise depuis notre départ.
L’Espagne venoit de recevoir la constitution des cortès ; on en projeta
une analogue à Lisbonne, qui y fut jurée par anticipation. En recevant
cette nouvelle, le roi, qui déjà venoit d’être témoin à Rio de Janeiro
de quelques mouvemens anarchiques, sur-tout delà part des troupes,
sentit la nécessité de retourner en Portugal, et de laisser le gouvernement
supérieur du Brésil à son fils D. Pedro, avec le titre de prince
régent.
Mais bientôt Bahia déclina l’autorité de ce prince, et déclara ne vouloir 1821.
recevoir des ordres que de Lisbonne; Pernambuco ne tarda pas à suivre
cet exemple ; et successivement, du consentement puis par ordre du
supremo congresso de Portugal, toutes les provinces brésiliennes en firent
autant, réduisant ainsi le régent au seul gouvernement de Rio de Janeiro.
D. Pedro s’en plaignit à son père, qui communiqua ses plaintes aux
cortès; mais celles-ci, au lieu d’y faire droit, commencèrent, avant
même que les députés brésiliens fussent arrivés, à fabriquer des lois
pour ce pays, où il étoit traité plutôt en province conquise que comme
partie essentielle de la monarchie. II ne s’agissoit de rien moins, en
effet, que d’y abolir les tribunaux, d’y établir un gouvernement militaire,
et de forcer le prince royal à repasser en Europe, non pour demeurer
à Lisbonne, mais pour voyager en Espagne, en France et en Angleterre.
Le décret qui contenoit ces dispositions , et les termes injurieux dans lès-
quels il 'étoit conçu , irritèrent au dernier point tous les Brésiliens : il fut
unanimement résolu de s’opposer au départ du prince ; la province de Rio
de Janeiro en exprima le voeu la première, le tj janvier 18 2 2 ; et bientôt 1822.
celles de San-Paulo, de Minas-Geraes et de Rio-Grande, puis les provinces
du Nord du Brésil, à l’exception de Bahia, en firent autant. Le
prince déclara enfin que, puisque la volonté générale et l’intérêt public
exigeoient qu’il restât, il resteroit.
Tout paroissoit tranquille, quand, le 1 1 janvier, la garnison portugaise
de Rio de Janeiro annonça hautement le dessein de forcer le prince à se
rétracter de sa promesse, et de le faire partir pour le Portugal. Aussitôt