
De l’homme
en société.
et placés dans une position verticale. Les corocores, ont quelquefois des
balanciers, comme on peut le voir sur notre planche 4y> d’autres fois,
ainsi que la planche 3 7 l’indique, elles n’en ont point. Quant aux pirogues
grandes et petites, elles ont presque toujours un balancier sur l’un et
l’autre bord, lorsque sur-tout.elles doivent aller à la voile.
« Ordinairement ces embarcations ne sont point pontées ; mais pour
mettre à couvert les hommes qui les montent, ainsi que les effets qu’elles
transportent, on construit une espèce de toit ou de tugue en bambou,
dont les montans, qui reposent sur íes trayerses des balanciers, régnent
dans toute leur longueur, ou s’élèvent au centre jusques à quatre pieds ou
quatre pieds et demi au-dessus du plat-bord. Des feuilles de palmier superposées
ou entrelacées terminent ia partie supérieure de cette espèce
de plate-forme,.assez solidement construite d’ailleurs pour supporter le
poids des vingt-cinq à trente hommes qui, dans les grandes corocores, se
placent fréquemment par-dessus.-( Voy. pl. 37 et 45.)
» La rareté du fer .a porté les habitans à n’en pas faire usage du tout
dans leurs constructions civiles et navales, et ils sont venus à bout de
s’en passer.
» Au lieu de clouer, comme nous le faisons, leurs bordages sur une
membrure disposée d’avance, ils suppriment cette .carcasse et assujettissent
les pièces contiguës avec des espèces de gournables ou chevilles
en bois qui les pénètrent en partie sur le champ (voy. pl. 23 ). Mais, pour
empecher que les flancs du bateau ne se rapprochent par la pression de
leau, on établit des baus despace en espace : leurs extrémités reposent
sur des taquets ménagés pour cet objet sur la face intérieure de deux
bordages latéraux opposés, qui, en conséquence, ont été taillés plus
épais que les autres (voy. pl. 2.4 )• Ces taquets, percés de haut en bas,
ainsi que le sont les extrémités correspondantes du bau qui repose dessus,
sont réunis par un fort lien de rotin ou de quelque autre substance
textile, bien souvent tirée du brou du coco.
“ Cette manière de maintenir les bordages dans la position que le
constructeur leur assigne, rend 1 emploi de ia membrure moins nécessaire
chez ces peuples que chez nous; aussi presque tous les bateaux de Timor
et des îles voisines n’en ont pas.
LIVRE m — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 685
>j En général, les formes de l’avant et de l’arrière des corocores ne
diffèrent guère l’une de l’autre, et sont parfois tellement semblables, qu’on
ne peut les distinguer qu’en faisant attention aux gouvernails placés à la
poupe. Les grandes corocores, en effet, en ont deux disposés latéralement,
de la manière suivante : une planche un peu épaisse, fixée sur le
plat-bord, est percée d’un trou assez grand pour que la tête du gouvernail
puisse y passer ; cette ouverture fait l’office de jaumière ou d’étam-
brai ; un gond pris dans la mèche même entre dans Une penture ménagée
sur i’étambot, et sert à fixer le gouvernail dans la position convenable.
Une sauve-garde en corde, semblable à celle de nos canots, a pour but
aussi de retenir le gouyernaii, dans le cas où un coup de mer, ou bien un
échouage, viendroit à le démonter. Pour la commodité du timonnier,
une barre ou une forte cheville en hois traverse la tête du gouvernail
d’outre en outre, dans le sens de la largeur du bâtiment, et sert à le
manoeuvrer.
Voilure. — « Les corocores n’ont ordinairement qu’une voile rectangulaire,
dont le grément consiste en une drisse et deux bouts de corde
placés aux deux points inférieurs, destinés à servir alternativement d’écoutes
et d’amures. Le mât est en bambou, quelquefois vertical et maintenu par
des cordages : d’autres fois, il est incliné de l’avant à l’arrière, de manière à
pouvoir remplir en même temps les fonctions d’étai; mais dans ce cas,
deux autres bambous , placés latéralement, font l’office de haubans , et se
réunissent au sommet en forme de bigues avec celui qui figure le mât.
( Voyez pi. 3 7. ) 11 est rare, mais non pas sans exemple , qu’il y ait quatre
bambous réunis.
» La voile se compose quelquefois d’une pagne, ou d’une étoffe grossière
du pays; mais elle est plus ordinairement en natte, c’est-à-dire
tissée en feuilles de palmier. Quand elle n’est pas déployée, on la roule
sur sa vergue, et on l’élonge de l’avant à l’arrière du bateau.
» Sur toutes les corocores que nous avons vues, le mât étoit placé à un
tiers de l’avant à l’arrière du navire. Les balanciers, qui sont fort longs,
touchent constamment à i-’eau, ce qui doit un peu nuire à la marche de
ces embarcations;, il est vrai quelles ont besoin de tels contre-poids, car
leur largeur est en général fort petite* J ’en ai vu une qui étoit construite
De l’homme
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