
Habitans
primitifs.
» l’vn aprez l’autre, ils leur frottent le corps , les bras, cuisse%pt iambes
» du sang de leurs ennemis. »
Quand la chair du prisonnier ou des prisonniers mis sur le boucan
étoit cuite, les assistans se réjouissoient à l’entour : « auec oeillades et
» regards furibonds, ils contemplent les pièces et membres de leurs en-
» nemis ; quelque grand qu’en soit le nombre, chacun, s’il est possible,
» auant que de sortir de là , en aura son morceau. » Tout , jusqu’aux
intestins, étoit dévoré par eux : « i’excepte toutesfois la ceruelle, dit de
» Léry, à laquelle ils ne touchent point. »
Les ossemens , réunis ensuite en tas dans leurs villages, étoient
considérés comme des trophées de leurs victoires, des gages de leur
vaillance, qu’ils aimoient à montrer avec orgueil.
Si « les femmes qu’on auoit baillées aux prisonniers demeurent grosses
» d’eux, les sauuages qui ont tué les pères , ailegans que tels enfans sont
» prouenus de la semence de leurs ennemis ( chose horrible à ouïr et
» encore plus à voir), mangeront les vns incontinent après qu’ils seront
» naiz : ou selon que bon leur semblera, auant que d’en venir là, ils
» les laisseront deuenir un peu grandets, »
C H A P IT R E VIII.
De la Colonie portugaise de Rio de Janeiro.
D é t o u r n o n s nos yeux d’un aussi dégoûtant spectacle, triste fruit de
la dégradation de l’homme, et reposons-les sur des objets plus satisfai-
sans et plus doux. La colonie européenne que les Portugais ont établie
sur ces bords, va se présenter ornée des avantages qu’elle doit à une
civilisation déjà ancienne : nous la suivrons dans ses développemens
successifs , en l’envisageant sous les rapports de 1 etude de l’homme physique,
dès moeurs, des usages, de l’industrie et du régime politique;-ce
sera la matière de ce chapitre,
s. i.4r
Diversité des races; vie physique; maladies»
Chose étrange! la race indigène, jadis si multipliée, forme aujourd’hui
la plus petite partie, la partie la plus misérable des habitans de ces contrées.
On a déjà pu en pressentir les causes ; mais, devant les développer
nous-mêmes ailleurs, nous nous bornerons ici à cette seule remarque.
Des Portugais bu descendans de Portugais, plusieurs familles suisses,
beaucoup d esclaves africains du Congo , de Benguefa , de Cabinde
et d Angole, quelques métis provenant du croisement des Européens,
soit avec les naturels du pays, soit avec les nègres (1); tels sont les
élémens divers dont la population de Rio de Janeiro se compose : car
nous ne saurions ranger dans une catégorie distincte le petit nombre
de marchands ou d’ouvriers des autres nations qui, abandonnant le sol de
la patrie, sont venus porter sur ce point leur industrie ou leur fortune.
On sait que 1 action des climats équatoriaux accélère singulièrement
( 1) II ma paru que les métis d’Européens et d’indigènes étoient plus particulièrement
nommés mamelucos dans le pays ; et qu’pn réservoit Le nom de mulato [ mulâtre 1 pour les
métis d’Européens et de nègres.
Voyage de Y Uranie. — Historique. y
Diversité
des races.
Vie physique.