
éologie. marines, est couverte de montagnes dont les plus élancées ont de 4 16
à 424 toises de hauteur. Quelle prodigieuse puissance n’a - t - i l pas
fallu aux feux souterrains pour produire et faire sortir du sein des eaux
toute une vaste contrée ! Aujourd’hui des débris de matières volcaniques,
disséminés de toute part, y attestent seuls ces terribles convulsions de
la nature , et l’on aperçoit à peine quelques traces des cratères qui
vomirent Ces montagnes de lave, dont la surface, décomposée par succession
de temps, est recouverte de forêts jusque dans leurs parties les
plus élevées ! Ce seroit à tort qu’on voudroit supposer au centre de
l’île un foyer unique, qui se seroit abîmé sur lui-même, après avoir
donné naissance aux terrains d’alentour. Pour étayer une pareille hypothèse,
on a dit que les montagnes sont abruptes vers l’intérieur et en
pentes inclinées du côté de la mer. Mais cette observation est loin d’être
- générale : d’ailleurs, plusieurs grandes coulées ne partent pas du centre
de l’île ; bien plus, il y en a , comme l’a fort bien fait remarquer M. Bory
de. Saint-Vincent pour l’îlot du Coin-de-Mire, qui prennent leur direction
oblique .vers l’île principale ; et celles-là font nécessairement conjecturer
que le gouffre ignivome qui les rejeta de son sein, est maintenant
caché dans les profondeurs de la mer ( 1 ).
Il faut donc renoncer à l’idée que ces diverses montagnes, dont
quelques-unes sont tout-à-fait isolées, ont reçu d’un centre unique leur
existence, et croire qu’elles sont dues à plusieurs foyers séparés , dont,
avec quelque attention, nous apercevrons des traces sur divers points.
« On verra les premières et les plus puissantes de ces traces à
du niveau de la mer est-il mis par-là également hors de doute! On peut le supposer; mais il
est permis de supposer aussi que, par l'effet très-connu des tremblemens de terre, des portions
de terrains, habituellement submergées autrefois, auront été soulevées au-dessus du niveau
actuel de l'Océan.
(1) De tous ces rochers épars, le Coin-de-Mire est le plus digne de fixer l’attention
du géologue : vu du côté de l’Est, il a la forme d’un monticule ordinaire; mais lorsqu’on
le double et qu’on l’aperçoit par le Nord ou par le Sud, il présente un bien autre aspect.
Coupé à pic du côté occidental, on distingue dans sa cassure qu’il est formé de laves superposées
et qui ontijpQuIé les unes sur les autres successivement: ces couches sont très-inclinées
de l’Ouest à l’Est; de sorte qu’on ne peut attribuer la formation du Coin-de-Mire qu’aux éjections
d’un cratère qui existait autrefois, au lieu même où nos vaissèaux fendent les vagues.
( Bory de Saint- Vincent, Voyage aux îles d’Afrique, tome i , page 153 .)
LIVRE IL — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v ê m e n t . 377
la ville de Port-Louis même, bâtie au fond du plus large cratère qui ait
probablement existé. La moitié seule de ses parois subsiste aujourd’hui
, et forme un vaste cirque limité par les hauteurs du Pouce et de
Piter-lot, deux montagnes élevées de plus de 400 toises, et, sur quelques
points, coupées à pic comme des murs. C’est en rade quil faut chercher
la continuation des rebords de ce cratere, qui , en s affaissant sur eux-
mêmes, ont disparu sous les eaux en même temps que l’Océan a fait
irruption dans son enceinte. Que de temps a du s ecouier depuis cette
époque, puisque déjà des polypes du genre astree, entremêles de magiies,
ont pu élever sur la lave un vaste banc recouvèrt par d’autres laves!
» Si l’on vouloit développer davantage l’examen de ces grandes formations
ignées et de ces changemens prodigieux dont on n’a plus aujourd hui
d’exemple, il faudrait nécessairement y comprendre l’île Bourbon, - qui
n’est distante de la première que de trente lieues : un volcan y est encore
en activité, et les masses entassees par les éruptions souterraines y sont
bien autrement élevées qu’à l’Ile-de-France. Quoique, ces îles n aient plus
entre elles aucune terre , il est probable qu aux époques reculees dont
il s’agit, toutes les deux formoient un même ensemble.
» La seconde trace de ces grands soupiraux ignivomes s’est offerte à moi
au lieu connu sous le nom du Grand-Bassin, situe au point culminant d une
petite chaîne de montagnes d’environ 300 toises de hauteur : cetoit tres-
certainement un cratère à contours irréguliers, qui , lorsque le volcan s est
éteint, pouvoit avoir 2000 toises de circonférence. Sur la gauche du point
par où l’on y arrive, il existe des portions de.¡ses parois, très-élevées et
couvertes d’arbres. Son enceinte forme un lac dune profondeur que Ion
dit considérable ; au milieu est un petit îlot représentant un de ces cônes
que l’on remarque assez souvent dans l’intérieur des volcans à large bouche.
» i Sans doute on découvrirait encore a 1 Ile-de-France des traces de cratères
secondaires, dont l’action a dû contribuer a 1 exhaussement de quelques
portions du sol. Je n’en connois qu’un de ce genre, situe dans la propriété
de M. Frappier, sur les bords de la Grande-Rivière du Port-Bourbon ,
dans un petit bois, et à quelques centaines de toises du rivage : la
mer, pendant les marées un peu fortes, y communique , assure-t-ôn, par
des conduits souterrains. La forme de ce bassin ( connu sous le nom de
Bbb*