
Rio de Janeiro. Traite des nègres. Cabinde, Angoie, Benguela et Mozambique sont
Description. [es part;es j e l’Afrique d’où , en 1818, les Brésiliens tiroient le plus
feiolonie portiîg.' | J r grand nombre d esclaves. Ce sont de riches jiégocians qui se livrent à
ce genre de spéculation, et qui vendent ensuite les cargaisons tout
entières de nègres à des Ciganos [ Bohémiens] (i), des mains desquels
ils passent dans celles des particuliers. Rien n’est hideux comme de voir
les espèces de magasins où sont entassés ces esclaves, et le régime plus
qu’inhumain auquel les Ciganos les soumettent. « J’ai vu ces pauvres créatures,
dit M. Gabert, et mon ame en a été déchirée ! J’ai vu la nourriture
qu’on leur donnoit; l’animal le plus vil l’eût rejetée, tant elle étoit
détestable : et ils étoient obligés de s’en disputer les morceaux ! ! Les
deux sexes confondus étoient entièrement nus, n’ayant qu’un morceau
de toile ou d’étamine autour de leurs hanches. O pudeur ! dans ces antres
d’abomination on craint encore de te faire rougir !.... « Ordinairement
assis en cercle, par terre, ces êtres infortunés attendent avec impatience,
recherchent même par tous les moyens d’entraînement qu’ils possèdent,
que quelque nouveau maître les achète, bien persuadés qu’ils ne peuvent
que gagner à un changement de situation que la plus barbare cupidité a
pu faire naître et puisse contempler sans horreur !
Si l’on excepte quelques circonstances fortuites, telles qu’une guerre
actuelle ou imminente, les prix courans des nègres de première qualité
sont :
Pour un de vingt ans........................ .................... 8oo fr.
Pour un de dix ans ou environ. .............................. dyo
Pour un de cinq ans..........................................................400
Les négresses se vendent à-peu-près le même prix ; enfin, si le sujet a
quelque métier lucratif, il vaut au moins le double.
Halles J e ne parierai point ici des magasins où les négocians déposent leurs
et marchés, marchandises, quoiqu’il il y en ait un grand nombre à Rio de Janeiro, appropriés
aux différens genres de marchandises ou de denrées qu’ils doivent
recevoir; j’entends par halles et marchés les lieux où se vendent chaque
jour au détail les denrées convenables aux consommations de la ville. La
plupart des gens qui les approvisionnent sont établis en plein vent; les
(i) Voye^ plus haut, page J97.
autres sont à peine abrités sous de méchantes baraques' recouvertes en Rio de Janeiro.
. • / t i Description. paille, et du plus triste comme du plus misérable aspect. . r f r r 1 Coiome portug.
Tous les six mois une ordonnance de police défend de vendre sur de
certaines places ; mais il est assez d’usage qu’on ne tienne aucun compte
d’une telle prohibition : les infracteurs paroissent savoir très-bien qu’avec
un peu d’argent ils esquiveront toutes ces peines comminatoires dont on
a l’air de les eifrayer.
Transports par terre. — Dans l’intérieur du Brésil, le transport des mar- Transport
chandises se fait presque toujours à dos de mulet pour les grandes dis- marchandises.
tances ; dans la ville et ses environs, ce sont les nègres qui portent
les fardeaux sur leur tête. Chaque muletier conduit ordinairement un
nombre assez considérable d’animaux , et jusqu’à trente ou même
cinquante ensemble; il n’est pas rare de rencontrer, en un même jour,
sur les routes principales, des convois de plusieurs centaines de mulets
chargés, et de grands bestiaux destinés à l’approvisionnement de la ville.
Chaque mulet porte un poids de d à 12 arrobas, [¿environ 180 à 350
livres ]’, selon que les marchandises sont plus ou moins encombrantes;
quelquefois on se sert d’ânes pour le même usage. Le prix ordinaire
du transport à dos de mulet, depuis Rio de Janeiro jusqu à Villàrica,
dans la province de Minas-Geraes, c’est-à-dire, pour un intervalle
de cinquante - cinq lieues moyennes environ, est, d’après Eschewege,
de 1 000 reis par chaque arroba pesant [d francs 23 centimes par
14,7 kilogrammes, ou 42 francs 50 centimes par quintal métrique];
le transport pour le retour, entre les mêmes lieux, n’est, d’après la
même autorité, que de 800 reis [5 francs]; différence qui se conçoit,
puisque pour ce dernier trajet on a beaucoup moins à monter qu’à descendre.
Le mauvais état des chemins empêche qu’on fasse usage de
voitures. La négligence du Gouvernement , non-seulement à améliorer ou
à entretenir les routes qui existent, mais à en établir de nouvelles, est
un des plus grands obstacles qu’éprouve le commerce intérieur.
Nature des chemins. — Il n’est pas rare, même à une très-petite distance
de la capitale, de rencontrer des chemins tellement horribles que souvent
les mulets se cassent les jambes en y marchant. De là il est facile de
conclure que le spéculateur qui desire transporter ses denrées, en est
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