
De l’homme
en société.
Religion
chrétienne.
difficultés, provenant pour la plupart, à ce qui! paroît, de l’incorrection
de la copie, M. Abel-Rémusat, qui a bien voulu les examiner, les a
trouvées curieuses, en ce qu’elles portent une date prise des années du
règne des empereurs de la Chine; ce qui prouve, contre l’opinion reçue,
que l’autorité de ces souverains n’est pas méconnue des colons chinois
de Timor.
« Les couleurs dont sont marquées les différentes parties des phrases
» ont rapport aux objets signifiés : le bleu, aux défunts; le jaune ou l’or,
» aux choses relatives au gouvernement ; le rouge, aux personnes vivantes ;
et, suivant toute apparence, le vert à des idées astrologiques (i). Voici
» ce qu’on a pu déchiffrer d’essentiel :
» N .° i . Hoang thsing, auguste dynastie Thsing'[ce lle des Mandchous).
» Khidn^loang, keue'i mao : ( 1 783 ), au milieu de l’automne, un heureux
matin.
» (Tombe d’une femme de la famille Kouo, &c. L e reste ne peut se
lire .)
N.° 2. Huitième année Kia-khing : ( 1803 )., au commencement du printemps,
&c.
» (Tombeau d’une femme, & c ., érigé par son gendre, & c .)
» N .° 3. Dix-huitième année Kia-khing : ( 1 8 1 3 en été , unbeureux matin, on
a enseveli, &c.
*> ( Tombeau d’un lettré, dont on ne peut lire le nom.) jjjj
» On voit, par ces épitaphes, que le nom de la flynastie chinoise occupe
« la partie supérieure n.° 1 ; le nom du règne, l’année, le mois'et le jour
» des funérailles, la première ligne à droite.
» Le titre, le nom et le surnom du défunt, avec un court éloge, la
« partie moyenne, en un signe ou deux; et les noms e*qualités de ceux
» qui ont élevé le tombeau, la dernière ligne (à gauche), laquelle est
» toujours plus courte par respect. « Je dois ces'explications à l’inépuisable
complaisance de-M. Abel-Rémusat.
La religion chrétienne, arrivée à Timor avec les Portugais, étendit jadis
sa doctrine dans tous les royaumes où ces intrépides conquérans pénétrèrent.
Le zèle des ecclésiastiques ' qui les accompagnoient répandit
(1) Les parties qui portent une autre teinté sur le dessin, répondent aux lettres dont la cou-
leur étoit êfPâçgh.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r i n c lu s i v e m e n t . 6 6 1
chez les néophytes l’instruction .avec les principes de la foi. Les mis- lie
sions étoient desservies par un moine dominicain dans chaque petit De
royaume, et par deux dans les plus grands. Le nombre des églises qui
furent bâties, dans ces temps de ferveur, s éleva a plus de cinquante;
quelques-unes, et celle de Coupang entre autres, changèrent plus tard de
destination, par suite des conquêtes des Hollandais. Mais ce qui porta
sur-tout un notable dommage au catholicisme, ce furent ces mesures,
fatales soüs tant de rapports, qui, ayant mis l’administration portugaise
sous la dépendance immédiate de la colonie secondaire de Macao,
firent refluer à Timor une multitude de gens avilis et dégradés, comme
nous l’avons dit plus haut.- ( Voy. pag. 5 3 5 .)
La débauche et .les mauvaises moeurs devinrent la suite inévitable
de ce système : bientôt l’erreur se mêla à la vérité ; les superstitions,
long-temps combattues, reprirent leur empire;-l’instruction fit place à
l’ignorance; la.foi se corrompit; les pratiques absurdes du paganisme
remplacèrent, chez le peuple, celles d’un culte épuré, qui parvint rapidement
à cet odieux et ridicule mélange qui ne montre presque que
l’idolâtrie sous l’écorce du christianisme,,
Jadis un évêque résidoit à Timor, et avoit avec lui un grand nombre
d’ecclésiastiques ; mais, en 18 18 , il ne restoit plus qu’un seul de ceux-ci
à Dillé; les autres étoient morts, et il ne s’en trouvoit aucun dans l’intérieur
de l’île, Combien est loin le temps où la plus grande punition que
les gouverneurs pouvoient infliger aux rajas révoltés, étoit de ne pas leur
envoyer les missionnaires qu’ils réciamoient d’eux avant toutes choses i
Cependant les métis portugais de Timor se montrent encore très-fortement
attachés à la religion catholique. Heureux si cette lueur, quoique
vive, ne finit pas bientôt par s’éteindre tout-à-fait au milieu des
ténèbres de l’ignorance et de la contagion du mauvais exemple !
Les Hollandais, comme le remarqua jadis Péron (1), s’occupent moins
de religion que de leur commerce; et quoiqu’ils aient une sorte de temple
à Coupang, il ne paroît pas qu’ils le fréquentent avec assiduité.
Ce lieu de réunion des religionnaires bataves n’est autre chose qu’un
des anciens magasins de la Compagnie des Indes, établi dans le fort Conl'homme
société.