
où il convenoit de le prescrire ! Et tout cela parce qu’aucune règle sûre,
aucune théorie physiologique satisfaisante, n’étoient venues éclairer le
praticien sur la cause réelle d’une' affection dont le système curatif se
réduit maintenant à quelques-formules simples.
» En Europe, lorsque la dysenterie n’est pas^compliquée, c’est-à-dire,
lorsqu’elle se borne à l’inflammation du colon et ne' devient pas entérite
, il est rare qu’elle résiste aux moyens que l’art peut lui opposer :
mais il n’en est pas de même dans les climats brûians qui avoisinent
l’équateur ; là souvent la maladie fait des progrès si rapides, qu’en peu
de-jours, au lieu d’une colite qu’on croyoit avoir à traiter, on a une
vraie entérite. C’est ce qui nous est arrivé, au moins pour la moitié des
hommes que nous avons eus à soigner. -
» Quoi qu’il en soit, la modification qu’on doit apporter au traitement
dans les pays chauds, consiste à agir avec plus d’action et de persévérance,
à ne perdre jamais de vue et à faire surveiller avec soin des
malades toujours insoumis lorsqu’il s’agit d’une diète rigoureuse, diète
qu’il est si facile d’enfreindre à bord des vaisseaux.
» Nous disons qu’il faut agir avec énergie ; d’abord à cause de la disposition
du mal à devenir intense, et parce qu’il est rare qu’un-matelot,
malgré les recommandations les plus fortes, vienne s’en plaindre dès
l’origine. Cette sorte d’amour - propre mal entendu a été plus d’une
fois funeste à ces hommes précieux ; il en résulte que c’est presque toujours
une colite de plusieurs jours qu’on a à traiter.
» Le malade sera mis à la diète la plus rigoureuse ; les tisanes seules
tiendront lieu d’alimens pendant tout le temps que les symptômes inflammatoires
se maintiendront élevés: ces tisanes doivent être celles d’orge,
de riz, d’eau gommée ou sucrée, sans addition d’aucun acide, si ce n’est
vers la fin de la cure, qu’on pourra en faire usage pour diminuer la fadeur
des boissons. Il faut en même temps appliquer à l’anus un plus ou moins
grand nombre de sangsues., selon l’intensité du ,mal et laforce du sujet ; .y
joindre la saignée au bras, si l’homme est robuste et d’un tempérament
sanguin. L’action de ces premiers moyens sera favorisée, i.° par des
bains seulement tièdes (il est des parages où l’eau de la mer a une
température convenable, sans qu’on prenne la peine de la chauffer);
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 609
2.° par des fomentations de graine de lin sur l’abdomen , dans l’intervalle
des bains ; 3.0 enfin par des demi-lavemens préparés avec la même
substance.
» Comme il est rare que l’irritation qui se fait sentir au fondement
ne s’étende pas dans la région du colon, on appliquera, en même temps
qu’à l’anus, 8 ou 10 sangsues sur les points douloureux de l’abdomen.
C’est ainsi qu’on prévient souvent une inflammation générale des intestins.
Si ces moyens apportent du soulagement, on s’abstiendra le lendemain
de toute médication, pour la reprendre les jours suivans, plus ou
moins forte, dans le cas où la maladie, n’étant pas enrayée, continueroit
de s’accroître; et à moins qu’elle ne soit très-grave, il sera toujours
bon de mettre un jour d’intervalle entre les saignées. Ce précepte, applicable
principalement aux pays chauds, est motivé par les sueurs
abondantes qui, jointes aux boissons aqueuses, jettent promptement le
malade dans une débilité et un malaise fort pénibles à supporter.
« La saignée au bras ne doit être pratiquée qu’une fois dans les sujets
robustes, et tout au plus deux; mais il convient que les sangsues à l’anus
et sur le trajet du colon soient appliquées tant qu’il y aura des symptômes
d’irritation. Il est un Cas cependant'où l’on doit s’en abstenir,
même au début de la maladie; c’est lorsqu’elle se juge d’elle^même par
une crise hémorrhagique, et que le malade rend du sang pur et coulant
par les selles : si, après cet écoulement de bon augure, il y avoit encore
de l’irritation au colon, on devroit se servir de sangsues.
*> Ne pouvant donner ici qu’un aperçu du traitement général de la
dysenterie, qui, à l’époque où nous sommes, demanderait un ouvrage
ex professa fait selon les principes de la médecine physiologique, nous
nous bornerons à dire que la diète et les saignées locales ne doivent
être continuées qu’autant qu’on entrevoit l’espoir d’enlever la cause de
la maladie ; car s i, par l’effet de ces moyens, de mortelle qu’elle eût été,
elle passe à l’état chronique, il faut alimenter le malade et cesser les
saignées, pour essayer de les reprendre, mais moins fortes, quelque temps
après.
» L’alimentation se fait d’abord par de légers bouillons ; puis on donne
du riz, des panades, des confitures, enfin du poulet, que maintenant
Hhhh*
D e l’homme
comme
individu.