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ouragans.
Le climat de l’Ile-de-France est en général sec ; mais dans le quartier
militaire, et celui de Moka qui l’avoisine, l’humidité est assez
remarquable ; ce qui doit être attribué à la plus grande élévation de ces
points, qui est denviron 200 toises au-dessus du niveau de la mer,
quoique leur distance de Port-Louis soit seulement de 4 milles à vol
d’oiseau. Il ne paroît pas que le voisinage des bois, d’ailleurs peu nombreux
dans ces quartiers, en soit la véritable cause.
La rosée est très-rare près des bords de la mer; il n’en est pas de même
dans les parties hautes de l’île, où elle est souvent abondante.
M. Lislet-Geoffroy a tenu note, pendant plusieurs années, du nombre
de jours où il a plu à l’Ile-de-France, comme aussi de la quantité de
lignes d’eau tombée chaque mois. Il a été facile de conclure de ces remarques,
qu’on peut compter annuellement au Port-Louis :
1 .° Sur soixante-dix-neuf à cent vingt-neuf jours de pluie ;
2. Sur la chute de y j 1 a p o j lignes d’eau;
3 • Que février sera le mois où il pleuvra le plus souvent, et septembre
celui où il pleuvra le moins ;
4 ° Quil tombera aussi plus d’eau en février et moins d’eau en septembre
que pendant les autres mois de l’année ;
5 Que les mois où il pleut le plus seront décembre, janvier, février, mars
et avril, et ceux où il pieutle moins, juin, juillet, août, septembre et octobre ;
6. Que la quantité moyenne d’eau qui tombe en un jour, est la plus
grande en décembre, janvier et février, et la plus petite pendant les
mois de juin à octobre.
L’Ile-de-France est située sur la bande des vents alizés du Sud-Est; et
quoique ces vents n y soufflent pas toute l’année sans interruption et surtout
sans varier d intensité, ce sont céux-là néanmoins qui dominent en
général. Seize années d’observations de M. Lislet-Geoffroy, que j’ai soumises
à l’analyse, m’ont appris que la direction des vents dominans sur
ce point doit être répartie ainsi qu’il suit :
En Janvier.. . . . H Sud' £st- £n Mar , ( Sud-Est.
( variables. J Nord-Ouest.
— f ^ r i e r J ï S j ® _ _ ï Sud-Est.
( £ st- 1 Est-Çud-Est. '
LIVRE II. — D u B r é s il À T IM O R IN C LU S IV EM EN T . 3 69
En Mai. . . . . . . .1[ Sud-Est.
! Est.
[ Sud-Est.
| Est.
En Septembre. . . |
Météorologie
et physique.
— Juin..................| | Sud-Est. — O c to b r e .« ...]
ï variables.
1 Sud-Est.
— Ju ille t.............1[ Sud-Est.
[ Est.
— Novembre . . . 1i Sud-lÿt.
[ Nord-Ouest.
— .Août................! [ Sud-Est .
( Est.
— Décembre.........
[ Sud-Est.
( Nord-Est.
Les vents alizés sont le plus complètement établis à l’Ile-de-France dans
les mois de mai, juin, juillet, août et septembre; mais c’est en octobre ,
puis en janvier, que l’on doit en général s’attendre à trouver des vents
variables. L’influence des brises de terre et de mer se fait ordinairement
sentir près de terre ; quelquefois néanmoins le vent alizé prend le dessus,
et nous l’avons vu nous-mêmes souffler une fois forte brise pendant
soixante-douze heures de suite. Nos remarques particulières nous ont
également appris que les vents de la bande de l’Ouest sont rares à l’Ile-
de-France, quoiqu’ils le soient moins cependant que ceux du Nord.
Pendant les fortes chaleurs, c’est-à-dire, depuis décembre jusqu’en mars,
des ouragans impétueux désolent presque annuellement ces contrées , et
deviennent pour la colonie de véritables fléaux. Les plus violens dont
on ait conservé la mémoire, sont ceux de 17Ô0, 17Û1, 17 6 6 , 1772,
1.773 > 178^> 1785?, 1818 et 1824. L’ouragan de cette avant-dernière
époque fut un des plus désastreux : les signes précurseurs accoutumés
n’eurent point lieu cette fois ; aussi les marins du port et les habitans
des campagnes négligèrent-ils de prendre les précautions que la prudence
conseille lorsqu’on est menacé d’un coup de vent. Peu de navires
renforcèrent leurs amares ; aucun habitant ne songea à couper les
tiges de manioc pour en sauver les racines ; et lorsque à la fin du jour
(le 28 mars), l’ouragan commença ses ravages, tout le monde étoit dans
la plus complète sécurité. La force du vent, toujours croissante, et la
descente rapide du mercure dans le baromètre, ne laissèrent bientôt plus
de doute sur l’imminence du fléau dont on alloit éprouver les terribles
effets. Cette scène de destruction et d’horreur eut lieu pendant la nuit:
quarante navires à l’ancre, au nombre desquels se trouvoit une frégate
anglaise , échouèrent et se crevèrent sur la côte, ou éprouvèrent d’autres
A a a *