
de Terra nova da Santa-Cruz (1), et en prit possession au nom de son
souverain. II découvrit ensuite Porto-Seguro, y entra, et, se hâtant de
continuer son voyage , renvoya un de ses vaisseaux en Portugal pour
rendre compte au Roi de sa découverte.
Une nouvelle escadre, commandée, à ce qu on croit, par Gonçalo
Coeiho, fut armée aussitôt pour aiier explorer plus expressément ces
parages. Elle sortit du Tage en mai 1 501 , et fut bientôt suivie d’une
seconde, sous les ordres de ChristovaS (2) Jacquez, avec la même destination.
Le résultat de ces voyages a été une reconnoissance générale des
côtes du Brésil dans le Sud, jusqu’à la hauteur du cap des Vierges.
Depuis lors, les mêmes rivages furent souvent aperáis et visités par
divers navigateurs portugais ou espagnols, entre autres par Améric Ves-
puce (3), et par Juan Diaz de Solis, de cette dernière nation. Celui-ci
paroît être le premier qui, en 1 5 1 5 , soit entré dans la baie de Rio
de Janeiro. Magellan la visita aussi en 1 5 19 , et donna à cet enfoncement
le nom de Bahia da Santa-Lu^ia, parce quil y etoit entré le 13 décembre.
Plusieurs années s’écoulèrent sans que le Portugal parut s occuper du
Brésil; enfin, en 1530, le Roi Dom Joa5 III fit armer une flotte qui,
sous le commandement du célèbre Martim Affbnso de .Souza (4) , eut
ordre d’aller de nouveau explorer les côtes brésiliennes depuis Bahia
jusqu’à Rio de la Plata, et d’établir une colonie dans le lieu qui lui
paroîtroit le plus convenable.
Le résultat des explorations précédentes étoit encore si imparfaitement
connu, que Souza crut faire une découverte, lorque, le 1 .er janvier 1 53 1,
il arriva à l’entrée de la baie qu’il prit pour l’embouchure d’une rivière,
et à laquelle en conséquence, et à raison de l’époque de l’année où l’on
se trouvoit, il donna le nom de Rio de Janeiro [ Rivière de Janvier ].
(1) Le b o i s d e t e in tu r e a p p e lé pâo br&zil o u brésil, a f in i par d o n n e r s o n n om à l a c o n t r é e
e n t iè r e où le s s p e c u la t e u r s 's o n t a i le s d a b o r d le ‘C h e r c h e r .
(2) La lettre portugaise ô représente ici, comme on sait, l’zn ou plutôt I n française; il faut
donc lire Christovan et non Christovao, comme j’ ai vu plusieurs personnes disposées à le faire.
(3) On sait qu’Améric Vespuce étoit Florentin, mais qu’il navigua successivement pour le
compte des rois d’Ëspagne et de Portugal,
(4) Qui fut depuis vice-roi des Indes.
LIVRE I.er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c lu s i v e m e n t . 43
L’amiral portugais descendit à terre à Praia Vermelha, dans le voisinage
et en dehors de Pa6 de Assucar [le Pain de Sucre ] , à gauche de
l’entrée du havre (voyez pl. 2 ). Il explora le terrain d’alentour; mais,
craignant d’exposer ses gens aux hasards d’une guerre désastreuse avec
les Indiens, qui lui montroient des dispositions hostiles,, il remit à la
voile, et alla établir sa colonie sur l’île San-Vincente, à l’entrée de la
baie de Santos (1).
Jean III, sachant que les Espagnols s’étoient fixés sur les bords de
Rio de la Plata, et que les Français faisoient tout ce qu’ils pouvoient
pour se maintenir à Pernambuco et à Bahia, résolut d’envoyer lui-même
de nombreuses colonies portugaises pour se rendre maître du pays et
pour le peupler. Il décida, en conséquence, que le Brésil seroit partagé en
portions de cinquante lieues de côte, auxquelles il accorda des prérogatives
et le nom de capitaineries. Ces espaces de terre furent donnés, à titre
de patrimoine, à ceux de ses vassaux qui, pour les services qu’ils avoient
rendus à la couronne, lui parurent le plus mériter cette faveur (2). Les
concessionnaires devoient aller en personne, ou envoyer, à leurs frais,
occuper le terrain et le défendre contre toute invasion étrangère.
Je ne m’attacherai pas à faire ressortir ici les efforts que firent les
Français pour s’assurer des établissemens fixes sur les différens points de
la côte où les intérêts de leur commerce les avoient appelés ; je ne chercherai
pas à montrer non plus les phases diverses auxquelles furent soumises
les colonies portugaises d’Amérique, ni les progrès toujours croissans de
celle de Bahia (3), destinée à devenir bientôt la métropole du Brésil.
Mais rentrant dans le cadre plus restreint que je me suis tracé, j ’arriverai
(1) Dans rOuest-Sud-Ouestet à soixante-dix lieues environ de Rio de Janeiro. C ’est là qu’ont
été plantées les premières cannes à sucre que Martim Affonso de Souza fit apporter de Madère.
(2) L’histoire a conserve leurs noms que voici : Joao de Barros 3 un des premiers historiens
du Brésil; Duarthe Coeiho Pereyra; Francisco Pereyra Coutinho; Jorge de Figueyredo Correa,-
Pedro do Gampo Tourinho ; Vasco Fernande,£ Coutinho ; Pedro de Goes ; JVLartim Affonso de
Sou^a, fondateur de la colonie de San-Vincente, et son frère Pedro Lopez de Sou^a : en tout
neuf propriétaires. Joao de Barros assure cependant que le pays fut partagé en douze capitaineries;
mais il comprenoit sans doute dans ce nombre les portions qui furent accordées aux deux
frères Souza.
(3) San-Salvador da Bahia de Todos os Santos,généralement connue aujourd’hui sous le
simple nom de Bahia, eut pour gouverneur, en 1 $49> D- Thomé de Souza, qui fut également
F *
Rio de Janeiro.
Esquisse histor.