
1818. baleine à sperma-celi. Les Anglais, les Anglo-Américains et quelques bâ-
Novembre. . r . , . . . .
timens français exploitent ce genre d industrie, qui emploie annuellement
3 2 1 0 hommes (i), et produit, dans cette période de temps, selon le même
auteur, une valeur totale de 2 6 750 000 francs [ 1 070 000 liv. sterl. ].
D après le récit du capitaine Hammat, 80 navires anglais sont régulièrement
occupes a cette pêche ; mais les Anglo-Américains n’en emploient
pas moins de 100, soit dans la mer des Moluques, soit dans le
grand Océan. C’est ordinairement aux environs de Célèbes et de Timor
que le capitaine Hammat avoit coutume d’établir sa croisière ; il lui
falloit environ vingt mois pour compléter sa cargaison, qui exigeoit la
capture de 85 à 100 cachalots. Or, si l’on admet, ce qui ne doit pas
s’écarter beaucoup de la vérité, que la quantité totale des navires employés
à cette pêche soit de ipo (2), et la moyenne du nombre des baleines
nécessaires à chaque cargaison de 9 0 , on trouvera que 17 000
environ de ces animaux deviennent annuellement victimes de la cupidité
de l’homme !
Les plus grands cachalots que le capitaine Hammat ait pris, avoient
64 pieds français de longueur. Les cétacés de cette dimension peuvent
fournir 100 barils d’huile et 24 barils d’adipocire (3). Les femelles sont
inférieures aux mâles pour la taille; elles ne donnent pas au-delà de t 8
ou 20 barils de cette dernière substance, qui, comme on sait, se trouve
.dans une cavité particulière de la tête de l’animal.
« L’opération de harponner la baleine, dit M. Pellion, n’est pas sans
difficulté, et exige autant d’adresse que d’habitude; aussi un bon har-
ponneur est-il un homme fort recherché. Il est rare qu’on frappe la
baleine de dessus le vaisseau même ; on se transporte de préférence, pour
cet objet, sur des embarcations légères, douées d’une marche supérieure,
et nommées baleinières : il y en a plusieurs sur les navires, et chacune
(1) Un tel nombre suppose de 120 à 140 navires pour un équipage moyen de 23 à 27
hommes.
(2) Ce nombre seroit fort, d après ce qui précède , si l’on ne faisoit attention que Crawfurd
paroît n’avoir eji en vue que les navires qui font ïa pêche dans l’archipel d’Asie.
(3) Ç es harils contiennent 3 1 galons et demi, et le galon environ 4 pintes.françaises, On
trouve, en calculant plus exactement, que 24 barils font 3 075 pintes [ 2 859 litres]; et 100
barils, 12 812 pintes ou 1 1 9 13 litres,
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 503
est armée de sept avirons, dont un sert de gouvernail. Deux harpons
placés sur la fourche (1), et .garnis de leur ligne ; trois autres déposés dans
leurs étuis le long du vaigrâge ; une lance dressée aussi sur la fourche, et
deux tenues en réserve ; une hache, un couteau , une bouée avec son
signal, une ou deux lignes de 2 pouces 1/2 disposées dans une baille, un
bidon et un gamelot : tels sont les instrumens dont sont munies ces sortes
d’embarcations- (2).
» Les baleinières cherchent d’abord à prolonger l’animal de la tête à
la queue : le harponneur est de l’avant du bateau, les avirons sont levés ,-
le patron (3) est attentif. Le harponneur saisit sur la fourche le premier
harpon; il juge la distance, commande le mouvement que le bateau
doit suivre., et, fixant l’oeil sur le point qu’il veut frapper (4), il lance
à l’instant son fer avec toute la force de son bras ; c’est ordinairement
aux environs de la nageoire pectorale que le harpon est dirigé. L’instant
où la baleine est frappée est fort dangereux : à peine se sent-elle piquée,
qu’elle s’agite avec fureur; et plus d’une fois on l’a vue, d’un coup de
son énorme queue, lancer fort haut dans les airs et la baleinière et les
malheureux pêcheurs dont l’adresse et la promptitude n’ont pu les
garantir de sa violence.
Malheur au nautonnier, dans ce moment funeste,
Si l’aviron léger n’emportoit ses canots
Loin de l’orage affreux qui tourmente les flots !
Tout s’éloigne, tout fuit; la baleine expirante
Plonge , revient, surnjge; et sa masse effrayante,
Qui semble encor braver les ondes et les vents,
D’un sang déjà glacé rougit les flots mouvans.
EsmenARD,poëme de la Navigation.
» Il peut se faire, continue M. Pellion, que la baleine soit si bien
(1) Sorte dé chandelier à deux branches placé sur le côté de l’embarcation pour entreposer et
tenir à portée du harponneur les instrumens dont il doit faire, usage.
(2) Le navire VOcéan, avant son départ d’Angleterre, avoit à bord cent cinquante.harpons;
ceux que nous avons vus étoient triangulaires et parfaitement affilés; Une sorte de couteau, armé
d’un long manche, sert à dépecer les baleines : on en embarque aussi plusieurs pour cet objet.
(3) On nomme ainsi le timonier de ces petites embarcations.
(4) On ne harponne point le cachalot sur la masse énorme que forme son museau, parce que,
quoiqu’il n’y ait pas d’os, la peau y est. si dure que ie fer n’y pénétrerait pas.
Voyage de V Uranie. — Historique. g g g