
qui donne ia gomme gutte; mais peu de gens la recherchent. Le taca-
mahaca y est aussi très-multiplié ; la résine qui en découle est connue
en pharmacie sous le nom de résine élémi.
Le papayer fournit un suc laiteux qui découle des incisions faites
sur 1 epiderme des fruits avant leur maturité'; et ce suc est un puissant
vermifuge, pris à la dose d’une cuillerée à bouche pour un enfant de
deux ans. Pour le préparer, on le reçoit dans une tasse où déjà l’on a
mis une cuillerée de miel; on mêle le tout,,puis on verse dessüs quatre
ou cinq onces d eau bouillante et l’on passe à.travers un linge serré. Deux
heures aprè| l’avoir administré, on donne au malade deux cuillerées
d’huile de palma-christi ; cette huile se prépare dans le pays par l’ébul-
ütion des graines pilées de la plante de ce nom.
■y ” Les forêts nourrissent aussi une espèce d’asclépias que les habitans désignent
à tort sous le nom d ipécacuanha. Us s’en servent comme de vomitif :
l’infusion de quatre feuilles fraîches suffit, pour un adulte. Les feuilles, les
tiges et les racines de cette plante, desséchées et pulvérisées, ensemble
ou séparément, ne conservent que très-peu de temps leur propriété émé-
tique; six mois environ après leur préparation, elles ne font plus vomir,
elles sont légèrement purgatives ; mais, au bout d’un an, on peut les administrer
à des doses assez fortes sans qu’elles produisent aucun effet
sensible. On recueille encore le cissampelos pare'tra, dont la racine passe
pour diurétique.
” ^ ne P^ante originaire de Batavia, et nommée par les botanistes cassia
alata, a été introduite depuis quelque temps dans la colonie, où elle est
cultivée non-seulement comme dépurative, mais comme très-propre à
1 ornement des jardins ; elle porte une magnifique panicuie, dont les pétales
, veloutées, sont de deux nuances de jaune : elle est bisannuelle. Longtemps
on a pensé à l’Ile-de-France que cette plante ne pouvoit pas fournir
de graines ; mais M. Delisse est parvenu à lui en faire rapporter, en posant
sur le pistil des fleurs nouvellement épanouies, la poussière retirée de l’anthère
d’une autre fleur qui commence à se faner sur la même plante. Il avoit
remarqué que les anthères ne prennent pas assez de développement pour
que la quantité de poussière séminale fasse ouvrir les capsules, et qu’il faut
^es ouvrir artificiellement à lepoque où la fleur est sur son déclin. Les
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 4 1 5
anthères sont pourvues de très-peu de semence, qui n’arrive à maturité
que lorsque le pistil est déjà oblitéré ; leurs capsules sont coriaces, et
retiennent la poussière captive. Pour faire cette opération, il faut couper
transversalement l’anthère en deux parties; on couvre le pistil avec une
de ces parties comme avec un éteignoir; unessimple juxtaposition suffit
pour la fécondation d’un pistil, et ia même anthère peut en féconder
cinq ou six. »? :
Substances animales. — Il y a deux tanneries à l’Ile-de-France, où l’on
prépare les peaux de boeuf de Madagascar, et celles qui proviennent des
boucheries de la colonie: on se sert, à cet effet, de l’écorce du bois de
nate, qu’il est facile de se procurer.
La tortue a presque totalement abandonné l’archipel ; à mesure
que la population du pays augmente, les tortues s’éloignent : le caret,
qui étoit autrefois si abondant aux Seychelles, n’y paroît presque plus ;
la tortue franche y vient encore, mais en petit nombre. Au reste, le
produit qui en résulte est de peu de chose. Les tortues franches ne se
vendent pas cher : quant à l’écaiile, elle ne donne pas annuellement plus
de i ooo à i 200 piastres, achetée à l’Ile-de-France, ou j à 6 piastres
la livre, en papier, suivant la qualité.'
Substances manufacturées. — Mais c’est la .canne à sucre sur-tout qui
forme la partie essentielle des richesses de la colonie ; peut-être même
devroit-on dire qu’elle en est aujourd’hui la seule; car depuis les derniers
ouragans, les autres branches de culture, telles entre autres que les girofles
et les cafés, ont extraordinairement souffert. L’indigo est d’une qualité
très-inférieure ; et la culture du pavot, qui a fourni quelques pains d’un
excellent opium, ne peut encore être considérée que comme un essai.
Quant au sucre, la quantité qu’on en fait doit dépasser en ce moment
ou'dépassera bientôt quinze millions de livres pesant»; tout le monde se
tourne vers cette industrie; les bras seuls manquent.
Sous ce dernier rapport, l’Ile-de-France s’est trouvée dans des conjonctures
extrêmement défavorables. Toutes les autres colonies, prévenues
d’avance de la suppression de la traite des noirs mm sont approvisionnées
en conséquence ; elle seule a subi à l’improviste les conséquences de
cette mesure. Vingt-cinq années de guerre avoient empêché l’introduction
Voyage de VUranie. — Historique, q oe or