
à MM. Charles et Joseph Desbassayns, colons instruits et agriculteurs
distingués, qui en ont fait venir d’Europe à grands frais, mais qui ont
été les premiers aussi ¿»recueillir les avantages d’une industrie jusqu’alors
inconnue dans la colonie.
M. Gaimard a examine avec beaucoup d’attention la manière de faire
le. su'cre, et sur-tout les divers procédés économiques mis en usage dans
une des sucreries de M. Charles Desbassayns. i Voici le compte qu’il en
rend lui-même :
« Au lieu des chaudières nommées rafraîchissons, on fait usage d’une
grande table à rebords de 3 à 4 pouces , sur laquelle Je sucre, se refroidissant
plus promptement, se cristallise aussi plus vite; ce qui procure,
assure-t-on, un bénéfice de iq à 20 p. 0/0 sur le procédé ancien,
qui consiste à laisser le sucre se cristalliser complètement dans les rafraî-
chissoirs ordinaires.
» La fabrication du sucre, avec emploi de moulins à vapeur et à
cylindres horizontaux, ofire plusieurs avantages dont on sentira facilement
iimportance : les cylindres horizontaux, étant plus longs que ceux
à direction verticale, broient un plus grand nombre-de cannes- ària-
fois. Une table large séparé les noirs des rouleaux meurtriers .entre
lesquels on introduit les cannes; par-là on évite les acc.idens funestes
dont ces malheureux ne sont que trop souvent victimes. Le même procédé
rend-inutile la négresse qui, dans les sucreries ordinaires , est
chargée de la réintroduction des cannes sous le cylindre, après quelles
ont subi une première pression. Une toile sans fin, placée horizontalement
à la suite des cylindres, jette les bagasses par la fenêtre, sans le
secours daucun noir , dou resuite une nouvelle économie^ ce que l’on
doit toujours considérer comme important dans les usines qui exigent
un si grand nombre d esclaves, et à une époque sur-tout où , la traite des
noirs étant défendue, il est parfois si difficile de se procurer les bras
dont on a un indispensable besoin.
» Mais doit-on préférer les chaudières en cuivre à celles en fonte
de fer ! . . . Adhue sub judice lis est. Les premières, plus favorables, dit-on,
à la cuisson du sucre,"peuvent bien certainement devenir dangereuses
en plusieurs circonstances. »
LIVRE IL — Du B r é s i l à T im o r in c lu s i v e m e n t . 44.3
' Le quartier de Saint-Paui est regardé comme un des principaux
marchés de la colonie, notamment pour tout ce qui est comestible.
G’est de Saint-Paui qu'on envoie à Saint-Denis les vivres frais demandés
pour l’approvisionnement des navires ; souvent même les bâti-
mens qui ont mouillé à Sainft - Denis, jugent, ainsi que nous l’avons
fait, plus expéditif de venir eux-mêmes se ravitailler à Saint-Paui ;
on y trouve à-la-fois économie dans les transports, et facilité pour 1 embarquement.
Comme par-tout, le prix des denrées est ici variable en raison du
nombre et de l’importance des demandes; en général, la cupidité des
vendeurs sait fort bien se prévaloir des circonstances, et ils ne manquent
point de doubler, tripler ou quadrupler les prix, lorsqu’ils voient qu’on
est obligé ou très-pressé, d’acheter.
Voici les prix des denrées tels que nous les avons payés en ‘ juillet
1 818 :
DÉSIGNATION DES DENRÉES.
PRIX.
EN FRANCS.
| UNITESI | REMARQUES.
‘ 1 Moutons. W • • P .J .- • 0 4
Chèvres laitières.................................
D in d o n s . * - . . - . ..................................
j Canards.............................
Légumes secst. . . . . ....................
Riz créole.................... ..
C a fé ............. ,y . . . . i . . . . . . . . .
Sucre ( cassonade grise ) .................
Pommes de t e r r e . . . .......... ..
S o n ............... ................. .. ..................
Foin . . . . . . . . . . . . . . . . . i . . . . .
O gn o n s ..................................• • •
3 5* V ° °c !
2 0 ,oo .v”
5 0 ,0 0 .
t j *d;o.
¡jtô , 7 0 .
2 ,0 0 .
2 5 ,>00.
1 5 ,0 0 .
45 > ° ° *
75 >°o-
90 ,0 0 .
1 5 ,0 0 .
1 2 300.
7 ,0 0 .
2 5 ,0 0 .
L a pièce.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem. ,
L e quintal métriq.
. Idem. r . .
Idem.
* _ Idem.
Idem.
Idem,
ìdem.
Idem.-
1 Idem.
En général les cabris sont préférés-aux moutons
pour la bonté de la chair et le bas prix.
C’étaient des haricots du Cap, d’une excellente
qualité.
Le prix de cette denrée est très-variable, en
raison de la qualité du café et de, l’époque
de la vente.
Prix également très—variable. A la fin de
notre séjour à Saint-Paui, on n’eût pas
trouvé à acheter des pommes de rerre pour
une somme trois fois plus forte. , •
Remarques
sur
Ifrïe Bourbon,
Abondance
des denrées
à Saint-Paui,