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ii y en a rarement de bonnes. La fraise conserve, au contraire, le doux
parfum , la délicieuse saveur qu’on lui connoît en Europe ; et c’est encore
à M. de Gestas que Rio de Janeiro est redevable de ce fruit si agréable.
Passant maintenant en revue les plantes alimentaires qui croissent
dans ia máme province; soit spontanément, soit par les soins de l’homme,
nous remarquerons d’abord parmi les premières, l'igname, racine dont
on distingue plusieurs espèces', toutes très-bonnes à manger; ensuite
plusieurs plantes de ia famille des ardides, dont ia substance, nullement
vénéneuse, est recherchée dés habitans : ie chou caraïbe, entre autres, est
estime; on en mange ia racine; et les feuilles, accommodées comme nos
épinards, ont une saveur non moins agréable.
La racine de manioc, très-répandue par-tout, est un des alimens les
plus précieux des indigènes : ii y en a de différentes sortes qu’on cultive
avec soin dans tous les districts de la province ; la farine qu’on en
extrait sert principalement à ia nourriture des nègres esclaves.
Trois especes de patates douces et ia pomme de terre viennent aussi
fort bien; on préfère néanmoins, comme étant de meiiieure qualité, les
pommes de terre qu’on y exporte de ia Grande-Bretagne.
Nous n’oublierons pas de citer encore ici le chou palmiste. L’arbre qui
produit cette substance alimentaire estimée, abonde dans íes forêts. Le
chou palmiste se mange, soit cru et en salade, soif accommodé de diverses
manieres, dans ie genre à-peu-près de nos cardons, avec lesquels ii a
bien aussi quelque similitude de goût.
Tous les légumes d’Europe, dont ii nous paraît superflu de transcrire
ici ia liste, se trouvent en abondance à Rio de Janeiro. Les choux-fleurs
cependant sont rares ; et les artichauts ne réussissent pas , sans qu’on ait
trop pu savoir quelle en est ia cause; Les navets sont très - mauvais ;
et Íes ognons, quoique beaux, se conservent peu, ce qui les rend par
conséquent fort chers.
Le haricot est une des plantes les plus généralement cultivées dans ia
province ; ii y en a de beaucoup d'espèces qui réussissent parfaitement,
ce qui doit se dire également du riz et du maïs. A i’égard du bié, on
en récolte fort peu, et l’on tire ia plus grande partie de celui qui s’y
consomme des provinces voisines de Minas-Geraes et de Rio-Grande.
LIVRE I.er — Dé F r a n g e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 120
Epices. Au nombre des épices indigènes, ii faut placer ie piment, et
les fruits du pindahiba (1) , qui sont piquans, aromatiques , et dont on
fait aussi usage, dans ie pays, pour {’assaisonnement des mets.
La cannelle, ie girofle^ et ie poivre ne sont encore cultivés qu’au
jardin botanique ; mais ii seroit possible qu’ils devinssent pour les habitans
un objet de spéculation utile. La vanille réussirait très-bien. Déjà
quelques agriculteurs du district de Goytacazes en retiraient d’avantageux
produits, lorsque ie peu de soins donnés à la récolte firent dédaigner
cette substance par les acheteurs, et bientôt après la firent repousser
totalement du commerce.
Plantes médicinales. Le jaiap, ia bardane, i’ipécacuanha, employés si
fréquemment dans nos pharmacies, croissent ici à ietat sauvage. La
racine et la feuille du pari-paroba, quoique moins connues en Europe,
ne sont pas pour cela d’un usage moins salutaire. Autrefois les jésuites
en envoyoient d’immenses provisions en Portugal, sans doute parce qu’ils
s étoient assurés eux-memes de 1 efficacité de ce médicament, employé
au Bresii dans les maladies de poitrine.
Parmi les plantes médicinales ou celles qui simplement usuelles ont
cependant des propriétés hygiéniques, nous ne devons pas oublier de citer
fherva de bicho, qui se donne en lavement pour rafraîchir le sang; l’herva
tostaô et fherva grossa, qui sont sudorifiques et pectorales ; i’aristoioche
pdorante ; i herva deSanta-Maria, qu on applique avec succès sur les plaies ;
ie plantain, ie romarin , dont il y a des quantités prodigieuses ; le thé, qui
pourrait si faciiement, et en très-peu d’années, rapporter pour plusieurs
millions de francs , mais que, jusqu’à ce jour, on s’est borné à ne considérer
que comme un objet de simple curiosité; enfin ie tabac, dont ia
qualité parfaite-donneroit lieu aussi à un commerce très-productif, si les
habitans vouioient accorder à la culture de cette plante {’attention que
son importance exige.
L’écorce de quelques arbres fournit encore des médicamens estimés :
tel est entré autres ie quinquina, ou plutôt Ie.faux quinquina. L ’arbre d’où
i on tire cette écorce fébrifuge, croît abondamment dans les forêts,
Product, végét
(1) Voyez ce mot, ci-dessus, dans le tableau des arbres propres à la charpente.
Voyage de V Uranie. —■ Historique. _H.