
De l’homme
en société.
en trois hiérarchiesen tête desquelles se trouve celle du fondateur,
sont l’objet de leur vénération. Us rendent aussi -des devoirs religieux à ce
qu’ils appellent les âmes orphelines abandonnées, ames qui, selon eux,
sont si foibles, que, ne pouvant descendre à terre, elles demeurent sur
les plantes et les arbustes : pour qu’elles puissent se conforter un peu,
on asperge ces végétaux deux fois par mois avec du bouillon de riz ;
bouillon qui est toujours très-léger, sans quoi ces ames, qui ont le gosier
extrêmement étroit, ne pourroient s’en nourrir.
Par-tout on voit en Chine des temples consacrés à Fo ; chaque bourg a
le sien, et les villes un peu considérables en ont deux. Les autels sont
ornés d’idoles en bois peint ou doré; au milieu est une table.où l’on brûle
des baguettes odoriférantes placées dans un petit vase. Une cloche suspendue
en l’air est frappée à coups de marteau sur sa surface extérieure,
à l’époque des offrandes solennelles, aux nouvelles et sur-tout aux
pleines lunes.
Quantité d hommes et de femmes consacrés au cuite de Fo habitent
dans le temple des idoles; les femmes se vouent au célibat. Le vêtement
des uns et des autres est brun ou noir; tous ont la tête rasée, et
ne vivent que de riz et d’autres productions de la terre, s’abstenant même
de manger du poisson et des oeufs. Cinq préceptes doivent être observés
: ne point tuer d’animaux, ne point voler, ne point commettre d’impureté,
ne point mentir et ne pas boire de vin. C’est, comme on voit,
moins ce qu il faut faire que ce qu’il faut ne pas faire.
Les offrandes aux idoles se font, dans leurs temples respectifs, aux
époques des nouvelles et pleines lunes; elles se composent de riz cuit,
de différens fruits, et sur-tout de petites figures de couleur jaune, mais
jamais de viandes. Devant leurs statues brûlent un grand nombre de
baguettes odoriférantes et quelques bougies-; on place sur les marches de
l’autel des cahiers de papier doré et argenté, qu’on brûle ensuite dans le
vestibule du temple.
les peres nourriciers du peuple; ils les distinguent en différentes classes : il en est qui président
au soin des campagnes et des terres cultivées, et qui reçoivent des offrandes de grains; d’autres.
charges de la tutelle des villages, doivent veiller à la santé des hahitans, et maintenir la paix
parmi eux : intérieur des maisons, les contrées désertes et montagneuses, les villes environnées
de murailles et de fossés, sont aussi placés sous la protection d’esprits spéciaux.
Après avoir mis sur l’autel tous les comestibles dont l’offrande se com- Ile
pose, on bat le tambour et l’on joue des instrumens dans le but d’en-
gager les esprits dont les idoles sont le symbole, à descendre dans leurs
statues pour assister à la cérémonie.
Deux fêtes principales ont lieu chaque ^pnée pour la. délivrance des
ames qui sont en enfer, ce que les Chinois des autres sectes regardent
à-ia-fois comme ridicule et méprisable ; car , selon eux, celui qui a
recours à de semblables: prières pour son père ou pour sa mère, les
déshonore, puisqu’il les croit pécheurs.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut (p. 4 p 2 )> nous assistâmes pen-
danttHotre séjour à Coupang à une cérémonie qui eut lieu au temple
chinois, le jour de la pleine lune (1) ; mais, avant de donner le détail
de cette solennité, il'est à propos de jeter un coup d’oeil sur le temple
lui-même.
Bâti sur une plate-forme, près des bords de la mer, il offre un développement
de 3 5 pieds de large sur 60 pieds de côté. La porte principale
s’ouvre à deux battans, et fait face au rivage, sans affecter d’orientation
selon un des quatre points cardinaux (¡2). En dehors, et du même côté,
règne une galerie ou varangue de 4 pieds de largeur.
Lorsqu’on entre dans le temple par cette porte, on rencontre d’abord, à
gauche, les tamtams et les tambours (3) dont on joue pendant les cérémonies.
Devant soi, et à 1 5 pieds au delà de l’entrée, est un espace qua-
drangulaire, ayant 8 pieds dans le sens de la longueur du bâtiment, et 14
dans la direction perpendiculaire à celle-là. Un grenadier y est planté;
et pour que cet arbre puisse profiter des influences atmosphériques, le
toit est ouvert au-dessus de lui. Un petit temple en porcelaine, figuré
(1) La pleine lune y eut lieu à i fi 4 3 ' de l’après-miidi, le 14 octobre 18 18 .
(2) Ce fait est remarquable, puisque, d’après ce què nous apprend du Halde ( op. cit.),
non-seulement la maison sacrée, mais toutes les-maisons chinoises en général, doivent toujours
regarder le midi. ( Voy. aussi Hager, Panthéon chinois. )
L a porte du temple de Coupang est sensiblement tournée vers le Nord-Ouest. On peuf voir
la disposition générale du bâtiment dans le plan particulier contenu sur la carte n.° 2 de
notre Atlas hydrographique.
(3) Ces tambours se composent d’un cylindre en bois de Iatanier, creusé intérieurement, et
recouvert d’une peau parcheminée, sur laquelle on frappe avec les mains. Le son qu’ils rendent
est sourd, et point harmonieux*
l’homme
société.