» cette hauteur; si la crue se fait lentement, il y reste encore un ou deux jours
v après ce terme.
» On prépare pendant ce temps des barques, on élève des figures de terre qu’on
» nomme ¿irons [fiancées], que l’on pare avec soin, et l’on fait toute sorte de
» jeux divertissans. A u jour où le beglierbeyk veut faire ouvrir la digue, il donne
» avant le lever du soleil, un grand festin aux sangiacs ( i ) , aux tcliaouch (2), aux
» tnouferrekah, et aux autres troupes de la garnison. Après le repas, il distribue
» des cafetans au kâchef (3), et au cheykh des Arabes de Gyzeh, à l’intendant
* des vivres et à plusieurs autres officiers militaires et de police; il rentre ensuite
» avec tout son cortège dans les barques, se ren d, au son des tambours, à la
» digue qu il fait ouvrir, et passe par l’ouverture pour retourner au château. »
Pendant notre séjour en Egypte, nous avons vu célébrer cette fête avec la
même solennité. J a i cru devoir en placer ci-dessus les détails, avec lesquels on
pourra comparer ceux que je viens cie donner ici.
CHAP ITRE IV.
D é ta ils -particuliers su r les Inon da tion s du N il.
La crue commence le y du mois de baouneh (4) ; la nuit du 12 de ce mois,
fête de Saint-Michei chez les Qobtes, la goutte [y] tombe, et le Nil commence à
croître : on le mesure avant la crue, pour connoître la hauteur des basses eaux
qui restoient dans son lit.
El-Masa’oudy (6) rapporte que le Nil commence à s'enfler et continue de croître
dans les mois Qobtes de baouneh, abyb (7) et mesori (8). Il ajoute que, quand
la crue est forte, les eaux continuent encore de croître pendant tout le mois de
tout (9). Suivant lui, quand la crue du fleuve parvient à seize coudées, la récolte
est très-abondante, et l’on perçoit le tribut entier; mais le long séjour des eaux
sur les terres est nuisible aux animaux et fait manquer les pâturages. L a crue la
étoit descendant de Masa’oud el-Hezly .y - .,
qui avoit été sâheb el-resoul J^uJ\ L, [compagnon
du Prophète]. Masa’oudy écrivoit vers l’an 336 de l’hégire
. [947 del’ère Chrétienne]; il mourut au Kaire, l’an346de
l’hégire [957 de l’ère Chrétienne]. Ilest auteur d’un ouvrage
historique et géographique intitulé : foj»
-Merou g el-dahab, ou ma'âden el - gouaher
[les Prairies d’or et les Mines des pierres précieuses]. Cet
ouvrage se trouve à la Bibliothèque du Roi ( manuscrits
Arabes, n.*1 ¡98 et jÿÿ)- J’en ai rapporté d’Egypte
un très-bel exemplaire.
(7) Voyez ci-dessus la note 3 de la page 161.
(8) Voyez ci-dessus la note 4 de la page 161.
(9) Ce mois, dont le nom s’écrit o yî tout, suivant l’orthographe
des Arabes, est le premier de l’année des Qobtes.
On trouve le nom de ce mois écrit 0 CJHO ‘X'^thôout dans
le dialecte Memphitique, 0 0 0 **® thoouth dans le dialecte
Thébaïque, et ©tüÇ thôth dans le qobte Saydique.
Voyez ci-dessus la note 1 de la page xj2.
(1) Le mot sangiaq est un nom de dignité, synonyme
de celui de bey [beyk cslu» ou , suivant l’orthographe
et la prononciation Turques, beyg ¿Lu ]; ils étoient
nommes par le dyouân, et confirmés par le pâchâ du Kaire
au nom du Grand-Seigneur.
(-) Tchaouychyeh •wüjjL*., ou, en arabe, gâouychyeh
nom du second des corps désignés en Egypte
sous le nom d’ogâq .- il étoit chargé de la levée du myry.
(3) Kâchef nom d’une dignité inférieure à celle
des beys. Les kâchefs gouverneurs de province avoient
une autorité aussi étendue que celle des beys.
(4) Voyez ci-dessus la note 2, page 161.
(5) Voyez ci-dessus la note 2 , page 162.
(6) Le nom entier de cet écrivain, justement célèbre
parmi les Orientaux, est AbouA-Hasân A*ly, ben el-
Khayr, ben Aly} ben A*bd er-rahxnan, ben A ’bd-allah,
Oê Je jtr^ (jLJJy}\
i l a été plus généralement connu sous le surnom d’e/-
Masa’oudy , qui lui avoit été donné parce qu’il
plus complète de toutes, et qui est la plus favorable aux terres d’Égypte, est de
dix-sept coudées; toutes les terres sont alors suffisamment arrosées : mais, lorsque
leau du fleuve monte au-delà de cette mesure et qu’elle atteint dix-huit coudées,
plus d’un quart des campagnes de l’Égypte est submergé, et plusieurs terres
souffrent considérablement de cette inondation excessive. Quand la crue monte
au-dela de dix-huit coudées, on croit généralement qu’il en résulte la peste au
moment de la retraite des eaux.
: Un auteur Arabe ( i ) , qui vivoit vers' l’an 875 de l’h égire [ i '47 o de l’ère Chrétienne],
et dont je parle un peu plus bas, rapporte que, de son temps, lorsque lé
Nil atteignoit quatorze coudées de profondeur dans son l i t , on pouvoit espérer
unerecolte suffisante pour la provision dune année, et que, lorsque l’inondation
parvenoit à seize coudées, on pouvoit s’attendre à une grande abondance et à la
provision de deux ans ; mais que, si le débordement avoit moins de quatorze
coudées, il en résultoit alors une grande cherté et une grande rareté dans les
vivres, et que, quand le Nil montoit jusqu’à dix-huit coudées, c’étoit encore pour
l’Egypte une cause de disette et de famine.
D es A uteu rs A rabes qui ont rapporté les inondations du N il.
In d é p e n d am m e n t des auteurs qui ont traité des NiJomètres, et dont j’ai donné
la notice ci-dessus (2), plusieurs auteurs Arabes ont donné quelques notes chronologiques
sur les inondations annuelles du Nil.
Un des manuscrits Arabes de la Bibliothèque du R o i, ayant pour titre Neyl
fy allouai el-N yl (3), traite spécialement des inondations du N il, ainsi que des
Nilomètres : cet ouvrage contient l’histoire détaillée de ces monumens et de
toutes les crues du Nil ; celles-ci y sont indiquées, année par année, depuis
lan 20 de lhégire [ 64o de l’ère Chrétienne] jusqu’à l’an 875 de l’hégire [ 1470
de lere Chrétienne],
Ben-Ayâs (4) donne la table chronologique des inondations du N i l , depuis 1 an 23 de 1 hégire [643 de le re Chrétienne] jusqu’à l’an 922 de l’hégire [1 y 16 de
ère Chrétienne], La Bibliothèque du Roi possède plusieurs manuscrits de cet
auteur (y); mais il est à remarquer que l’exemplaire qui a appartenu à M. Le-
grand présente d’assez grandes variantes.
Jai moi-même rapporté d’Égypte un très-bel exemplaire manuscrit de cet
ouvrage. 1 exécution en a été faite avec le plus grand soin (6).
On peut mettre aussi au nombre des indicateurs des crues du Nil le qâdy
e-Fadl (7), qui se trouve cité à ce sujet dans l’ouvrage de Ben Ayâs.
Ben-Aby-l-Sorour (8) a aussi recueilli quelques indications des crues du Nil.
M tu t e u r de l’ouvrage intitulé Nyl fy akhcuil d- (5) Manuscrits Arabes, 593, et manuscrits de feu
,,, y M. des Hauterayes, n.° ut.
È M. Zn II Phre. VI1 de Ia Première P a™ , (6) D ’après I’indicatîon qui termine ce manuscrit, la
l->\ ar m W Ê È È il . , C0Pie en a été terminée le 19 du mois de reeeb , y>. ,
(4) V V t i Je*- 1019 de l’hégire [1603 de l’ère Chrétienne].
Z Z, 'ntr° à S Mémoire>E M - um-a , - (7) El- Qâdy el-Fâdl ^U l| .
° * e (R) Ben-Aby-l-Sorour 3Î