nemens en ce qui regarde les secours publics. Pour être fort arriérés à cet égard
j’en conviens, comparativement aux progrès réeens des institutions Européennes
en ce genre, il s’en faut beaucoup cependant que ces hommes soient dépourvus
de toute sensibilité pour le malheur. Des hospices pour les aveugles existoient en
Syrie et en Egypte long-temps avant l’institution de celui des QiimzcVmgts ; et
Louis IX , qui a eu la gloire de cette fondation en France, avoit eu probablement
connoissance de ces etablissemens. Ainsi les Orientaux nous en ont donné
le premier exemple.
En prenant possession de l’Égypte, les Ottomans n’abolirent point les fondations
pieuses et charitables; au contraire, Selym y ajouta, et Solymân les augmenta encore
: d’autres princes et de riches particuliers multiplièrent ces legs; malheureusement
le gouvernement des beys amena de grands abus et la dilapidation des
deniers consacrés à l’infortune. V o ic i une liste succincte des sommes portées sur
le tableau des charges publiques en 1798 :
i.° Une quantité de 154.339 ardebs d’orge, à prélever sur le myry en nature,
étoit consacrée annuellement à divers établissemens ; savoir : pour les aveugles et
les malades de l’hôpital du Mouristân et de la mosquée d’el-Azhar, pour les I
étudians de cette mosquée, et pour cinq autres ouâqf. A 90 médins, prix moyen I
de cette denrée (ou 3 francs 15 centimes, au prix fixé pour le m é d in ( i),à l’époque I
de l’expédition), cette quantité représente une somme de 486,168 francs. 1
2.0 Il est alloué sur le myry en argent aux derviches, mendians et infirmes, I
1 3»1 °9»35® mêdins, ou 458,828 francs de notre monnoie.
3.0 Selym et Solymân ont institué des pensions montant pour les veuves I
à 3,286,348 médins, ou 115,022 francs, et pour les orphelins, à 2,824,662 mé- I
dins, ou 98,863 francs. 4- Les pauvres de la mosquée eI-A.zhar reçoivent en riz et en miel une I
valeur de 20,489 médins, ou 7 1 7 francs; plus, un supplément de secours!
de 250 médins, pour les orphelins du Mouristân.
L e Mouristân avoit une dotation suffisante pour toutes ses dépenses, et, en |
outre, différentes sources de revenus ; par exemple, toute la thériaque confectionnée |
au Kaire (préparation qui est l’objet d’un privilège) étoit déposée au Mou- I
ristân, et le produit de la vente étoit affecté à l’entretien de l’établissement.
Dix effendy, avec un ch e f spécial, nommé effendy el-Youmyeh, étoient chargés !
du compte des pensions et des dépenses, pour les pauvres, les impotens, les I
v eu v e s , les orphelins, et pour les aveugles de la grande mosquée (el-Azhar); I
ces sommes, considérées comme dépenses publiques, faisoient partie du Gamlyet I
el-Masr et étoient prélevées sur le myry. Enfin, outre les fondations relatives à !
la ville du Kaire, il y avoit aussi plusieurs dépenses de même nature allouées !
pour les provinces (2).
Je passe aux couvens et églises des Chrétiens et des Juifs, qui se trouvent dans I
(1) Un peu plus de 3 centimes i pour un médin. trésorier général de l’armée Française, et à feu Michel- I
(2) Les détails précédens sur les dépenses des établis- Ange Lancret. (Voir Ê. M. tome I,pag. 2jS et subi., I
setnens charitables sont empruntés la plupart à M. Estève, 030 et suiv. )
le I
le Kaire; il y a peu de mots à en dire sous le rapport du plan suivi dans cette
description. _.
On ne compte qu’un petit nombre d’églises pour les Chrétiens, dans l’intérieur
de la ville ; la plupart sont à Masr el-A ’tyqah [ le vieux Kaire] dans l’enceinte appelée
Qasr el- Chôma . Ce n’est pas qu’il n’y ait beaucoup de tolérance au Kaire pour
les sectes chrétiennes; on seroitmême surpris qu’une populace aussi ignorante et
jugée aussi fanatique n insultât pas les Juifs, ou les Chrétiens Catholiques, Coptes,
Arméniens, Syriens, Grecs, & c ., si elle n’étoit habituée»à en voir tous les jours
un grand nombre circuler et commercer librement dans les rues, les marchés et
les lieux publics. Les quartiers occupés par les Coptes, les Francs, les Grecs et
les Juifs, sont disséminés dans toutes les parties de la ville, et ne sont protégés
par aucune enceinte particulière. Chaque nation y a des églises, où elle professe
son culte paisiblement et sans aucune espècè de trouble. C ’est encore un point sur
lequel on a en Europe des idées peu conformes à la vérité.
C’est principalement dans la v .c section, dans la v i.c et dans la vm .', que
sont établies les églises chrétiennes. Les Chrétiens Coptes ouJacobites en ont deux
près de la rue Beyn el-Soureyn ( 1 ) • en ce même endroit, il y en a une d’Armé-
niens. Un quartier C o p te , Hârt el-Nasârah, est au midi de la place Ezbekyeh : le
plus considérable de ceux qui portent ce nom, est celui qui est au nord de cette
meme place. II y a encore quelques Coptes dans le quartier Grec situé à l’est du
Soukkâryeh de Moyed; la maison du patriarche [el-Batrak] (2) est auprès, ainsi
que la rue de lemyr Tadoros ou Taodoros [Théodore].
Les Chrétiens Grecs Ont leur église près de l’Hamzâoueh, à l’ouest; ils ont encore
un quartier dit Hârt el-Poum à l’est du Soukkâryeh. Kenyset el-Roum, l’église des
Grets, est assez bien bâtie : j y ai vu seize ou dix-huit colonnes de marbre (3 ). Aux
murs sont suspendus plusieurs tableaux qui représentent les Apôtres ; l’office
y est célébré en grec et en arabe, le jour ei-Ahhed des musulmans. L ’é.vêque
actuel ( 1801 ) se nomme Parthenios. Il n’y a pas d’autre église Grecque dans la
ville, mais il en existe au vieux Kaire.
Le quartier Juif, Hârt el-Yhoud, est près-vaste et très-peuplé. Une des rues
principales porte le nom de Hârt cl-Seqalbeh, et néanmoins elle est extrêmement
étroite et mal bâtie: les maisons ont trois étages; elles n’ont point de boutiques.
C’est là qu’est la maison du khâkhâm, ou grand rabbin Juif, dans la rue appelée
Dcrb Eddourah. Il s’étend presque du Mouristân jusqu’au pont du Mousky, de l’est
a 1 ouest, et il a la meme etendue du nord au sud. Il est assez remarquable qu’au
centre meme de cette population Juive'si agglomérée il se trouve, une mosquée.
Le quartier Juif renferme dix synagogues (4 ) , toutes situées dans des rues très-
étroites et sombres : au dehors, les portes n ont rien qui les distingue des autres
maisons; intérieurement elles sont assez belles et décorées de colonnes de marbre,
(1) Fqrfcz le plan du.Kaire (n." 257, G-8). la planche 26, É. M. vol. / , carreaux G-H-l-7 et
H -j?' |n,° 2° 4 » M-5.) H -8 , n.° 135, deux à l’est du n.° 157, une au nord
/n 1/ ° H Ü " 711 n*° *4 9 » et s’x autFes auprès des n.°* 137, 140, 144,
(4) Voyez, pour l’emplacement de ces dix synagogues, 148,246.
E. M. TOM E II, a.® partie. R r r r