en Arabie leur co to n , leurs parfums, leurs pierres précieuses, et d’autres mar I
chandises ; ils prenoient en retour les produits de l’industrie Phénicienne et I
Égyptienne : d’ailleurs il existoit à cette époque des moyens d’échange, dont la tra-1
dition n’est point parvenue jusqu’à nous. Pour les Grecs , quoiqu’ils dussent enl
partie leur origine à des colonies Égyptiennes, ils ne commencèrent que bien!
tard à entretenir des relations suivies avec l’Égypte. Sous le règne d’Amasis, 0n|
leur permit de faire de Naucratis l’entrepôt de leur commerce, faveur dont ils!
n avoient pas joui jusqu’alors. Avant cette époque, les colonies Grecques del 1 Asie pouvoient bien communiquer avec “l'Egypte, sur-tout depuis l’avantage
que les Ioniens et les Cariens firent remporter à Psamméticus sur ses compéu-l
teurs; mais les. relations entre la Grèce et l’Égypte ne devinrent réellement libres!
que sous le règne d’Amasis.
Après les Phéniciens, les Carthaginois sont de tous les peuples celui qui ses«
le plus enrichi par le commerce, et que l’antiquité s’accorde à placer au premiej
rang. Les flottes marchandes de cette puissante république parcouroient tonte la|
Méditerranée, les ports de l’Espagne et les côtes occidentales de l’Afrique. « Aï
» l’époque des conquêtes d’Alexandre, dit le savant Huet, les vaisseaux des Cari
» thaginois et ceux des Phéniciens, alors sous la domination des Perses, cou|
» vroient les mers depuis les Indes et i’Éthiopie jusquà l’Océan occidental, ni
Mais la ruine de T y r , les triomphes du héros Macédonien et la fondatiol
d’Alexandrie, causèrent une grande révolution dans la marche du commerJ
maritime. C ette ville nouvelle devint le siège principal du commerce de l’IndeB
sous Ptolémée-Philadelphe, elle étoit déjà l’une des plus riches-cités de l’univers |
c é to it elle qui fournissoit tous les ports de la Méditerranée; la Grèce, l’Italie« 1 Asie et l’Afrique, venoient s’approvisionner à ses marchés. Philadelphe bâtifl
la ville de Bérénice sur la mer Rouge, et cette fondation facilita encore le transi
port des marchandises qui arrivoient de l’Inde : on les débarquoit à Bérénice,-
d ou les caravanes les transportoient à Coptos sur le Nil, et de là elles descen-
doient le fleuve jusqu’à l’endroit où commençoit le canal d’Alexandrie. Le soiifl
qu avoit eu ce prince d’établir dans le désert des stations commodes pour les cal
ravanes, rendoit ce long voyage beaucoup moins pénible qu’il ne le paroît à nol
yeux : la route de Bérénice ne fut abandonnée que quelques siècles après, sous lest
derniers empereurs qui possédèrent l’Égypte.
Corinthe florissoit en Grèce pendant qu’Alexandrie atteignoit le plus haut
période de sa splendeur, sous le gouvernement des Ptolémées. Les Corinthiens,
enrichis par les spéculations commerciales, avoient fait de leur ville le principal
marché de 1 Occident : mais elle ne tarda point à éprouver les redoutables effel
de la jalousie de Rome, et le consul Mummius la déposséda de la suprématie
commerciale , de la même manière que T y r en avoit été dépossédée autrefois
par la fondation d’Alexandrie. A cette époque, la petite île de Délos, connul
jusque-là par son temple et ses oracles seulement, devint le point central dtH
commerce de la Méditerranée.
L a n de Rome 72 5> I Egypte fut réduite en province Romaine; et des-lorl
maîtres absolus des mers, les Romains exploitèrent à leur profit le commerce des
Indes. Cependant leurs flottes ne naviguoient pas au-delà de XIndus, d après les
assertions des historiens du temps. Selon Pline, les Juifs Romains partoient
d’Alexandrie vers le milieu de l’été, à l’époque des premières crues du fleuve
sans doute : en vingt-quatre jours ils arrivoient à Bérénice, et mettoient ensuite
soixante-dix jours pour se rendre dans l’Inde. II ne leur falloit guère moins d’une
année pour aller et revenir. C e t état de choses dura jusqua la conquête des Arabes,
ou même depuis Auguste jusqu’à Constantin seulement; car la fondation de
Constantinople par ce prince nuisit beaucoup à la prospérité commerciale de
l’Égypte. Plus tard, lorsque le khalyfe O ’mar fit bâtir Bassora ( t) sur l’Euphrate,
le commerce des Indes devint l’apanage exclusif de cette nouvelle cité, et il fut,
pour ainsi d ire , circonscrit dans les bornes du golfe Persique. Mais l’Égypte
n’avoit point encore perdu tout son ancien éclat: le Kaire, fondé par le khalyfe
Fatimite Mo’ezz Ledyn-Illah (2) en 984. devint bientôt une ville importante;
au xn.e siècle, Alexandrie avoit recouvré une partie de ses avantages, et les
marchandises des Indes y affluoient de toutes parts. Mais la découverte que firent
les Portugais du passage aux Indes par l’océan Atlantique et le cap de Bonne-
Espérance, porta le dernier coup à la splendeur de l’Égypte, et la réduisit, pour
ainsi dire, à ses propres moyens, de négoce. Les Vénitiens et les Génois, qui
s’étoient successivement enrichis par leurs relations avec Constantinople, la mer
Noire et l’Asie mineure, se ressentirent également des effets que produisirent en
Asie les découvertes des navigateurs Portugais. Les Vénitiens étoient presque seuls
en possession du commerce de l’Égypte : ils venoient chercher à Alexandrie toutes
les denrées nécessaires à l’Europe, et donnoient en retour des bois de construction,
des métaux, des draps, des étoffes de Soie, et d autres produits de leurs fabriques,
tels que des miroirs, des armes, de la verrerie, &c. &c. A u x iv .c siècle, les Florentins
, donnant à leurs, manufactures de draps et de soièries une supériorité
décidée, étendent au loin leurs relations et leurs échanges : ils viennent à Alexandrie,
et partagent avec les Vénitiens le commerce que ceux-ci faisoient auparavant
sans concurrence; ils établissent des banques, et prennent un rang distingué parmi
les nations commerçantes de l’époque.
Voilà toutes les périodes du commerce Égyptien, depuis les âges les plus
reculés jusqu’à des temps voisins du nôtre ; voyons maintenant ce qu’il est devenu
sous l’administration destructive des Mamlouks et l’influence non moins
funeste des Ottomans.
Il est certain que, si le cours des opérations commerciales d’un pays dépendoit
du gouvernement qui l’administre, l’Égypte auroit cessé depuis long-temps toute
espèce d’échange avec les peuples voisins. Mais il en est du commerce comme de
toutes les autres branches d’industrie particulières aux diverses nations; il se soutient
en quelque sorte par lui-même, parce que chacun en sent la nécessité : on
peut l’entraver, le circonscrire; mais il est presque impossible de comprimer tout-
à-fait son utile essor. C ’est ce qui est arrivé sous le despotisme des beys : les