musulmans de bonne foi se conforment à ce précepte ; mais les grands, les mar
chands et les soldats l’enfreignent souvent en cachette.
Les Egyptiens fabriquent plusieurs espèces d’eau-de-vie : la meilleure et la ¡pU
estimée est celle qui se fait avec le raisin sec; celle que l’on tire des figues ordinaires
des figues du sycomore, des dattes, ou des fruits du nopal, lui est bien inférieure
Les Qobtes abusent beaucoup de ces spiritueux : ils en boivent des bouteilles en
tières; ce qui les dispose plus particulièrement aux hydrocèles (i). L e peuple, ouj
s’abreuve avec l’eau du Nil, sans égard pour les saisons et sans la filtrer, conJ
tracte, par suite, des principes fiévreux qui détériorent insensiblement sa constitution,
puisque les eaux du fleuve se corrompent chaque année vers la fin d’avril
L a bière est totalement inconnue aujourd’hui en Égypte, quoique Hérodote fasse!
mention de son usage parmi les anciens Égyptiens (2).
§. IV.
Habillem ent.
L e s habits des Égyptiens ne sont point, comme les nôtres, assujettis au caprice!
des modes : leur forme ne varie jamais ; les couleurs les plus vives sont toujours!
les, plus estimées. L ’ampleur est la qualité distinctive de ces vêtemens; ils ont cela!
de commun avec ceux des autres Orientaux : ces peuples ne peuvent rien souffrir!
d étroit dans leur habillement; culottes, chemises, benych, gebbeh, qaftân, tout e s t|
également étoffé. Nous ne pouvons nous empêcher de citer* à cette occasion la ré-!
flexion dun Égyptien en voyant passer à l’un de nous un pantalon fait d ’après J
mode que nous avions apportée de France,par conséquent fort étroit: « C o m -!
» menU secria-t-iJ, vous aviez donc bien peu de drap pour l’avoir m én ag é à c e l
» pointi »
Pour faire mieux connoitre le costume Égyptien, nous donnerons ici une no-l
menclature explicative des différentes pièces qui le composent. Nous commence-!
rons par l’habillement des hommes.
— t—1 L e b a s , Culotte d’été ; elle est ordinairement de toile.
Charchyr, Culotte d’hiver; celle-ci est en drap.
Cheroual, Culotte de Mamlouk ; elle est rouge et faite de saie de Venise.
Qamysy Chemise; elle n’est point fendue dans le bas, retombe sur les talons, et se met ;
sur la culotte. Les manches en sont larges et fort longues.
Sodeyry, Petit corset sans manches.
ü
(1) « Les Chrétiens de Syrie et les Qobtes d’Égypte
» font beaucoup d usage de l’eau-de-vie tirée des raisins
» secs: ces derniers sur-tout en boivent des pintes entières
» à leur souper. J’avois taxé ce fait d’exagération; mais il
» a fallu me rendre aux preuves de l’évidence,sans cesser
» néanmoins de m’étonner que de pareils excès ne tuent
» pas sur-le-champ, ou ne procurent pas du moins les
» symptômes de la profonde ivresse. » ( Volney, État poli-
tique de VÉgypte, sect. I I , page 204. )
(2) Hérodote, Histoire, Iiv. 11, §. 77, traduction de
Larcher. Les Chrétiens font quelque peu de vin dans le
Fayoum ; mais ils ne savent pas le fabriquer. Le vin n'tH
pas été inconnu aux anciens Egyptiens, comme on l’a
cru d’après un passage d’Hérodote mal interprété. Non*
avons vu , dans les plus anciens monumens, la peinture
de la vendange, la fabrication du vin, et des vases peints
où le vin étoit représenté d’une manière distincte. ( Kfl/rçB
le mémoire de M. Costaz sur les grottes à’Elethyia,A- éf-M
tome I.", page 61, et la description des hypogées de hH
ville de.Thèbes, A. D. chap. i x , sect. X, page
Les Français ont essayé de faire du vin au Kaire; hi
guerre a interrompu les expériences.
(jUjfl
rt>
1
JL*
D E S
Yalek,
Qaftân,
Gebbeh,
Benych,
He^âm,
Tarbouch,
Châl,
E ’mmeh,
Qâouq,
Tarhah,
Autre corset propre aux Mainlouks ; il est ample, court, et a des manches fort
fongues et fort larges.
Robe ouverte par-devant, avec de très-grandes manches ; elle se met sur le
corset.
Autre robe ouverte aussi ; elle se met sur la première. Les manches en sont
courtes comparativement à celles du qaftân. En hiver elle est doublée de
fourrures.
Robe fort ample;-les manches en sont très-larges, dépassent de beaucoup la longueur
du bras et de la main, et sont fendues à l’extrémité.
La ceinture ; elle est en mousseline, en laine ou en soie, et se met sur le qaftân.
Bonnet ou grande calotte en feutre qui couvre la tête jusqu’aux oreilles.
Longue pièce de mousseline ou de tissu de laine que l’on plisse et tourne plusieurs
fois autour du tarbouch. Les riches ont ce châle en cachemire.
On donne ce nom à la coiffure entière ; c’est le turban.
Bonnet des Turcs et des beys; il est d’une forme circulaire, très-élevé et beaucoup
plus large au sommet qu’à la base. La partie inférieure de ce bonnet est
ornée du châle plissé autour avec beaucoup d’art.
Pièce de mousseline ou partie de châle qui retombe derrière la tête après avoir
fait plusieurs tours sur le tarbouch ; cette espèce de voile s’arrête à la hauteur
des épaules, et produit un effet fort agréable : il est quelquefois brodé en or
sur les lisières. . , .
L a chaussure n’est pas moins compliquée que les autres parties de l’habillement:
elle se compose d’abord du viest, espèce de. bas en maroquin, qui enveloppe tout
le pied; ensuite du babouch et du sarmeh, chaussures de maroquin dans lesquelles
on met le pied couvert du mest. En entrant dans un appartement garni de tapis,
on quitte le babouch et le sarmeh : la politesse le veut ainsi. Pour monter à cheval,
ou même pour faire des courses dans la ville, on chausse les khouff, espèce de
bottines en maroquin rouge ou jaune, qui sont communes aux hommes et aux
femmes.
Les hommes aiment encore a porter a leur ceinture un riche poignard garni
de pierreries : le luxe des IVtamlouks consiste dans la beauté de leurs pistolets
et de leurs cimeterres ; les bourgeois le mettent dans l’ambition de posséder des
pipes magnifiques. Toutes les castes aiment également à se couvrir les doigts
annulaires de bagues plus ou moins précieuses : les pierres de couleur passent
pour lés plus belles; on les monte en argent pour les hommes, et en or pour les
femmes.
Il est inutile de faire observer au lecteur que l’ajustement complet dont nous
venons de détailler toutes les pièces, est celui des grands ou des riches : le peuple
ne se donne pas autant de peine ; toute sa garde-robe se compose au plus de trois
ou quatre vêtemens qui ne se changent qu’à la dernière extrémité, c’est-à-dire,
lorsquils tombent en lambeaux ( i ). Les fe llâ li, hommes et femmes, vont presque
(1) « Les Égyptiens de toutes les classes », nous rapporta
"n de nos collègues, « sont naturellement très-portés au
**luxe, je me suis amusé à faire cette remarque dans la
“personne d’un de mes domestiques. Lorsqu’il entra à
“mon service,sa garde-robe valoità peine quarante sous;
*£est assez dire qu’il étoit presque nu. Outre ses gages,
¿ /W. T O M E I I , i.« partie.
»qui étoient fort raisonnables, et les profits qu’il retiroit
» des commissions que je lui faisois faire, il avoit encore
» l’adresse d’obtenir en secret des cadeaux et des récom-
» penses des personnes qui venoient s’adressera moi. Tout
» cela l’enrichit peu à peu, et au bout d’un an il devint
»un petit personnage. Mais sa métamorphose fut telle-
Gee