MÉMOIRE SUR LA VILLE D’A LE X A N D R IE .
nomma Aao/ochias, c est a dire, pointe du Lochias, et qui est désigné dans
sous Je nom de jambe j a i t i de main d'homme ( i ). En suivant à gauche, on voyoit
quartier des Palais, qui hordoit la mer. A la naissance du môle du Lochias étoit
petit port fermé, destiné seulement auxbâtimens des rois, c’est-à-dire, à la
royale. Strabon en place ensuite un autre situé en face d’une petite île nomme
Antirrhodos, qui avoit elle-même un petit port avec un palais. En poursuivan'
on trouvoit le théâtre; qui communiquoit au palais par une galerie que Polybe
appelle syrinx: cette galerie séparoit la palestre d’avec le manège. Après on voyoit
Posidium, ayant un temple consacré à Neptune, bâti sur une langue de terre J
s avançoit dans le port. Marc-Antoine y avoit fait jeter encore un autre môle
avancé en mer, à la tête duquel il avoit fait construire le palais qu’il
Timonium. Ensuite étoient le Cæsarium, le Sebasteum; le palais des Rois, en avant
duquel on avoit érigé deux obélisques (3); enfin l'Emporium et les ApostasesU),
L e reste du contour de ce port, qui étoit occupé par les édifices appartenant
aux arsenaux de la marine, setendoit jusqu'à l’Heptastadium.
59. Au-delà de cet Heptastade, on trouvoit le second port, qui portoit le non
SEunostus; quoiqu’infiniment plus spacieux que le premier, il étoit beaucoup
moins fréquenté. Il renfermoit un autre petit port que l’on nommoit Kièôloil
cest-à-dire, de 1 arche; il étoit muni de tout ce qui convient au service de la
marine , et recevoit les eaux du canal qui traversoit la ville en communiquant
au lac Mareotis. Un peu au-delà de ce canal se terminoit la ville, sous les mus
de laquelle commençoit immédiatement le faubourg de Necropolis.
Lintérieur du port dEunoste (5) jouissoit d’un calme constant; sa profonde»
permettoit aux plus gros bâtimens d’approcher des quais ; des récifs qui formoieJ
des brisans, en défendoient l’accès du côté du large.
60. C ’est des ruines d’Héliopolis, de Memphis et de Thèbes, que fut bâtie Alexan-
drie sous le règne de PtoJémée-PhiladeJphe; elle s’embellit de leurs colonnes etde
leurs obélisques, qu’on y transporta à grands frais. L ’intérieur de la ville étoit percé
par des rues dirigées de manière à recevoir la fraîcheur des vents étésiens (6),
-c’est-à-dire, du nord au sud, et du nord-nord-ouest au sud-sud-est. Les chars poil
voient y circuler librement; deux grandes rues, larges d’un plèthre, ou cent pieds
env iron , se coupant à angles droits dans leur milieu, traversoient toute la ville J
sa longueur et dans sa largeur. La plus grande avoit, au rapport de Strabon, trente
stades depuis son origine à la porte de Canope jusqu’à son extrémité occidentale!
la porte de Necropolis. Josèphe donne la même dimension. Diodore lui donne quarante
stades; mais c est sans doute en y comprenant le prolongement de cetteraême
rue dans le faubourg oriental. L ’autre grande rue, qui traversoit la ville dansa
( 0 Joseph. De bello Judaicot lib. v.
(2 ) Polyb. Excerpt, lib. X V .
(3) Duo obel’isci sunt Alexandria: in poriu, ad Ceesaris'
iemplum. ( Plin. Hist. nat. lib. X X X V I , cap. I X . )
(4) Apostases qua: dicuntur, quasi abscessus. Bonamy
pense que le mot apostases répond au statio des Latins.
{Hist, de Vacad, des inscr. tom. IX , page 424.)
(5) La dénomination d’Eunostus portas, c’est-à-dire,
le port de bon retour, convient toujours parfaitement bits
au port vieux d’Alexandrie, dont l’entrée est assez facile
parles vents du nord, de l’ouest et du nord-ouest, q
régnent le plus habituellement, mais dont la sortie,pjf
cette meme raison, est assez difficile, puisque ces mêmes
vents sont directement contraires.
l a r g e u r , avoit sept à huit stades detendue, prenant des ports du fleuve dans le
Mareotis, et se terminoit aux bâtimens de l’arsenal de la marine dans le grand port
Au point d intersection des deux grandes rues, c’e st-à-dire, vers le centre dé
la ville, on remarquoit une grande place qui la partageoit en quatre parties ou
quartiers,,Mais Plulon, contemporain de Strabon ( , ) , dit que de son temps
Alexandrie etoit divisée en cinq quai-tiers, qui portaient le nom des cinq premières
lettres de lalphabet Grec. Les Juifs avoient donné leur nom à deux de ces
quartiers, où iis avoient leurs habitations particulières (2). Josèphe dit que les Juifs
habitoient une partie du quartier des Palais, sur les bords de la mer. On donnoit
encore dautres noms à ces quartiers, dont les plus anciens et les plus Considérables
étoient celui des Palais ou de Bruchion, et celui de Rhacotis ou du Serapéum.
61. Le quartier de Bruchion comprenoit tout l’espace entre le port et la
côte à l’est du Lochias jusqu’à la.porte de Canope; il renfermoit les palais les
deux petits ports, celui des Rois et le second de la petite île Antirrhodos le
théâtre avec sa galerie , le Posidium, le Timonium, le Cæsarium, la Palestre le
Manège ou M oudras; le Musée, le Gymnase, qui étoit un vaste monument o’rné
de portiques et de colonnades sur plus d’un stade de longueur : destiné seulement
a l etude des sciences, cet édifice tenoit au palais des Rois et s’étendoit
jusqu a la porte de Canope. On y voyoit la fameuse bibliothèque dont Ptolémée-
Soter, ou Ptolémée-Philadelphe, son fils, furent les fondateurs (3 ) , ainsi que
dautres temples avec des bois sacrés. C e quartier, dans lequel Jules-Çésar se
défendit contre les forces des Ptolémées et des Alexandrins, fut fortifié depuis
dune enceinte particulière, qui le sépara du reste de la ville et en fit une
espece de citadelle : il soutint un autre siège sous l’empire de Claude II, l’an 270
de J. C., et fut presque entièrement détruit quelques années après sous celui
dAurelien,^ en 275. S. Jérôme dit qu’il étoit de son temps, vers l’an 4 2 a
de J. C. séparé de la ville, et qu’il servoit d’asile à quelques solitaires (4 ) : il
etoit absolument désert un siècle après, du temps de S. Épiphane.
62. Le quartier de Rhacotis renfermoit le temple de Sérapis, reconstruit par
oemee fils de Lagus, dans l’emplacement d’un petit temple consacré à Sérapis
et a sis (y). Ce temple, dit Sozomène (6), étoit situé sur une petite éminence
1 orient du canal. Rufin ( 7 ), qui Je visita quelques années avant que Théophile
patriarche d Alexandrie, le fît entièrement détruire, en 390 de notre ère, dit
(0 Plulon, écrivain Juif, vlvoit à Alexandrie de 3oà
40 ans de J. C. Voy. De belle Alex, m Flaccum, p. 753.
. R) Josephe, écrivain Juif, vivoità Alexandrie de 60 à
7! ans de J; C. Voy. le traité contra Aphn.Kb. 11, cap. 11.
PKI j i ’ blbil0'l'ùque formée par les soins-de Ptolémée-
pniladelphe, et augmentée par ses successeurs, possédoit
quatre cent mille volumes. Elle fut brûlée en grande partie
ns e siege d'Alexandrie par Jules-César, l'an 706 de
ome, quarante-sept ans avant J. C. Le feu des vais-
p " r ta,,° r dans le Srand port gagna le quartier des
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ne s^Pare pas ici le Musée d’avec le Gymnase,
£ M. TOM E I I , 2« partie.
dont on n a fait qu’un seul édifice, quoique Strabon
semble i en détacher et en faire un monument particulier.
(4) Amm. Marcell. lib. n.
(î) Tacit. Hist. Iib. i v , cap. l x x x j v . -
(6) Sozom. Iib. V> cap. n i ; Iib. v u , cap. x v ,
(7) Rufin dit que Théophile, dans le dessein de renverser
l’idolâtrie dans toute l’Egypte, obtint, l’an 3 9 0 'de
J. C ., de l’empereur Théodose un édit qui lui permettoit
de détruire tous les temples Égyptiens, Histi lib. n ,
cap. LX X X I I I . Histoire du Bas-Empire, tom. V ,iiv . X X IV .
D après un ordre de l’empereur Constantin,. le patriarche
d’Alexandrie avoit fait enlever, en 328 de J. C .,
la statue de Sérapis, avec la. mesure-qui servoit à observer
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