imité par les grands de sa cour ( i ). Enfin Qansouh el-Ghoury, sultan en 906 [ 1500]
fit ajouter à cette mosquée un minaret qui est admiré pour la hardiesse de son
architecture ( 2 ). L a mosquée el-Azhar fut aussi réparée par un gouverneur
T urk en 1004 [ 1595]. C e vaste bâtiment renferme des quartiers d’habitation
pour des étrangers appartenant à une multitude de nations différentes, et qui
viennent pour s’instruire au Kaire, notamment des Persans, des Syriens, des
Kourdes, des Arabes de l’Hegâz et de l’Yémen, des indiens, des Africains
occidentaux, & c ., sans parler des habitans des diverses provinces de la haute et de
la basse Egypte. Les aveugles y occupent un quartier séparé.
La grande mosquée el-Hakim est l’ouvrage du sultan Fatimite Abou el-Mansour
surnommé el-Hakim Bi-amr-Allah. Au temps de l’auteur du manuscrit, elle s’ap-
peloitplus communément Gâma’ Ennoreh [lamosquée lumineuse] (3 ) ; cependant
quand je demandois le nom de cet édifice en l’an 1800, on me répondoit el-Hakim
Elle est très-ruinée, et abandonnée depuis trente à quarante ans ; cependant les
piliers et quelques arcades subsistent encore, ainsi que les minarets. Elle forme à
peu près un carré de 4J mètres de côté (4 ) , ayant quinze piliers dans un sens
sur seize dans lautre: l’époque de sa fondation est entre les années 386 et 4n
[996 et 1020 ]. Ce grand édifice fut renversé par un tremblement de terre; le
sultan Beybars, vers l’an 70 7 [ 1 5 0 7 ] , le fit relever.
Je passerai rapidement en revue les autres édifices religieux, en suivant l’ordre
chronologique de leur construction. L e sultan Ebn A ’iy el-Mansour, qui mourut
assassiné à l’île de Roudah, fit construire entre les années 495 et 524 [1101
à 1 12 9 ] la mosquée el-Aejmar (y) dans le quartier el-Sebâtyeh. La mosquée el-
Faka’âny, située non loin de Bâb el-Zoueyleh ( 6 ) , date du règne d’Jsma’yl, I
surnommé el-Dafir A'âda-Allali, de y4y à 549 [ 1 1 5 0 à 1 1 5 4 ] ; ce prince mourut I
aussi assassiné. L a mosquée qu’on trouve en sortant de Bâb el-Zoueyleh (sans I
doute Gâma’ el-Sâleh) (7 ) , est l’ouvrage de Melik el-Nalih, fils de Rezik, ministre
ou plutôt véritable souverain sous Y sa , mort en y y y [ 1 16 0 ] . Sous ce vizir, I
quoique poëte lui-même,les poètes, les littérateurs, furentavilis, les sciences etla
vertu méprisées. Il bâtit le mausolée de H o ç e yn , èt il périt aussi de mort vio- I
lente en y y 6. L e fameux Salâh el-dyn Yousef, premier des sultans Ayoubites, I
et si connu sous le nom de Saladin, fit bâtir en y 69 [ 1 1 7 3 ] le collège appelé I
Medreçet el-Salihyeh, situé près du mausolée de l’imâm Châfe’y ( 8 ). Entre autres
édifices religieux, Saladin fit construire aussi en y 66 [ 1 1 7 0 ] le couvent de I
derviches, Khanqat Sayd el-Saâda, qu’avoit habité le prince Fatimite de ce nom; I
j’aurai occasion de revenir sur ses autres ouvrages. L a date de la mosquée el- I
Kamilyeh (9 ) , nommée ainsi du sultan el-Melik el-Kamil, qui 1 eleva et y fonda
un collège , est de 621 [ 1 2 2 4 ] . Negm el-dyn Ayoub, le même qui mourut à I
(1 ) Manuscrit arabe cite plus haut. Iunne 6 duplan,aun.® 3i6qu’on trouve dans cecarreau. j
(2) Ibid, (6) \oyez planche 2d(n,® 274, L-6).
(3) Ibid. ( 7 ) Ibidem ( n.® 2.^3, jM-6).
(4) Voyez planchezp,jig. 1, aplancheag. (8) Planche 26, È. M. vol. I ( Z-6).
(5) Planche 26, E. M . vol. I ( n.® 316, G-6), c’est- ( 9 ) PI. 26, È . M. vol. 1 ( n.® 280, H-6). La liste des
à-dire, dans le carreau forme par ta bande G et la co- noms du Kaire porte à tort, je crois, le nom de Kamlyeh. 1
Mansourah I
Mansourah de la main des croisés, fit bâtir en 639 [ 1241 ] deux collèges situés
entre les deux palais [ciQjisriyn j . L e pont de la digue sur le canal du Kaire, Qantarat
el-Sadd, fut construit par ses soins, ainsi que la forteresse de l’île de Roudah; son
mausolée fut bati auprès des collèges précités. Le premier sultan de la dynastie
desMamlouks, A ’zz el-dyn Ibek, surnommé el-Melik el-Mo’ezz (6y2 à 6 y8 )
[i2 y4 à I2 y9 ],é le va le collège de son nom, Medreçet el-Mo’e z z , dans le quartier
Ralibet el-Hinna (1 ). En 662 [ 126 3], Beybars, sultan mamlouk, surnommé el-
Melik el-Zâher Rokn el-Douniaou el-Dyn ( 2 ) , construisit le collège qui est en face
duMouristân, e t, trois ans après, il éleva la grande mosquée du quartier el-Hasa-
nyeh ( 3 ) et d’autres constructions (4). On doit au sultan Qalaoun, surnommé
el-Melik el-Mansour, en outre du collège appelé el-Mansouryeh (y) (cette mosquée
date de 1 an 681 ou 1282 ), un des édifices du Kaire les plus remarquables, le grand
hôpital appelé Mouristân (6). Les pauvres habitans n’y étoient pas seuls admis;
le paragraphe suivant renferme des détails sur cette intéressante institution (7).
Un autre sultan de la première dynastie des Mamlouks, Rokn el-dyn Beybars,
second du nom, fit bâtir la mosquée et le collège de ce nom, situés dans Derb
el-Àsfar, à gauche en entrant par Bâb el-Nasr (8). Mohammed fils de Qalaoun,
surnommé el-Melik el-Nasr, celui qui ordonna que les Chrétiens et les Juifs fussent
distingués par la couleur du turban, et qui régna quarante-quatre ans en trois fois
(c’est-à-dire, plus qu’aucun autre sultan d’Égypte), fit bâtir à la citadelle, en 7 18
[1318], la belle mosquée qui porté aussi le nom de Soultân Qalaoun (9), et le
collège qui est situé entre les deux palais (10 ). Beaucoup d’autres travaux attestent
sa magnificence : il avoit eu le dessein de détourner le cours du Nil, et de le faire
passer sous les murs de la citadelle ; le devis de la dépense f u t . évalué à trois
khazneh; mais on ne répondoit pas du succès, et l’on renonça avec raison à cette
folle entreprise. Sous le règne de ce prince, le Kaire s’agrandit de moitié.
La double mosquée appelée Cheykhoun du nom de son fondateur, située à
droite et a gauche de la rue qui monte de Gâma’ Touloun à la citadelle ( 1 1 ) , du
temps de Hasan Melik el-Nasr, date de 7 y y [ 13 y 4 ] ; c’est le même prince qui
fonda la grande mosquée de Hasan décrite précédemment : la mosquée- qui est
située sur la droite de la rue en montant, a 24 mètres environ sur 20 ( 12) ; le
couvent des derviches du nom de Cheykhoun est de l’an 7 y 7 .
(1) Peut-être Sckket el.Rakhabeh.p/.atf, Ê.M.vol.1 (8) Ibid. (n.» 294, G-y.) II y a une autre mosquée de
(n.° 202, M-jj. La mosquée appelée el-Mâz, dont le ce nom, n.®373,L-7 : elle est peut-être du temps dusecond
nom se rapproché du précédent, est éloignée de ce quar- Beybars, de l’an 698 (1298 ). V. le manuscrit ci-dessus.
tier (voyej 0 .-85, R-7 ). (9) Ibid.(n.° 54, T-3..)
(2) Selon le manuscrit ci-dessus. ( t ° ) L’auteur cité semble répéter ici une indication
U ) Peut-etre la mosquée qui existe au n.® 34b, A-5. précédente. ( V. ci-dessus les ouvrages de Negm el-Dyn.)
L’auteur Arabe ou son traducteur a écrit el-Homseinyeh y ( u ) Voyez planche 2.6, É. M.vol.I{ n.° 121, U-7 );
mais je pense qu’il faut lire Hasanyeh, nom de la grande voyez aussi laplanche 27, fg. 4.
rue du Nord, qui traverse le faubourg et mène à la (12) Ma présence dans cette mosquée causa un grand
porte du même nom. scandale, et le cheykh eut beaucoup de peine à me pro-
(4) Koyeg page 667, note 6. téger contre la population nombreuse de ce quartier, qui
(5) Planche 26, É. M. vol. 1 ( n.® 275, H-6 ); c’est la murmuroit de plus en plus et menaçoit de me faire un
mosquée de Soultân Qalaoun, auprès du Mouristân. mauvais parti. II disoit, pour prendre ma défense : « Ne
(6). Planche 26, È. M. vol. / (n.® 52, H-6). ^ »faites point de mal à ce Français, il est bon ; il n’y a
(7) Voyez pag. 673 et suiv. ’ » que sa chaussure.... ; il l’ôtera une autre fois. »
F. Ai. TOME II, a.® parue. Qqqq