
CHAPITRE m
Réunion, au Dépôt général de la guerre, de tous les Levés, Reconnaissances
et Matériaux recueillis sur l’Égypte et la Syrie
pendant l’Expédition ; Moyens employés pour construire la Carte
et pour la graver.
L e directeur des ingénieurs-géographes, en sortant de la quarantaine de
Marseille, reçut 1 ordre du che f de l’état-major général de l’armée d’Orient, et
du général chargé de veiller au débarquement, de se rendre à Paris, et de
remettre au dépôt général de la guerre toutes les cartes, plans, reconnois-
sances et autres objets relatifs au bureau topographique. Il arriva dans cette
capitale le 16 janvier 1802 ; et, le 30 du même mois, la remise fut faite à
M. le général Andréossy, alors directeur du dépôt de la guerre. Il lui présenta
en même temps un mémoire sur les moyens à prendre pour parvenir à construire
une carte de l’Égypte : dans ce mémoire, il indiquoitles échelles à adopter,
les personnes qui pouvoient coopérer à ce travail, et les matériaux qu’il con-
venoit de se procurer ; il demandoit aussi une personne versée dans la langue
Arabe et qui eût fait les campagnes de i’Égypte, pour écrire correctement les
noms, à l’aide d’une nomenclature qu’il s’étoit procurée ; et il proposoit en
même temps de faire un atlas particulier des principales villes de l’Égypte et de
la Syrie dont on avoit levé les plans.
Si toute cette contrée eût été levée à l’échelle d’un mètre pour 4° ° ° o ,
comme on en avoit le projet, on eût pu construire la carte à cette échelle, ou
à celle d’un mètre pour 50000 mètres : mais il n’y avoit guère que les deux
tiers du pays ainsi levés; tout le reste ne l’étoit qu’à 1 ligne pour 100 toises,
qui équivaut à un mètre pour 86400 ; et quelques parties même étoient à
des échelles encore plus petites. On s’arrêta donc, pour la carte, à.celle d’un
mètre pour 100000, qui correspond à celle d’une ligne pour 1 15 toises 4 pieds
5 pouces 4 lignes. Cette échelle, bien suffisante sans doute pour l’Égypte, pou-
voit comporter tous les détails que le pays renferme : elle fut adoptée, de même
qu’une autre sous-décuple, pour la carte géographique et pour la carte ancienne.
M. Jacotin fut chargé de leur construction, et mit aussitôt tous ses collaborateurs
en activité. D ’après les renseignemens qu’il donna, le directeur du dépôt de la
guerre écrivit à MM. les généraux, aux chefs de service, et à toutes les personnes
qui s’étoient occupées de cartes ou de reconnoissances pendant leur séjour en
Ëgypte, pour leur demander communication des matériaux qu’ils avoient recueillis.
M. Legentil, alors capitaine du génie, qui a si puissamment coopéré aux
levés de l’Égypte, reçut l’ordre du ministre de la guerre de se rendre à Paris,
pour y terminer ses travaux sur le lac Menzaleh, les environs de Damiette et
la haute Egypte.
L e 18 février 1802, le ministre de l’intérieur, M. Chaptal, réunit chez lui
les membres de l’Institut d’Égypte, pour nommer une première commission à
l’effet de présenter un projet de travail sur la description de cette contrée. Cette
commission étoit composée de MM. Monge, Berthollet, Fourier, Costaz, Des-
genettes et Conté.
Dans le courant de mars, le même ministre décida que les membres de
l’Institut d’Égypte et ceux de la Commission des sciences et arts remettroient
un état sommaire des matériaux et des dessins qu’ils se proposoient de faire
entrer dans la composition de l’ouvrage sur l’Égypte, dont la publication avoit
été ordonnée par l’arrêté des Consuls, du 17 février 1802. L a même invitation
fut faite aux personnes qui, sans être membres de la Commission, étoient connues
pour avoir fait des observations utiles en Égypte.
A u moyen de ces états particuliers, on devoit fournir un état général distribué
par ordre de matières, et classé sous les quatre chefs suivans :
1." G é o g r a ph ie . |h É t a t m o d e r n e .
2.0 A n t iq u i t é s . _ 4.“ H i s t o i r e n a t u r e l l e .
Malgré cet arrêté, le premier Consul décida que la carte ne feroit point partie
du grand ouvrage projeté.
M. le général Andréossy, de son côté, écrivit au ministre des relations extérieures
et au depot de la marine, pour demander en communication ce qu’ils
pouvoient posséder sur l’Égypte.
M. Delaporte, membre de la Commission d’Égypte et interprète pour les
langues Orientales, fut attache au dépôt de la guerre, pour traduire les noms
de la carte, les discuter et les écrire correctement, au moyen de la nomenclature
en arabe que Ion devoit a ses soins, et qui, pendant l’expédition d’Égypte,avoit
souvent été utile à la géographie.
On soccupoit avec activité des travaux de la carte; les ingénieurs terminoient
les dessins des matériaux qu ils avoient levés ; on prenoit des copies de tous
ceux qui étoient communiqués par les personnes instruites de l’armée. M. Nouet
avoit donné les points astronomiques extraits de son mémorial, lu à l’Institut
de France les 11 et 21 avril 1803, et remis au dépôt le 17 mai suivant. O n
les calculoit par distances à la méridienne et à la perpendiculaire, en prenant
la grande pyramide pour centre de ces deux coordonnées, afin d’y rapporter toutes
les feuilles dont la carte devoit se composer.
Sur ces entrefaites, M. le général Andréossy fut nommé ambassadeur à Londres,
le 2 juin 1802 ; il fut remplacé dans la direction du dépôt de la guerre par M. le’
général Sanson, qui, après la mort du général Caffarelli, avoit commandé le génie
militaire à 1 armée d Orient. Ce général entra en fonctions le 9 du même mois,
et ne fit qu accélérer 1 impulsion donnée par son prédécesseur.
A cette époque, on venoit de disposer, à l’échelle adoptée, les feuilles nécest
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