
T O U R N E U R S .
^ Les,tourneurs en bois, el-kharrâtyn, sont très-nombreux au Kaire, attendu qu’j|
n’est pas une seule fenêtre qui ne soit formée de pièces de bois tournées plus ou
moins artistement. Un grand nombre sont logés près de Cha’râouy: ces ouvriers
peuvent passer pour les plus adroits de la ville, et leur industrie pour une d«
plus avancées ( i ).
A r ts divers.
L a r t du cordier ayant été décrit (2 ) , je crois inutile d’y revenir; il en est de
même du pileur de tabac ( 3 ).
Les fabricans de chapelets en bois étranger [sebah] occupent l’okalt el-Sehahyieh;
on les fait en bois de Bezrebat (d e l’H egâz), en bois desandal, &c.
A u Kaire, la température est si élevée, qu’on ne peut travailler le suif que
pendant la nuit; la chandelle est beaucoup plus commune que la bougie, malgré
le bon marché de la cire; la bougie est fabriquée par des Chrétiens Coptes. Au
reste, on consomme infiniment moins de l’une et de l’autre qu’on ne brûle d’huile.
L e clinquant d o r occupe un certain nombre d’ouvriers (el-baragânyeli) ; ils en
préparent des feuilles et des filets d’or pour lesfellâh et pour la parure des femmes:
celles-ci les portent sur la tête.
Les cartonniers et fabricans de couvertures en carton occupent le Sanâtyeh.
Les fabricans d’encre, cl-habbâryn, occupent les environs d’el-Hasaneyn.
Si cet article n etoit pas uniquement consacré aux arts industriels, j’aurois dit j
quelques mots du peintre, du sculpteur, de l’architecte, et du graveur sur pierres
fines ou sur métaux; mais, outre que ce seroit sortir de mon sujet, le lecteur est I
suffisamment prévenu qu’il chercheroit en vain chez les artistes indigènes quelque I
étincelle de gout ou de véritable talent. L ’architecte n’est qu’un maçon qui travaille
sans plan et au hasard, sans tracer de projet, et sans autre précaution préa- 1
lable que des mesures prises grossièrement. L e peintre ne peut s’occuper que de I
I ornement, puisque l’imitation de la nature animée lui est interdite par sa religion.
II en est de même du sculpteur en pierres, en bois et en marbre, naqqar. Le gra- j
veur en pierres fines, naqqâch, est le seul dont les procédés méritent quelque j
attention : c’est de temps immémorial que cet art est pratiqué et cultivé avec j
succès sur les bords du Nil ; les Hébreux l’empruntèrent à leurs maîtres, et nous j
trouvons encore, parmi les débris de l’antique civilisation Égyptienne, des ouvrages ]
de cette nature qui ont servi de modèle aux Grecs eux-mêmes, non sans doute I
sous le rapport du style, mais sous celui du travail et de la perfection de l’exécution.
Aujourd’hui le lapidaire Égyptien ne grave guère que sur l’agate, la corna- j
line ou le lapis lazuli, et il ne grave que des fleurs, des ornemens ou des inscriptions; j
mais il le fait avec adresse et avec pureté.
( 0 Voyez planche x r , fig. 4., et l’explication parM. Delile.
(2) Voyez planche X V I , fig. 2 , Ans et M étiers, et l'explication.
(3 ) Voyezplanche X X v u , fig. 2 , et l’explication par M. Delile.
§. V I .
D u Commerce.
L e s produits de 1 industrie dont on vient de faire 1 énumération, ne font qu’une
petite partie des articles dont se compose le commerce du Kaire. Comme l’Égypte
est de tous les pays de l’Orient celui qui est le plus à la portée de l’Europe, son
commerce est aussi un des plus étendus de cette contrée ; il est même, à raison
de sa position entre deux continens, le seul qui les approvisionne en même temps
en marchandises d’Europe; encore, pour ce qui regarde l’Afrique, n’est-il que
l’ombre de ce quil pourroit être dans d’autres circonstances et avec un autre
gouvernement. L e commerce intérieur et le commerce extérieur comprennent
également les produits indigènes et les produits exotiques. L e Kaire distribue ses
produits en Égypte avec ceux de l’A sie et de l’A fr iq u e , et il exporte en Europe
l’excédant de sa'consommation ; de même il expédie les marchandises d’Europe aux
marchés d’Afrique et d’Asie. On peut donc classer les denrées qui sont l’objet du
commerce du Kaire en deux espèces: articles d’Orient en masse, et articles d’Europe.
On a publié, pour l’époque antérieure à l’expédition, des tableaux du commerce
de l’Égypte, où il est divisé d’une autre manière ; ici il seroit inutile d’entrer
dans des détails aussi étendus : je me bornerai à énumérer les okels, c’est-à-dire,
les magasins et dépôts de marchandises, les sotiq ou marchés, les jours où ils se
tiennent, et les khân ou bazars ( foires perpétuelles ) ; je mentionnerai les soukkân.
et les menzal, espèces d’auberges pour les commerçans, et je donnerai une liste
abrégée des articles de commerce du Kaire, divisés, comme les produits de l’iii
dustrie, en trois branches, i.° substances alimentaires et médicales, 1 ° objets qui
servent à vêtir, 3.° objets servant à divers usages économiques, et j’indiquerai quelquefois
le prix des marchandises. Beaucoup de produits du pays ont été omis à
dessein dans cette liste : c’est pour éviter un double emploi avec le paragraphe
précédent, qui sert nécessairement de complément à celui-ci.
m, SU B S T A N C E S A L IM EN TA IR E S .
M A R C H A N D I S E S D E l ’ É G Y P T E E T DE l ’ Ô R IE N T .
On compte dans le Kaire plusieurs grands marchés de blé, ainsi que de nombreux
okels ou ce grain est mis en vente ; le principal marché est près de
Qarâmeydân. L e blé dit du pays, qamh belady, ou blé rouge, qamh el-ahmar, se
vend 12 à 1 3 parâts ou médins le rob’, équivalent à 7 litres f ; le blé blanc se
vend 14. Les sacs contiennent ordinairement un ardeb, ou bien unardeb et demi:
lardeb est de 2h rob', et au Kaire il vaut 184 litres. L ’orge se vend 6 parâts le
rob’ , et les fèves, 7.