les compositions les plus agréables de la langue vulgaire, nous mettrons au pre
mier rang le maouâl, qui est le chant favori du beau sexe Égyptien, et dont |
genre répond assez à notre romance : le maouâl est toujours ou érotique ou élc
giaque; il a ordinairement pour sujet les douceurs de l’amour, les plaintes dut
amant trahi ou délaissé, le portrait de la beauté qu’on aime, le message d e deu
amans, et sür-tout les chagrins de l’absence. Ce petit poëme, étant chanté sur un™
langoureux et pathétique, favorise beaucoup le développement d’ùne b elle voir
c’est aussi une des plus douces récréations du harem. A mesure qu’il se fait J
maouâl nouveau, les a ’imeli et les alâtych le mettent bientôt en vogue ; dès-loj
il s’établit entre les dames Égyptiennes une espèce de concurrence à qui l’appreni
dra et le chantera plus tôt.
L e maouâl J j y ne consiste qu’en une seule strophe, composée de cinq veif
et souvent même de quatre. L a mesure de ces vers varie de huit à douze syllabes]
elle en a quelquefois quatorze. T ou s les vers d’un maouâl doivent avoir la mêml
rime et la même mesure, à l’exception du quatrième vers dans le maouâl de cinq]
et du troisième dans celui de quatre.
C e t avant-dernier vers est presque toujours sans rime, et son mètre est raremenl
le même que celui des autres vers de la strophe; si quelquefois on lui donneiJ
rime, ce n’est que dans les maouâl de quatre vers.
Il arrive souvent que le même mot sert de rime à tous les vers du maouâl; mai!
dans chacun d’eux il doit avoir une acception différente. Nous avons dans noj
poètes quelques exemples de ces rimes homonymes ; nous nous bornerons à cite]
ces deux vers de Boileau :
Prends-moi le b o n parti : laisse là tous tes livres.
C e n t francs au denier c in q , combien fon t-ils ! — V in g t livres*.
On sait que la langue Arabe renferme un grand nombre de ces analogies de soifl
et d’orthographe entre des mots qui diffèrent entièrement par le sens. Maisl
comme le jnaouâl est loin d’être assujetti à la régularité exigée dans la versificaB
tion de l’arabe littéral, les poëtes qui ne se piquent pas d’une extrême sévéritéB
coins, paxilli. Deux lettres dont la première est mue et
la seconde quiescente, forment une corde légère o-a-w
en voici des exemples : LS , V , J_s>. Quand les deux
lettres sont mues, et se séparent, par conséquent, en deux
syllabes, elles deviennent une corde pesante d-Ju (_>*-«•
exemples : c5U ,y> ■ Les coins sont aussi de deux espèces.
he coin joint gyâ? 0—ij est un groupe formé de deux
lettres mues suivies d’une lettre quiescente ; ex. : JJu , tau .
Le coin désuni jjjjJu o-ij est, au contraire, formé d’une
lettre quiescente entré deux lettres mues; ex. : o is , J l i .
Le dernier gaz du premier hémistiche est désigné sous
le nom de a'roud; et le .dernier ga^ du vers, sous
celui de t_>j^ darb. On appelle hachou, ou remplissage,
tous les autres ga^ du mètre.
On nomme aussi jo-*> sedr le premier ga^ du reni
et ft> v j f ebtedâ, le premier ga% du second hémistiche
Alors le mot y^- hachou ne désigne plus que les H j
du mètre qui ne sont ni le , ni le oj^,
, ni le IoJCjI .
D’après les diverses modifications que, sous les
de J l c et de les Arabes font subir à la mesure!
on compte, pour les seize bahr, trente-six o'roud eij
soixante-sept darb différens. La science de la p rt
Arabe consiste à les connoître et à les discerner des type®
primitifs : pour en exposer l’ensemble, il faudrait un traiief
complet, et les bornes d’une simple note m ’ in terdisenta
ici tout développement.
Cette note sur la poésie Arabe nous a été communi]^
par M. Agoub.
DES HABITANS MODERNES D E . l ’É CYPTE. 3 99
eInploient plusieurs fois pour rime le même mot pris dans la même acception. Cette
licence est regardée comme une infraction des règles.
Voici un exemple du maouâl de cinq vers :
T E X T E . P R O N O N C IA T IO N .
pl C.&J c—4----J j J i l>LLc JlÉj O ï— 1 E l-a h y n f clly toumannâh el-qalcyb oua d a’âh
cl J J i l C s - O y . (_ j F y maouqaf d -^ e l lh h a l li ri-aâchqyn oua d a’i h
<—<^3 Kam qolt lel-a’y n kouffÿ a n haouâh oua d a’âh
Kemen louh qalb qâsy lam yarham a ’âcheq
;J . ^“^9^ o * O u lâ y ek h â fm en anynohfy el-degd ouadou'âh.
T R A D U C T IO N .
L’objet plein d e charmes q u e mon coeur a tant souhaité e t q u ’il a demandé a v e c ard eu r , m’a laissé
dans la foule des amou reu x dédaignés. C om b ien d e fois n’a i- je pas dit : « O mes y e u x , renoncez à la
» tendresse de ce t ingra t ! son coeur insensible e t cru el n ’eut jamais pitié d’une amante ; il n e c ra in t n i
» s e s gémissemens, n i ses im p ré ca tion s , n i les larmes qu’elfe répand durant la lon gu eu r des nuits. »
Les vers suivans fournissent un exemple du maouâl de quatre vers ( i ) :
T E X T E . P R O N O N C I A T IO N .
Y a ghorbaty f y be lâd el-nâs ^alletny,
^ J O j J t L Y â kelmet el-nodl ckâletny oua hattctny,
¿ ¿ î j r ( j r A i - c l j y L Y â dama’ty ne^let a ’ià khaddy haraqetny,
«3) L Y â hasraty râhat refâqy oua khalletny.
T R A D U C T IO N .
Oh ! combien mon e x il sur les terres étrangères m’a humilié 1 C om b ien mon ame a été b ouleversée
parles paroles outrageantes! U n e larme a c o u lé sur ma jou e , e t e lle m’a b rûlé !... Re gre ts amers ! mes
compagnons se sont e n fu is , e t ils m’on t abandonné pou r toujours.
Les vers suivans ont été composés en l’honneur du Meqyâs de l’île de Rou-
dah; nous n’en donnerons que la traduction :
Admirez la beauté du M eq y â s e t fa r t a v e c leque l i l es t construit. II n’y a , de nos jo u r s , rien de
pareil à ce monument, e t les siècles à venir n’offriront rien qu’o n puisse fui comparer. C ’est un architecte
éclairé, ing énieu x e t sa van t, q ui l’a é le v é . II y fa it paroître toute la perfec tion d e son a r t ; l’a rtiste
le plus habile feroit de vains efforts pou r en imiter la beauté.
Cest el-Mâmoun qui a je té les fondemens d e ce t é d if ic e ; mais il est mort avant d e le termine r,
et Motaouakel a achevé l’entreprise. D è s c e m om en t, le M eq y â s a été utile e t le sera dans tou s les
sa colonne a v in g t-un e coudées ; dès que l’eau a atteint la s e iz ièm e , les campagne s sont inondées.
(>} Le texte et la traduction de ce. maouâl nous ont été communiqués par M. Agoub.
L M. T O M E I I , a.« partie. Eueè s